Avions: surveillez les suppléments de prix!

Les prix d’avion sont bas, merveilleusement bas. Mais entre le prix affiché et le prix réel, il y a une marge. Une sérieuse marge. Autant être vigilant. L’affaire inquiète l’association de consommateurs Test-Achats.


Les compagnies aériennes jonglent en effet avec les prix alléchants, mais se taisent pudiquement quant aux nombreux suppléments qui doivent être payés en plus. Suppléments lié à la sécurité, suppléments carburant, suppléments pour paiement par carte de crédit, frais de dossier: les compagnies aériennes ne manquent pas d’imagination, mais aucune instance officielle ne contrôle quoi que ce soit.

Comme le réclame Test-Achats, il faut sans doute clarifier la situation quant à l’applicabilité de la loi sur les contrats de voyage aux compagnies aériennes qui agissent de plus en plus comme des tour opérateurs ou agents de voyages. Test-Achats demande également que les compagnies soient obligées d’afficher le prix total du billet d’avion afin que le consommateur soit correctement informé.

Les billets prennent leur envol

Le voyage en avion n’a jamais été aussi intéressant financièrement parlant. Au cours des 10 dernières années, le prix réel du billet a baissé de 33 %. Se déplacer en avion est même bon marché en comparaison avec le train ou le bus étant donné que le billet d’avion est exonéré de TVA.

Le prix d’un billet d’avion comprend 2 composantes : d’une part le tarif de base au moyen duquel on attire le consommateur, d’autre part un ensemble de suppléments (communément appelée "taksbox"). Si le premier a baissé sous l’effet de la libéralisation du transport aérien, le second par contre a décollé quasiment à la verticale.

Un cocktail de suppléments

Après les attentats de New York en septembre 2001, une série de suppléments liés à la sécurité sont venus s’ajouter à un ensemble qui, jusque là, ne comptait pratiquement que ce que l’on appelle les "taxes d’aéroport". Les autorités européennes ne s’y sont pas opposées, mais à la condition que ces mesures soient temporaires. Test-Achats constate que le temporaire est devenu définitif. Si frais structurels il y a, il serait logique qu’ils soient incorporés dans le prix du billet et pas dans les suppléments.
D’autre part, depuis 2004, le prix du carburant n’a cessé d’augmenter et on a vu apparaître les "suppléments carburant". Certaines compagnies aériennes ont ajouté et ajoutent toujours ce supplément aux autres. Toutefois, lorsque le prix du kérosène baisse, aucune compagnie ne répercute la baisse sur le prix du billet d’avion.

Et ce n’est toujours pas tout. Certaines compagnies ajoutent encore un supplément à la liste lorsque le prix du billet est payé par carte de crédit. La solution semble évidente : il suffit de payer cash ou par virement. Mais pour cela, il faudrait que les compagnies aériennes acceptent d’autres modes de paiement que... la carte de crédit ! Chez Ryanair par exemple, le supplément est de 2,50 euros par passager et par vol simple (aller ou retour).

On aurait aussi pu s’imaginer que la suppression toute récente de la commission que les compagnies aériennes payaient aux agences de voyage se soit traduite par une baisse du prix du billet. Il n’en a rien été. Les compagnies aériennes ont tout simplement empoché la différence. Pire même : elles portent de plus en plus souvent des frais de dossier en compte sous le prétexte de ne pas créer de distorsion de concurrence avec les agences de voyage qui les appliquent depuis belle lurette. Résultat des courses : les compagnies aériennes font d’une pierre deux coups et c’est le consommateur qui paie la note.

Un voile pudique sur les suppléments

Le fait est que les compagnies aériennes préfèrent afficher un prix de base écrasé sans donner la moindre information claire sur les suppléments de plus en plus nombreux et conséquents qui s’y ajoutent.

Test-Achats a ainsi trouvé sur le site internet de Wizzair, une compagnie “low cost” qui opère à Charleroi, un vol pour Budapest en date du 29 août prochain au prix très intéressant de 5,99 euros. Lorsque l’on pousse un peu plus loin ses investigations, on constate qu’à ce prix s’ajoutent 7 euros de "passenger service charge", 15 euros de "passenger facility charge" et 14 euros de supplément kérosène. Tout cela porte le prix effectif du billet à 41,99 euros, soit 7 fois le prix de départ de 5,99 euros qui, manifestement, ne sert qu’à attirer le consommateur.

SN Brussels Airlines offre pour le même jour et la même destination, mais au départ de Zaventem, un tarif promotionnel de 57 euros. En poussant plus loin, le consommateur constate qu’il faut ajouter à ce prix 31,36 euros de "taxes" (sans détail) et une "indemnité" de 10 euros. Bref, le billet revient en fait à 98,36 euros.

Robert Derumes

    







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