Symboles funéraires, abréviations, imageries de nos cimetières de C à D

Le symbolisme funéraire peut être révélateur de la personnalité du défunt ou des conditions de sa mort. La "lecture" du symbole peut déterminer la tranche d’âge lors du décès, le sexe, l’état civil, le métier, les options philosophiques et politiques... Toutefois, une mise en garde est nécessaire; le symbole se lit mais n’est point une grammaire aux règle intangibles; les exceptions sont légion. De C à D.

 

Le caducée
Le caducée est une baguette verticale, munie ou non de deux ailes, autour de laquelle s'enroulent deux serpents. Il est l'emblème d'Hermès, le dieu du Commerce. Il symbolise les sciences médicales, la transformation du poison le rendant médicament, principe du mort et de vie.

Le calice et l'hostie
La présence du calice et de l'hostie, souvent rayonnante, sur une stèle funéraire signifie très régulièrement que le passant se trouve aux abords de la sépulture d'un prêtre, seule personne habilitée à fractionner le pain et à boire le vin lors de l'office divin. Le vin évoque le sang du Christ et l'hostie son corps. Lors de la Scène, le Christ aurait dit "Prenez et mangez car ceci est mon corps."
Le vin et le pain azyme sont deux productions attachées à la mort et à la naissance.
En effet, il faut couper la grappe de raisin et l'épi de blé pour les pétrir et donner naissance à un produit nouveau. L'une et l'autre sont liés à la maturité et dès lors, à l'annonce de la vieillesse et de la mort, mais ils contiennent tous deux la promesse d'une nouvelle vie.
La grappe de raisin et l'épi de blé sont une évocation simultanée de la mort et de la naissance ou de la renaissance.
L'hostie formée d'un cercle rappelle l'origine divine du Christ.

CAP
Abréviation signifiant "Concession à perpétuité".

Le casque
Le couvre-chef peut se suffire à lui-même pour être significatif de la vie, de la profession du défunt. Le casque militaire signalera la tombe d'un soldat mort au combat, du soldat décédé des suites des blessures, voire, plus simplement, de l'ancien combattant.
Le casque de pompier sera souvent présent sur la tombe de pompier de carrière ou du volontaire.
Le casque de motard singularisera la sépulture de l'amateur ou du professionnel.
D'autres métiers sont synthétisés dans le couvre-chef : la toque du juge ou du président de tribunal, la tiare de l'évêque, le casque du mineur,...

Le cercle
Le cercle, forme sans début ni fin, est une figure représentant la perfection, la roue du temps, l'éternité. Il peut aussi suggérer le ciel, le soleil et Dieu.

Le cercueil
La lame peut épouser la forme d'un cercueil cénotaphe, c'est-à-dire la représentation du cercueil, sans que celui-ci ne contienne un corps. Cette figuration est un rappel permanent de notre devenir.
Un certain nombre de cercueils cénotaphes sont "couverts" du drap funéraire (voir Le textile).

La chaîne brisée
La chaîne représente la vie. Si un maillon est cassé, elle symbolise la mort.
La chaîne brisée figure le plus souvent autour des mains unies ou alliance suggérant les liens qui reliaient le couple rompus par la mort.

Le chapelet
Certaines tombes sont ornées d'un chapelet contenant le plus souvent en son centre une croix. Il est une recommandation à la prière pour le repos de l'âme du défunt.

La chapelle funéraire
La chapelle funéraire est organisée comme l'édifice religieux avec, généralement, le chœur séparé de la nef par une marche et l'autel adossé au mur selon l'organisation spatiale de l'église avant le concile du Vatican II. Mais cette construction est dédiée au souvenir de la famille et, souvent, au "patriarche", et non pas au culte.

Le chardon
Le chardon est un symbole qui est souvent retrouvé sur les tombes et qui possède plusieurs significations. Avec ses épines, il peut évoquer les difficultés et les souffrances de la vie, qui sont mises à terme par la mort. Le chardon peut également être associé à la souffrance du Christ et des martyrs chrétiens, qui ont enduré des épreuves similaires à celles du chardon qui pique. Selon une légende médiévale, le chardon aurait été sanctifié par la Vierge Marie, qui aurait été piquée par ses épines en essayant de protéger son enfant Jésus. En raison de cette légende, le chardon est également associé à la Vierge Marie et à la maternité. Dans la culture celtique, le chardon est un symbole de protection et de guérison, et était utilisé pour soigner les maladies et les blessures. Dans l'ensemble, le chardon est un symbole complexe et polyvalent, qui peut évoquer la douleur et la souffrance, mais aussi la protection, la guérison et la sanctification. Sa présence sur les tombes peut rappeler aux vivants les épreuves que les défunts ont endurées dans leur vie, ainsi que leur foi et leur résilience face à l'adversité.

