Leipzig: une ville de culture engagée

Avec ses quelque 510.000 habitants, Leipzig est la ville la plus peuplée du land de Saxe. Municipalité candidate aux JO de 2012 ou ville d’accueil du Mondial 2006, Leipzig ne cesse d’affirmer sa volonté de dynamisme. Après avoir été le théâtre de la "révolution pacifique" de l’ex-RDA, la ville se consacre depuis la réunification de l’Allemagne à de nombreux travaux de rénovation et de modernisation: ici l’université, là le musée des arts visuels.


Petite incursion dans l’histoire intellectuelle et engagée d’une ville passionante.

Entrer en gare

Impossible de ne pas évoquer l’une des plus grandes "gares-impasses" d’Europe et son histoire quelque peu rocambolesque. Construite début XXe, la gare centrale de Leipzig fut entièrement rénovée en 1997. Sa façade colossale composée de 2 entrées monumentales cache une histoire non anodine du chemin de fer allemand. En 1874, Leipzig possédait déjà 6 gares, chacune appartenant à une société différente.

Malgré maintes fusions, rachats et négociations, les 2 sociétés de chemin de fer finalement en service dans la région ne parvinrent toutefois pas à trouver un accord quant à l’utilisation commune d’une garde centrale. Ainsi, la société de Saxe occupa longtemps la moitié Est de la gare, la société prussienne la moitié Ouest. Et une fois par jour, les deux chefs de gare se retrouvaient au milieu de la halle centrale pour ajuster leurs montres. Une histoire incroyable que les flâneurs déambulant dans l’immense centre commercial intégré au bâtiment ne connaissent que très rarement...

L’art d’allier passé et présent

Un chantier ici, un autre là: la ville de Leipzig ne cesse de rénover, de moderniser. Il y a eu la construction jusqu’à fin 2004 de cet énorme cube de verres, le Musée des arts visuels, qui nécessita la destruction d’ensembles d’architecture socialiste en plein centre. Il y a maintenant la restructuration de l’université ainsi que le chantier ambitieux du "city-tunnel", visant à mettre en place un axe ferroviaire nord-sud sous le centre ville afin que les trains ne perdent plus de temps avec la gare cul-de-sac.

Cette dynamique de construction dans le centre-ville n’est pas nouvelle, comme en témoigne la présence de l’ancienne et de la nouvelle mairie. L’ancien hôtel de ville ou "Altes Rathaus", de style Renaissance, fut construit en 1556-1557 en 9 mois seulement. Quant au nouvel hôtel de ville ("Neues Rathaus"), il devait symboliser avec sa tour de 114 mètres la puissance de la 4e ville d'Allemagne à l’époque de sa construction, en 1905.

Une tradition marchande qui perdure

Située derrière l’ancienne Mairie, la vieille Bourse ou "alte Börse" accueillait au XVIIe siècle les marchands de Leipzig. On y discutait affaires dans une ambiance baroque. Aujourd’hui, l’établissement accueille concerts, expositions et lectures.

De même, les passages du centre-ville autrefois dédiés au commerce international sont aujourd’hui réinvestis par nombres de boutiques et de restaurants. Les foires qui assurèrent très tôt la prospérité de la ville se déroulent maintenant au nord du centre-ville. Un imposant bâtiment composé de 5 halles d’exposition de verre et d’acier y a ouvert ses portes en 1995 afin de prendre la relève des halles d’exposition du centre-ville, construites en 1920 et aujourd’hui en piteux état. Et depuis 1917, les deux "MM" symboles de la ville-foire ("Mustermesse") ne cessent de rappeler et de représenter la riche tradition commerciale de Leipzig.

Jubilé: les 600 ans de l’université

Fondée en 1409, l’Alma Mater Lipsiensis est la 2e plus ancienne université de langue allemande à avoir fonctionné sans discontinuité. Elle compte aujourd'hui près de 35.000 étudiants. Les amphis et la cantine de style socialiste qui bordaient l’une des places principales du centre-ville (Augustusplatz) ont disparu, cédant la place à des ensembles modernes, accoutrés de galeries marchandes au rez-de-chaussée. Les travaux qui ont débuté en 2005 sous la direction de l'architecte néerlandais Erick van Egeraat, devraient être terminés fin 2009, à l’occasion des 600 ans de l’université. Toute une polémique s’est développée autour de la reconstruction ou non de l’ancienne église Saint-Paul, église de l'université dynamitée en 1968 sur décision du régime de RDA. Aujourd’hui, il est question de savoir si les éléments sacrés sauvés en 1968 doivent être ou non réintégrés à la décoration intérieure du nouveau bâtiment.

