Conduire à gauche

Je ne suis pas un conducteur intrépide et j’aurais imaginé pouvoir passer ma vie sans devoir rouler à gauche. C’était oublier que le Royaume-Uni et l’Irlande ne sont pas les seuls pays à avoir cette étrange coutume. Ma quête de soleil m’a mené à Chypre et à Malte... et à me coltiner avec une conduite "inversée".


Si la première journée de conduite à Chypre n’a pas été un cauchemar, il n’en a pas été de même de la nuit qui a suivi. Pendant ce qui m’a semblé des heures et des heures, je me suis vu rouler de village en ville en empruntant la bande de gauche, changeant les vitesses de la main... gauche, cherchant désespérément à droite un frein à main dissimulé à gauche, déclenchant les essuie-glaces alors que je voulais jouer du clignoteur. Heureusement, le deuxième jour, la conduite fut plus facile. Encore qu’emprunter de petites routes sans la moindre barrière de protection et surplombant de profonds dénivellés incite naturellement à la prudence.

Fort de cette expérience, je n’hésitais pas à louer une voiture à Malte. Me rendre de l’aéroport à l’hôtel fut une expérience plus que difficile. Non seulement, je jouais difficilement des vitesses tombant sur la 3e lorsque je cherchais la 1re, la 4e lorsque j’optais pour la seconde mais j’avais quelques difficultés à “sentir” la largeur de la voiture. Résultat : mon épouse et co-pilote ne pouvait s’empêcher de pousser des cris d’effroi lorsque la voiture frôlait de trop près les murets le long de la route ou des voitures qui ont tendance à déborder de leur emplacement. C’est en calculant mal la distance qui me séparait de la haute bordure du trottoir qu’un enjoliveur me quitta !

Et puis, sur la route, rien de plus stressant que les indigènes qui vous collent à l’arrière-train et vous klaxonnent. Il vous faut en fait deux jours pour comprendre qu’ils ne vous en veulent pas particulièrement mais que le coup de klaxon annonce leur volonté de vous dépasser ou le dépassement en cours. Il est vrai que les Maltais n’ont pas la réputation d’être les plus aimables au volant. L’usage des clignotants semble restreint et les lignes blanches sont symboliques. L’état du réseau routier n’ajoute rien car les nids-de-poule et la tôle ondulée abondent. Par ailleurs, les indications routières sont très relatives. Et l’on se dit que l’Europe trouvera certainement là de quoi dépenser son bel argent ! Mais ces difficultés ne sont peut-être pas typiques des règles de conduite à gauche mais plutôt de tempéraments "méditerranéens" et "îliens".

Dans le sens horlogique

Conduire à gauche n’est pas difficile en soit. Comme on l’a dit, les difficultés viennent de la manipulation du levier de vitesses mais surtout de devoir constamment veiller à ne pas se laisser entraîner par ses habitudes. Ce qui pose souvent problème, c’est l’attitude à adopter dans les ronds-points : il faut surveiller les voitures qui viennent de votre droite et, même si vous faites tranquillement l’extérieur, pour ne pas rater la bonne sortie, vous devez particulièrement faire attention aux indigènes qui négligent les priorités ou vous dépasseront par la droite avant de vous couper la route pour sortir du rond-point.

Bref, la conduite à gauche, ça fatigue. L’exercice ne s’impose pas pour un court séjour. Et puis n’est-il pas plus simple de visiter en empruntant les bus officiels, en optant pour les propositions de circuits organisés ou, pourquoi pas, de louer une voiture... avec chauffeur.

Philippe Allard









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