La chauve-souris
La chauve-souris est surtout présente par ses ailes entourant le sablier.
La chauve-souris se déplaçant dans la nuit, la nuit étant assimilée à la mort, le mammifère achemine l'âme-sablier vers son lieu de destination.
Variante: la chauve-souris seule (Denoyelle-Lanquest, au cimetière du Père Lachaise).

Le chêne
En Europe, le chêne est l'arbre par excellence. L'arbre de vie sera de ce fait généralement un chêne dans sa représentation occidentale.
Si le tronc est étêté, il est le symbole d'une mort précoce d'un jeune homme ou d'une jeune fille.
En Europe, la croix-arbre est souvent de l'essence du chêne, l'arbre par excellence de cette partie du monde. La robustesse de son bois, lui prête des qualités de force, d'immortalité.
À la base de la croix, un rejet peut pousser, comportant les glands du renouveau, la promesse du printemps.

Le chien
Le chien peut être représenté couché, somnolant sur un coussin. Il évoque la fidélité.
Sur des tombes récentes, le marbrier peut graver l'image du réel compagnon du défunt. Des plaques déposées comportent un message du chien à son maître.

La chouette
Oiseau qui se déplace durant la nuit, la mort. Signe de morts, pour certaines personnes superstitieuses.

Le chrysanthème
Par sa floraison tardive, le chrysanthème est la fleur par excellence déposée sur la tombe lors de la Fête des morts. Elle est d'une introduction trop récente en Europe pour déjà être fortement représentée sur les sépultures.

La cloche
Une cloche peut orner le tombeau d'un fondeur ou d'un monteur de cloches, d'un carillonneur.

La clôture
Le bornage ou l'installation d'une clôture végétale, en pierre, en fer forgé... était une obligation légale. Cette imposition correspond à la notion ancestrale de séparation de l'espace sacré du monde profane.
Dans la Bible, Dieux dit à Moïse, lors de l'Exode : "Tu fixeras au peuple une limite à l'entoure (de la montagne du Sinaï), en leur disant : Gardez-vous de monter le bord, quiconque touchera la montagne sera mis à mort."

Le cœur
Le cœur représente la charité dans les valeurs théologales. Il est, alors, souvent accompagné de l'ancre (l'espoir) et de la croix (la foi). Le cœur sera surmonté d'une flamme et entouré de la couronne d'épine du Christ, dans ce sens.
Un cœur peut être sculpté dans le monument ou être déposé afin d'évoquer l'amour pour le défunt ; c'est plus souvent le cas pour de jeunes personnes décédées.
Le cœur transpercé d'une ou de sept épées représente le cœur de Marie. Il évoque, dans le deuxième cas, Notre-Dame des Sept Douleurs.

La colombe
La colombe - oiseau au plumage blanc de la pureté - est messagère de Dieu. Elle est surtout présente par ses ailes entourant le sablier. Celui-ci peut figurer l'âme que la colombe achemine au ciel.
La colombe peut aussi représenter le Saint-Esprit. Accrochée en dessous de la croix huguenote, elle est indicatrice de la sépulture d'un membre de la Communauté protestante.
L'oiseau - exécuteur de la volonté de Dieu - peut briser de son bec la tige d'une fleur de lis, sur la tombe d'une enfant) (voir Le Lys).
Le volatile peut aussi traduire la passion du défunt pour la colombophilie. Dans ce cas, il peut voisiner avec un constateur, l'appareil de mesure du temps lors des concours colombophiles.

La colonne brisée
La colonne est la vie et constitue une forme particulière de l'arbre de vie, trait d'union entre la terre et le ciel.
Brisée, elle évoque la mort prématurée d'un jeune homme ou d'un homme en pleine force de l'âge (généralement entre 16 et 40 ans) et, plus rarement, la mort prématurée d'une jeune femme; en effet, la colonne évoque aussi le phallus et l'érection.
Certaines tombes sont surmontées de la colonne brisée avec le chapiteau reposant volontairement auprès du socle.
Des plaques scellées sur des tombes représentent un éclair venant briser la colonne. L'éclair signifie la volonté divine de mettre un terme à la vie.
La colonne brisée fait partie de la symbolique chère aux libres penseurs du XIXe ou du début du XXe siècle, sans qu'on puisse parler d'automatisme, comme toujours avec les symboles. C'est ainsi que, par ailleurs, le passant pourra découvrir une colonne brisée ornée d'une croix et d'une palme.
Des monuments aux morts ou des tombes de soldats des deux guerres mondiales peuvent épouser logiquement la forme de la colonne brisée.

La colonne tronquée
La colonne tronquée surmonte généralement la sépulture d'un homme décédé entre 20 et 40 ans. Elle est l'équivalent de la colonne brisée, de l'obélisque et de l'obélisque tronqué.

La colonnette
La colonnette, cassée en son sommet ou pas, est déposée sur la sépulture de l'enfant.
Une colombe peut reposer sur le plus haut tambour.