Une culture musicale sans pareille

Un coup d’oeil sur la place "Augustusplatz" aux proportions quelque peu démesurées (40.000 m²) suffit à mesurer l’importance de la musique dans l’histoire de la ville: d’un côté l’opéra, de l’autre la salle de concerts "Gewandhaus", inaugurée en 1981. Deux bâtiments de renommée internationale.

Avec une tradition de plus de 300 ans, l’Opéra de Leipzig s’engage à préserver l’héritage de Richard Wagner. Quant au Gewandhaus, il possède à la fois le plus ancien orchestre de concert bourgeois d’Allemagne (c’est-à-dire rémunéré par les habitants de la ville) comme le plus ancien quatuor à cordes du monde, fondé en 1809. Entre autres grâce à la brillante direction musicale de Kurt Masur, de 1970 à 1997, le Gewandhaus est une référence musicale au niveau international. Chaque année, le festival Mendelssohn attire d’ailleurs de nombreux visiteurs, invitant à la découverte des oeuvres de Mendelssohn Bartholdy.

"La ville de Jean-Sébastien Bach"

La ville doit ce surnom aux activités de Jean-Sébastien Bach comme "Director musices lipsiensis" et cantor de l’église Saint-Thomas de 1723 à 1750. Bach fut directeur de la musique de la ville, influençant à la fois la musique des églises, du conseil et de l’université de Leipzig.

Aujourd’hui encore, le choeur des "Thomaner", les jeunes garçons de l’église Saint-Thomas, honorent son enseignement et chantent chaque vendredi soir et samedi après-midi dans l’église Saint-Thomas. Enfin, chaque année, la ville de Leipzig vibre au rythme du célèbre cantor lors du très couru Festival de Bach.

1989: théâtre de la "révolution pacifique"

Leipzig fut l’un des principaux points de départ des mouvement de protestation contre le régime de RDA. En 1989, des prières pour la paix étaient organisées chaque lundi dans l’église Saint-Nicolas ou "Nikolaikirche" puis des manifestations étaient organisées sur le "Leipziger Ring". Des milliers de personnes partaient alors de l’Eglise Saint-Nicolas ou se retrouvaient sur la place "Augustusplatz", empruntaient le périphérique "Promenadenring" puis passaient devant l’actuel musée "Runde Ecke" autrefois siège de la Stasi, la police politique de RDA. Vingt ans après la "révolution pacifique", une exposition rend cette année hommage à ces "mouvements citoyens" qui permirent l’établissement pacifique de la démocratie en 1989 et retrace 45 ans d’opposition et de résistance contre le régime de RDA.

A noter également: le musée d’histoire contemporaine de Leipzig ("Forum"), près de l’ancienne Mairie, permet également de comprendre le rôle catalyseur de la ville dans le processus de réunification de l’Allemagne.

Le siège du tribunal fédéral administratif

Autre bâtiment d’importance, le Tribunal fédéral administratif ou "Bundesverwaltungsgericht" situé non loin du nouvel Hôtel de Ville, au sud-ouest du centre ville. L’édifice érigé à la fin du XIXe siècle fut d’abord le siège de la plus haute instance judiciaire de l’Empire allemand. Un procès peu glorieux s’y déroule en septembre 1933, celui de l’incendie du Reichtag en février de la même année. Le communiste Marinus van der Lubbe y sera condamné à mort pour "haute trahison". En 2008, la condamnation a officiellement été jugée "illégale" par les services du procureur fédéral allemand: le procès n’était que prétexte à Hitler pour établir sa dictature, pour justifier sa chasse aux communistes. Aujourd'hui, le même bâtiment est le siège du Tribunal fédéral administratif, une des 5 hautes cours de justice de l'État fédéral allemand.

Une ville de tradition littéraire

Leipzig compte toujours quelque 70 maisons d'édition, la biliothèque nationale allemande, une bibliothèque pour les malvoyants ou encore une Foire du Livre de renommée. Et pourtant, il est difficile d'imaginer la ville du livre où fut imprimé le 1er livre allemand en 1481, les thèses de Luther sous forme d'affiches en 1519 ou encore le premier quotidien au monde en 1650.

