Tanger, résidence de charme à conquérir
Assise à l’embouchure du détroit de Gibraltar, à l’extrême nord-ouest du Maroc et du continent africain, Tanger est une métropole aux mille racines. Les civilisations se sont disputées son contrôle, du moins immiscées dans ses affaires depuis la nuit des temps. Aujourd’hui, forte de cet héritage et d’un vent de modernité, ce sont les touristes qui la prennent d’assaut.
Lorsque les rayons du soleil subliment les couleurs la kasbah, on comprend pourquoi Eugène Delacroix, Francis Bacon, Albert Marquée et tant d’autres grands noms de la peinture ont un jour souhaité y installer leur chevalet. Si à elle seule la blancheur de la chaux suffit à créer un décor hors du temps, les tonalités ocre, carmin, bleue océan et vert émeraude renforcent l’intérêt du visiteur pour les façades crénelées, les porches et les pas de maisons arrondis.
Le Mechouar, où se dresse l’ancien Palais de Justice, est la place principale de la kasbah, pas la plus jolie c’est certain, mais assurément la plus symbolique. Cernée de remparts, elle rappelle le temps où la ville du Détroit était une cité commerciale fortifiée. L’époque où, à l’image des autres ports de la Renaissance, elle ne donnait à voir aux gens de mer qu’une muraille défensive ornée de tours et de bastions.
La kasbah abrite entre autres trésors Dar el-Makhzen (le palais du Sultan), apprécié pour sa salle du trône, prisé pour sa coupole verte, sa cour et son somptueux ryad. Transformé en musée ethnographique depuis 1922, il est consacré à l’histoire du travail du bois, au textile, aux céramiques et aux découvertes archéologiques de la région.
Sous les palmiers.., Grand Socco
La visite de Tanger se poursuit en contrebas de la forteresse. Après avoir déjeuné dans la ville nouvelle, boulevard Pasteur par exemple, où les restaurants servent aussi bien couscous, tajines et poissons frits que la cuisine internationale ; après avoir contemplé l’esplanade dite "des paresseux", puis le patio de l’Hôtel El Minzah, vous amorcerez alors une descente aussi agréable qu’inexorable vers le Grand Socco (ou Souk Barra), l’artère la plus charismatique de Tanger.
Délimité par l’église britannique Saint-Andrew, la mosquée Sidi Bouabid et le cinéma Rif, ce forum est aussi appelé "Place du 9 Avril". C’est ici, ce jour de l’année 1947, que le Roi Mohammed V se prononça officiellement en faveur d’un Maroc indépendant.
Orné de palmiers, le Grand Socco est le principal accès à la médina. Franchissez à présent la porte blanche de Bab el Fahs puis Bab Fendak Zraa, rue d’Italie, et remontez le temps. Ouvrez les yeux, imprégnez vous des couleurs, des odeurs d’épices, de safran, d’olives et de maïs grillé, et laissez-vous aller dans l’entrelacs de ruelles qui s’offre à vous.
Médina, l’enchanteresse
Les vendeurs du Petit Socco (ou Souk Dakhel) hèlent tendrement le chaland et ne forcent pas la main. Raison de plus d’aller vers eux, de chiner l’introuvable, et de marchander. Autour des étals, le spectacle est permanent. La vie grouille véritablement, la perte de repère n’est plus qu’un heureux hasard.
Les chariots et les porteurs de sacs de farine se frayent un passage aux cris de Andek, andek, belek, belek (traduisez : chaud devant, écartez-vous), des femmes tendent des fils de soie d’un bout à l’autre d’une venelle tandis que le muezzin appelle bientôt à la prière. Les ambiances contrastent et les visages apportent autant de chaleur que le souffle du sirocco.
Une visite de la médina peut s’effectuer en 2 heures. Vous y croiserez peut-être Hicham l’herboriste, Mohammed, alias Simo, un trentenaire au visage d’ado qui vous guidera au pas de course de la rue Siaghine à la rue Melwyia, ou encore Rafik, le vendeur de babouches de Bab Jdida.
Premier rôle mérité
Humaine et accueillante, authentique et à la fois en perpétuelle modernisation, Tanger incarne la villégiature idéale pour se faire une idée du Maroc d’aujourd’hui. Ce n’est donc pas un hasard si, dans le cadre du plan gouvernemental intitulé "Vision 2010", qui promet 10 millions de visiteurs au Maroc en 2010, la ville bénéficie d’une promotion exceptionnelle, ciblée, visible. Si bien qu’à voir fleurir les projets touristiques de la belle et son omniprésence dans l’actualité, mon petit doigt me dit qu’elle pourrait très bientôt rivaliser avec
Finie l’étiquette "has been" des années 90, Tanger retrouve de fait peu à peu de sa superbe. Il y a tout d’abord ces deux projets pharaoniques. Le port de Tanger-Med, d’une part, inauguré l’an dernier, en cours d’extension, résolu à briguer le titre de première plateforme logistique aux portes de l’Europe. D’autre part, il y a ce phénomène côté rail, avec l’ouverture en 2013 de la première ligne TGV africaine, précisément entre Tanger et Casablanca, avant son prolongement jusqu’à Marrakech.
