Les spins-off universitaires en Belgique

L’entrepreneuriat universitaire a acquis une plus grande visibilité au cours des deux dernières décennies. Les universités sont de plus en plus perçues comme une source de création d’entreprises haute technologie. Cela passe par la création des spins-off universitaires. Les instituts académiques passent de leurs rôles traditionnels d’enseignement, de recherche et de diffusion de connaissance à celui de création de spin-off et de promotion de l’entrepreneuriat universitaire. Les universités de la Belgique ne sont pas en marge de cette révolution. Dans cet article, nous vous faisons découvrir le monde des spins-off en Belgique.


L’institution universitaire comme pépinière d’entreprises : les spins-off


Le concept de spin-off couvre une grande variété de phénomènes parmi lesquels un spin-off universitaire ne représente qu’un type spécifique. Il y a plusieurs tentatives de définition, mais bien qu’elles ne soient pas toutes cohérentes des points communs peuvent être identifiés. Généralement, les spins-off sont des entreprises créées pour l’exploitation de produits ou de services développés à partir de connaissances ou de technologie issues de la recherche académique. Ils respectent un certain nombre de caractéristiques dont les principales sont les suivantes :

  • l’organisation mère dont émerge l’innovation doit être une université ou un établissement universitaire. Cette innovation résulte souvent d'une trouvaille issues de la recherche ou d'amélioration de process existant via, par exemple, des méthodologies de stimulation de l'innovation ou des programme de stimulation de l'innovation dans des structures existantes; 
  • le spin-off doit être une entité juridique distincte et non une extension ou un organisme contrôlé de l’université ;
  • la nouvelle entité doit exploiter les connaissances issues des activités académiques ;
  • les spins-off devraient viser la génération de profits et la commercialisation de la technologie.

En effet, les spins-off universitaires émergent normalement de l’initiative de chercheurs qui mettent à profit leurs capacités entrepreneuriales en commercialisant leurs idées avec l’évaluation et, si nécessaire, la participation de leur établissement d’origine. L’université participe de nombreuses façons, mais elle est généralement présente dans les premiers stades de la scission. Elle négocie les contrats, les licences et les accords tout en élaborant les plans d’affaires, recherchant les ressources financières pour les spins-off. De plus, elle lui fournit des connaissances scientifiques de pointe, des installations et équipements pour favoriser le développement de l’entreprise.

Les spins-off en Belgique

Avec le taux de transfert croissant de technologies au départ des laboratoires universitaires vers le monde économique par la création de spin-off, on remarque une réorganisation globale de la recherche en particulier au niveau régional. Toutes les universités belges lancent les spins-off depuis une vingtaine d’années qu’elles sont encouragées. L’université de Liège est la championne avec une centaine de spins-off, viennent ensuite dans l’ordre l’Université Catholique de Louvain (UCL) et l’Université Libre de Bruxelles (ULB). Par ailleurs, les petits instituts universitaires sont également actifs.

Afin de faciliter la création de spins-off, plusieurs universités, l’ULB par exemple, ont adopté une charte des spins-off. Celle-ci facilite l’établissement de relations claires et équitables entre l’entreprise et l’université. On distingue trois principaux secteurs où il y a une floraison de spins-off universitaires dans les universités belges :

  • la pharmacie et biotechnologie ;
  • les techniques de l’information ;
  • l’ingénierie et le conseil aux entreprises.

It4ip, une spin-off qui a décollé aussitôt créée

Il s’agit d’une entreprise spécialisée dans la fabrication et la fourniture de filtres à membranes en polycarbonate ("track etched membrane") gravé sur piste. Spin-off partenaire de l’UCL depuis 2006, c’est un partenaire privilégié dans les projets de recherche et de développement qui fait appel à la technologie de « track-etching ». Ses membranes en polycarbonate nano et microporeuses de hautes précisions sont utilisées dans les microcapteurs, les organes artificiels (implants), les cellules photovoltaïques, etc. Elles sont également à l’origine d’un outil de détection précoce de cancers. Pour ses activités, ce spin-off a pu bénéficier du soutien du centre de recherche du cyclotron de l’UCL. Plusieurs prix prestigieux lui ont été décernés durant son parcours.