Avec le bombardement des Britanniques du 4 décembre 1943, tout un univers a disparu : le "broadway des librairies" dans la rue du centre Grimmaische Straße n’est plus et le dénommé "graphisches Viertel", le quartier industriel du livre et de l'imprimerie situé au sud-est du centre fut détruit à 80%.

En 1945, de nombreuses maisons d’édition accepteront le "deal" des Américains, à savoir des conditions favorables si elles déménagent dans la zone d’occupation américaine, à l’Ouest, autour de Francfort. Vingt ans après la réunification, Leipzig porte toujours les marques de la Seconde Guerre mondiale et se voit souvent attribuer un rôle secondaire par rapport à Francfort. Le siège du syndicat des libraires et éditeurs allemands est par exemple resté à Francfort tandis que sur les lieux de sa création, à Leipzig, seule une dépendance consacrée aux nouveaux länders fut inaugurée en 1993, avec la maison du livre (Haus des Buchs).

Où fait-il bon sortir?

Au pied de la tour MDR, non loin de la place Augustusplatz, le "Moritzbastei" ou "Bastion Maurice" occupe 3 niveaux souterrains. Ce sont des étudiants qui, dans les années 70, ont aménagé les lieux. Aujourd’hui, tout le monde aime se retrouver dans ce cadre original, notamment les étudiants de l’université voisine. Le café-restaurant accueille régulièrement représentations théâtrales et concerts.

Autre incontournable : le "Kaffeebaum" qui, selon la légende, serait le plus ancien café-restaurant d’Europe et témoignerait de l’amour des Saxons pour le café. Egalement un grand classique : l’"Auerbachs Keller", restaurant connu pour une scène décrite dans le "Faust" de Goethe qui étudia 3 ans à Leipzig... et fréquenta lui-même assidûment l’établissement.

Pour la tournée des bars, l’étroite rue gottschedstrasse qui part de la place du marché n’a pas d’équivalent pour la succession des terrasses. D’autres pourront découvrir la Gose, bière locale à fermentation élevée dans le "Gasthaus- & Gosebrauerei" (près de la Bayerischer Bahnhof) ainsi que dans la "Gosenschenke Ohne Bedenken", dans le quartier de Gohlis . Enfin, une météo estivale donnera peut-être à certains l’envie de se rendre dans une buvette de petits jardins ouvriers aux allures de grand luxe, comme par exemple le "Schrebers Restaurant und Biergarten".

Infos pratiques

  • Site de la ville en français:
    www.leipzig.de/int/fr/
  • Office de tourisme (allemand, anglais):
    www.ltm-leipzig.de
  • Transports en commun:
    www.lvb.de
  • Aéroport:
    www.leipzig-halle-airport.de
  • Foires de Leipzig (calendrier):
    www.leipziger-messe.de/fr/
  • Campagne marketing de la ville (allemand, anglais):
    www.leipziger-freiheit.de
  • Université : jubilé et travaux:
    www.uni-leipzig.de/campus2009/bau/
  • Le Kreuzer, mensuel avec agenda culturel de Leipzig:
    www.kreuzer-leipzig.de
  • Musée d’histoire contemporaine allemande (gratuit):
    www.hdg.de/zfl
  • Liste des musées de Leipzig (français):
    www.leipzig.de/int/fr/kultur_gastonomie/museen/
  • Zoo de Leipzig:
    www.zoo-leipzig.de
  • Parc d’attractions Belantis, au sud de Leipzig:
    www.belantis.de
  • Visites de la ville bloguées en images:
    -
    Le quartier industriel du livre

    -
    Tour littéraire dans le centre-ville

Calendrier

  • 2009: commémoration des 20 ans de la révolution pacifique de 1989:
    www.runde-ecke-leipzig.de
  • 2009: jubilé des 600 ans de l’université :
    www.uni-leipzig.de/2009/
  • Avril. Marathon de Leipzig:
    www.leipzigmarathon.de
  • Juin. Fête de Jean-Sébastian Bach:
    www.bach-leipzig.de
  • Octobre. DOK Leipzig, festival de films documentaires et animés:
    www.dok-leipzig.de
  • Tous les
    évènements
    (allemand/anglais) sur le portail tourisme de Leipzig

Charlotte Noblet









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