On retiendra au registre culturel la candidature (malheureuse) à l’Exposition Universelle de 2012, battue sur le fil par Shanghaï, et l’organisation par le Conseil Régional du Tourisme d’évènements désormais réputés tels que le Salon International du Livre (en mars), Tanjazz (en mai), ou Les nuits de la Méditerranée (en juillet).
Révolution touristique
La ville blanche ressent d’ores et déjà les conséquences de cette mise en avant. L’aéroport Ibn Batouta ne désemplit plus. 27 000 passagers enregistrés en mars dernier, contre 14 000 en mars 2007, soit près du double et 91% d’augmentation, un résultat que l’on qualifierait de soviétique s’il s’agissait d’une élection... Dans le même temps, le taux d’occupation des chambres fait un bond de 16 %, du jamais vu.
Le retour de Tanger au premier plan touristique ne fait aucun doute. Souhaitons juste que le littoral et l’authenticité de la région ne soit pas sacrifiés sur l’autel de la démesure. L’essor de la construction hôtelière est en effet sans précédent, pantagruélique. Le parc compte 7000 lits, l’objectif est de quintupler cette capacité d’accueil d’ici 2013. Dix-huit projets alternant établissements haut de gamme et résidences locatives sont à l’étude. Des complexes luxueux baptisés Lixus, Beach Paradise, Seaside Resort, Al Houara ou encore Tingis. Tout cela dans un rayon de 20 km autour de Tanger, depuis la façade atlantique jusqu’au cap de Malabata, à l’Est.
Idées de sorties…
Boire un thé à la menthe à Hafa
Quartier Marchan, à environ un kilomètre à l’ouest de la Kasbah. Ici, à flanc de falaise, se dresse le Café Hafa, une terrasse blanche centenaire quasi creusée dans la roche, dessinée en paliers, où les chats et les fleurs sauvages ont pris leurs marques depuis plusieurs générations. On n’y boit pas de kawa.., mais seulement du thé, uniquement du thé.
L’endroit invite à la réflexion, à la quiétude surtout. Son caractère brut, sa vue imprenable sur les côtes espagnoles et ses tables dépareillées en firent longtemps le lieu adulé des peintres, des écrivains et des stars du rock comme du septième Art. Il imprégna la plume de l’Américain Paul Bowles, enchanta les Beatles, les Rolling Stones, puis séduisit Sean Connery, le plus célèbre des James Bond.
Pratique : Quartier Marchan, à 500 mètres du stade municipal.
Escapade à Spartel... et chez Hercule
Il faut quitter la ville par l’ouest et une dizaine de kilomètres plus loin apparaît l’entrée des fameuses Grottes d’Hercule, là où, selon la légende, le colosse grec aurait trouvé le repos après avoir accompli ses 12 travaux. Par essence mythique, cette cavité souterraine est considérée comme le haut lieu touristique de la région, à l’égal du Cap Spartel. On resterait des heures à contempler le mouvement de ce cap et son illustre sémaphore. Fièrement accroché à la falaise, le phare jaune à forme carrée toise les éléments pour apporter aux marins le juste signal et le bon secours. Près de 150 ans que ce roc de pierre veille sur les navigateurs, scintillant la nuit toutes les 15 secondes pour marquer l’entrée du Détroit de Gibraltar, à la pointe nord-ouest du continent africain, là où l’Atlantique vient fusionner avec la Méditerranée. Le phare ne se visite pas, mais si vous êtes convaincant, Béchir et Mohamed Saïd, ses gardiens, vous mèneront volontiers jusqu’au sommet.
Conseil : Si vous prenez le taxi, un prix raisonnable pour cette escapade se situe entre 150 et 200 dirhams (15 à 20 euros) l’aller-retour.
Avant de partir…
A Bruxelles:
Office National Marocain du Tourisme (ONMT)
Avenue Louise 402
Tél. +32 (02) 646 63 20
A Paris:
Office National Marocain du Tourisme
161, rue Saint Honoré
Tél : +33 (01) 42 60 63 50
Consultez également le site web de l’ONMT :
Monnaie : Le dirham marocain (MAD) est en vigueur depuis 1958. Change : 1 dirham = 0,10 euro.
Utile sur place :
- Conseil Régional du Tourisme : www.visitetanger.com
- Consulat de Belgique : 41, boulevard Mohammed V
- Consulat de France : 2, place de France
Comment vous y rendre
La compagnie Royal Air Maroc dessert l’aéroport Ibn Batouta de Tanger depuis Bruxelles et Paris. Renseignements sur
Pour info, un trajet en taxi (blanc) aéroport-centre-ville ne doit pas excéder 150 Dirhams (15 euros).