Endo Tools

Ce spin-off créée en 2009 est partenaire de l’ULB. Il est spécialisé dans la conception et la commercialisation des appareils pour la gastro-entérologie qui permettent des interventions par la bouche. Cela a été possible en combinant le savoir-faire des ingénieurs et médecins issus de l’ULB.

Mithra

C’est l’un des spins-off les plus connus en Belgique. Créé en 1999 par le professeur Jean-Michel Foidart et Daniel Fornieri, il était l’un des spins-off de l’ULB. Il se concentre spécialement sur la fabrication de deux produits à base d’esterol : Estelle, la pilule contraceptive et Donesta, un traitement hormonal des symptômes vasomoteurs de la ménopause de nouvelle génération. Aujourd’hui, il capitalise plus d’un milliard d’euros et s’impose comme une société de classe mondiale, prouvant ainsi qu’un spin-off peut être gage de réussite.

De la nécessité de créer des spins-off

Les principales forces relatives de la Belgique en matière d’innovation résident dans le taux élevé de la population qui a suivi des études supérieures et dans la disponibilité de capital-risque dans la haute technologie. Les universités belges disposent d’un potentiel intellectuel important malgré leurs ressources limitées. Dans ce contexte, la création de spins-off devrait être une priorité, car elle a le pouvoir de pallier certaines carences en matière d’innovation et de financement de la recherche. L’intérêt de voir de multiples spins-off voir le jour est grand et les universités sont incitées à jouer un rôle majeur en la matière.

Les spins-off sont très importants pour le développement économique, pour la commercialisation des technologies universitaires et également pour aider les universités dans leurs principales missions de recherche et d’enseignement. Voici quelques avantages potentiels de ce type d’entreprise très en vogue en Belgique.

Création d’emplois, de produits et de services de qualité

Les spins-off universitaires sont bénéfiques pour toutes les parties, que ce soit les institutions universitaires ou pour le spin-off même. Pour ce dernier, l’université ouvre les portes aux ressources technologiques et aux connaissances de premier niveau afin d’acquérir une plus grande visibilité. Cela lui permet d’améliorer l’image de l’entreprise issue de la scission et donne à ses services la valeur dont ils ont besoin pour attirer les investisseurs. Pour l’université, l’accompagnement du spin-off consolide et réaffirme l’un de ses principaux objectifs qui est la promotion du transfert de connaissances. Concrètement, cela signifie également un revenu précieux qui peut être réinvesti dans la recherche et l’accès au marché de l’emploi pour les étudiants formés à l’université.

Catalyseurs du développement économique

Les spins-off contribuent au développement économique de la localité à laquelle ils appartiennent. Ils concrétisent les opportunités commerciales en traduisant les résultats de recherche en technologies réalisables qui mènent généralement à des solutions de marché. De plus, ils mènent la plupart de leurs activités de base localement. Cela peut être l’emploi, la production ou encore l’approvisionnement en fournitures. En effet, la promotion de domaines scientifiques stratégiques contribue fortement au développement régional de la Belgique. Cela a des effets positifs importants sur l’activité économique locale.

Commercialisation des technologies universitaires

Les spins-off universitaires utilisent les technologies des institutions académiques qui, autrement, ne seraient pas développées. Ils améliorent de deux manières différentes le développement de la technologie en :

  • fournissant aux entreprises un mécanisme de commercialisation des inventions très incertaines, réduisant ainsi l’intérêt des autres grandes filiales ;
  • fournissant un moyen d’assurer la participation des inventeurs au développement ultérieur des technologies universitaires.

Par ailleurs, les spins-off permettent aux inventeurs de participer au processus de commercialisation. C’est là une condition nécessaire au développement de produits ou de services à partir de la technologie universitaire. Enfin, ces types d’entreprises fournissent plus facilement aux inventeurs des avoirs en actions que des entreprises établies.









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