Le compas et l'équerre
Le compas et l'équerre singularisent la sépulture du tailleur de pierre, du marbrier, du sculpteur, du maître de carrière, de l'entrepreneur de travaux, de l'architecte... Ces instruments de mesure sont souvent accompagnés d'outils plus spécifiques : maillet - ciseau - pointe - boucharde - plans - autres instruments de mesure (mètre, étalon…)
Sur la bombe de l'instituteur ou du professeur, le compas appartient à une panoplie d'instruments pédagogiques (globe terrestre, encrier, latte…). Il représente la géométrie.
Sur la tombe des francs-maçons, le compas et l'équerre deviennent les instruments purement symboliques de la construction du "temple de l'humanité", selon une expression commune à cette société et au compagnonnage. Ils peuvent avoisiner une étoile à cinq branches avec la lettre G, au centre.

La coupe, le pilon et le serpent
La coupe, le pilon et le serpent peuvent surmonter la sépulture du pharmacien, du médecin... Il s'agit d'une variante du bâton d'Esculape.

La couronne mortuaire
La couronne est symbole d'éternité par le cercle qu'elle épouse, forme sans début ni fin.
Elle peut être constituée de tiges de pavot (sommeil éternel), de laurier ou de chêne (gloire), de lierre (éternité et attachement), d'immortelles (immortalité), de pensées (souvenir, libre pensée), de roses (amour), de fleurs variées…
La couronne végétale est souvent, à la fois mort et promesse de naissance, par le fait que la tige a été arrachée ou coupée, mais qu'elle comporte fruits ou fleurs.
La couronne mortuaire peut symboliser l'élection paradisiaque, la promesse de la vie éternelle et la couronne du Christ.

Le coussin
Le coussin est présent comme support à d'autres symboles, les mains unies, la croix, le cœur, mais aussi à la figuration d'objets réels tels que des médailles commémoratives, par exemple.
Le coussin est un attribut du sommeil et par la même du sommeil éternel, de la mort. Il vient compléter la symbolique du lit.

Le crâne et les os allongés
Le crâne et les os allongés sont l'image réaliste de ce qui restera du corps.
Cette représentation a longtemps symbolisé la mort; ainsi sur les dalles funéraires des églises anciennes. Au XIXe et, surtout, au XXe siècle, ce symbole a été largement supplanté par la croix. Le crâne et les os allongés étaient les éléments de la dépouille qui, généralement, constituaient les ossuaires, constructions correspondant à la préoccupation de la Résurrection.
Si le crâne et les os figurent au centre d'un triangle, ils sont les restes d'Adam, le triangle représentant le Golgotha dont l'étymologie signifie "crânes". Le Christ y ayant été crucifié pour racheter la première faute d'Adam, le cycle est en quelque sorte achevé.
Des croix ravivent la représentation du Moyen-Âge où elle voisine avec un crâne, celui d'Adam, dont le Christ était venu racheter la faute originelle.
Si les os allongés sont identifiés comme les tibias, ils suggèrent la terre, en opposition au crâne, l'organe le plus proche du ciel.
Variante: le crâne aux ailes de chauves-souris (Robentson, Père Lachaise).

La croix
La croix est un symbole bien antérieur à l'époque du Christ et des traces ont été découvertes en Extrême-Orient, Afrique, Europe… Elle est une forme particulière de l'arbre de vie. Comme lui, la croix plante sa base dans le sol et s'élance vers le ciel.
Elle est donc un lien entre la Terre, le monde des humains, et l'univers céleste, de Dieu, des dieux. La croix est constituée d'un montant et d'une traverse qui suggèrent les quatre points cardinaux et, ainsi, la notion d'universalité.
La croix représente la foi, dans les valeurs théologales, elle est alors accompagnée de l'ancre (l'espérance) et du cœur (la charité).
Voir Le crâne et les os allongés.

La croix bannière
La croix devenue hampe de bannière est appelée croix de la résurrection ; c'est celle que le Christ aurait tenue en main, sortant du tombeau après son ensevelissement. Cette représentation exprime La Résurrection et la victoire de la vie sur la mort.

La crosse
La crosse singularise la sépulture d'un évêque. Elle est alors régulièrement accompagnée de la mitre et de la croix.

Dieu
Dieu peut être représenté sous la forme d'un christ plus âgé, au centre d'un soleil et au milieu de volutes de nuages. Les bras tendus, paumes en avant. Il adopte une attitude d'accueil.

D.O.M
D.O.M. sont les premières lettres de Deo Optimo Maximo, au Dieu très bon et très grand.

Le dragon
Des dragons ornent des croix de fonte ou l'entrée de chapelles funéraires. Ils chassent les mauvais esprits ou préservent l'espace sacré de la construction par rapport au monde profane.
Blessé par la lance de Saint-Michel, il représente le mal vaincu.

Le drapeau
Le drapeau sera le plus souvent sur la sépulture d'un ancien combattant. Il peut être rehaussé des couleurs matinales. Il symbolise la Patrie.
Voir La croix bannière.

Le drapé
Voir Le textile

 

Jacky Legge









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