Sur la route des vacances, Beaune
Si vous faites partie de cette majorité de Belges qui choisissent la France comme destination de vacances, vous êtes sans doute passé, en vous dirigeant vers le Sud, par Dijon et Lyon. Mais vous êtes-vous déjà arrêté à Beaune, au cur de la Bourgogne, pour y visiter les hospices ?
On parle des hospices de Beaune au pluriel, parce que depuis la fondation du premier hospice au XVe siècle, dautres hospices de la région se sont créés et ont formé un réseau. A lheure actuelle, un hôpital moderne à la périphérie de Beaune, deux maisons de retraite et le Centre Nicolas Rolin poursuivent la mission que le chancelier Rolin et les surs hospitalières amorcèrent au XVe siècle, à savoir laccueil et les soins aux plus démunis.
LHôtel-Dieu
Le bâtiment qui nous occupe est lHôtel-Dieu, érigé en 1443 par Nicolas Rolin, chancelier du Duc de Bourgogne Philippe le Bon, et par son épouse Guigone de Salins. La fondation des hospices répond au drame que vivent les habitants de Beaune, épuisés et ruinés par la guerre de Cent Ans. LHôtel-Dieu est connu pour ses célèbres toits polychromes en tuiles émaillées, formant des dessins géométriques et multicolores. Ils symbolisent à eux seuls la Bourgogne, même sils sont inspirés de larchitecture flamande et de lEurope centrale. Dans les magasins des environs, on trouve un couteau Laguiole marqueté à limage des toits. LHôtel-Dieu est aujourdhui un musée que lon visite quotidiennement. Le bâtiment qui se trouve à front de rue est austère et construit en pierres et ardoises.
Une fois franchie lentrée, on pénètre dans la cour dhonneur aux toits lumineux. La visite est répartie dans les principales salles de lancien hôpital. La salle dite des "pôvres" a été reconstituée comme à lorigine : chaque malade sans ressource avait droit à un lit (quil devait bien souvent partager), une table de chevet et un coffre pour y stocker ses effets personnels. Le centre de la salle était occupé par des tables et bancs pour y prendre les repas. Cette salle longue de 50 m se termine sur une chapelle qui permettait aux malades dassister aux offices sans quitter leur lit. Plus loin, une salle plus petite permettait aux malades dorigine noble dêtre soignés.
La salle Saint Nicolas, dans le bâtiment aux tuiles polychromes, accueillait les malades en fin de vie. Elle abrite aujourdhui une exposition permanente consacrée à lhistoire des hospices de Beaune. Sous cette salle, on peut voir couler un cours deau (la Bouzaise) qui permettait lévacuation des déchets, signe dune véritable réflexion sur lhygiène.
Cette aile de lHôtel-Dieu abritait également la cuisine et la pharmacie. Lalignement des pots donne un aperçu des plantes, mais aussi des produits dorigine animale qui servaient aux apothicaires à soigner leurs malades. Lorsquon sattarde sur la lecture des mentions sur les pots de faïence et de verre, on se réjouit de vivre au XXIe siècle : que guérissaient la poudre de cloportes et les yeux décrevisse ?
La dernière aile est celle de la salle Saint-Louis. Elle fut construite en 1661 et abritait les fours à pain des Hospices. Le pain était distribué aux pauvres. Aujourdhui elle est décorée de grandes tapisseries originaires de Tournai et Bruxelles. Cest par cette salle que lon pénètre dans lannexe où lon a installé dans des conditions optimales le célèbre retable attribué à Rogier van der Weyden (ou Roger de le Pasture) : le polyptyque du Jugement Dernier.
On notera que le chancelier Rolin représenté sur le retable du "Jugement Dernier" de van der Weyden lest aussi sur la célèbre "Vierge au chancelier Rolin" de Jan Van Eyck (1435, huile sur bois, 66 x 62 cm) que lon peut admirer au Musée du Louvre à Paris.
La salle Saint-Louis et les étages de lHôtel-Dieu accueillent séminaires, banquets et réceptions.
Le vin, la vente aux enchères
Les hospices de Beaune, à linstar des autres hôpitaux, possèdent des terrains. Il ne sagit pas de fermes, forêts ou prairies comme ailleurs, mais de vignes. La plupart des terres viticoles des hospices sont situées dans des zones de premier cru ou de grand cru. Aussi, depuis 1859, les hospices ont-ils décidé de vendre au plus offrant les vins de 41 cuvées chaque 3e dimanche de novembre. Le but est de poursuivre luvre de charité et de consacrer les recettes aux plus démunis.
Les particuliers nont pas la possibilité dacheter ces vins, seuls les négociants membres du Syndicat des négociants en vins fins de Bourgogne peuvent se porter acquéreurs. Ce sont les vins de lannée qui sont mis en vente et il appartient à lacheteur de procéder à lélevage et à la mise en bouteille. La vente aux enchères est parrainée chaque année par un couple de vedettes qui font grimper les enchères sur une pièce exceptionnelle non reprise au catalogue. Les recettes sont actuellement en baisse.
La Fête Saint-Vincent Tournante
Les vignerons ont créé en 1938 une fête de Saint-Vincent Tournante. Cest une procession "tournante", cest-à-dire quelle est organisée dans un village ou une ville différent à chaque fête. Cette année, le 29 janvier 2005, cest à Beaune quaura lieu la 61e fête. A lachat dun "pack-dégustation" de 15 euros qui comprend un verre en cristal gravé et un éthylotest, vous aurez la possibilité de déguster 5 vins différents.
Un défilé des sociétés Saint-Vincent, un office religieux, une procession et des intronisations par la Confrérie des Chevaliers du Tastevin en matinée, des dégustations toute laprès-midi, voilà de quoi remplir les sympathiques rues de Beaune.
Renseignements pratiques
Pour y aller : suivre "Hospices de Beaune" ou "Hôtel-Dieu". Il se situe au centre-ville et se visite tous les jours de lannée. Entrée : 5,50 euros
Le site officiel : www.hospices-de-beaune.tm.fr
Philippe Allard et Julia Limbourg (photos Ph. Allard)