Trop de péridurales
En Belgique, 70 % des femmes accouchent sous péridurale. Dans certaines maternités, ce taux monte même à 90 %. L’Organisation Mondiale de la Santé estime pourtant qu’il s’agit d’une pratique fréquemment utilisée à tort.
La péridurale ou épidurale est une analgésie qui consiste à diminuer ou supprimer la sensation de douleur liée aux contractions. Grâce à elle, il est possible d’accoucher plus sereinement en cas de naissance difficile ou de rester éveillée pendant une césarienne. Mais aujourd’hui, la péridurale est devenue quasi systématique. S’en passer ? Pour beaucoup de femmes, c’est impensable.
L’OMS estime que la péridurale est fréquemment utilisée à tort. Les obstétriciens répliquent que ce sont les femmes qui la demandent mais dans beaucoup de maternités, c’est la seule réponse apportée pour soulager leur douleur. Des paroles comme « Ne vous inquiétez pas Madame, si vous avez trop mal, la péridurale vous sera donnée » sont bien trop systématiques. Quant à celles qui hésitent, elles ont droit à la pression : « Décidez-vous maintenant car l’anesthésiste va bientôt partir » ou « Vous préférez souffrir... à notre époque, quand même ! ».
Pas que des avantages
On connaît ses avantages, plus rarement ses inconvénients. Pourtant, ils sont nombreux.
D’abord pour la maman: chute de la pression sanguine, fièvre, maux de tête, vomissements et diminution du réflexe de poussée. Ensuite pour le bébé : au moment de la piqûre, son rythme cardiaque ralentit et les substances anesthésiques se retrouvent rapidement dans son sang.
Pour endiguer tous ces risques, le personnel médical doit recourir à d’autres pratiques comme la pose d’une perfusion, du monitoring fœtal en continu ou de l’accélération du travail par injection d’ocytocine synthétique.
La péridurale n’est donc pas une simple piqûre qui facilite l’accouchement. Elle rend le travail plus long et en augmente les risques. Des études ont prouvé une augmentation de recours aux épisiotomies, aux délivrances instrumentales et aux césariennes.
Les inconvénients de la péridurale se prolongent même jusqu’au post-partum : plus de risques de prurit, de maux de tête, de nausées, de vomissements et de fièvre. Quant au bébé, plusieurs études montrent qu’il est somnolent et qu’il a des difficultés à téter dans les premiers jours. Résultat : les femmes qui ont subi une péridurale sont deux fois plus nombreuses à cesser l’allaitement prématurément.
Des alternatives existent
Le but de cet article n’est pas de dire aux femmes qu’ « il n’y a qu’à » se passer de la péridurale mais de montrer qu’il existe des alternatives naturelles.
Aux Pays-Bas, où les naissances sont volontairement moins médicalisées que chez nous, le taux de péridurale n’est que de 15 %. Les Hollandaises ne sont pourtant pas plus résistantes que les Belges ! En réalité, la présence d’une personne qui écoute, qui réconforte, qui tient la main a prouvé son efficacité dans la capacité à gérer la douleur différemment.
Un chercheur américain en neurosciences a évalué la peur et la douleur chez des femmes soumises à des petits chocs électriques. Si elles étaient laissées seules pendant l’expérience, l’activité de leur cerveau montrait qu’elles avaient peur et mal. Si un membre du laboratoire leur tenait la main, elles avaient moins peur mais toujours mal. Enfin, si leur mari leur tenait la main, le cerveau se calmait à tous les niveaux.
Le taux de péridurales est également beaucoup plus bas quand les femmes accouchent avec une sage-femme plutôt qu’avec un obstétricien. Pourquoi ? Qui pourrait mieux accompagner la future maman pendant la naissance ? La sage-femme est une figure de mère et une femme d’expérience. Natacha Baudet pratique ce métier depuis quinze ans. Comme toutes les sages-femmes, elle est habilitée à accompagner les futures mamans durant leur grossesse.
Pendant cette préparation (remboursée par la mutuelle), elle parle beaucoup de l’aventure de la grossesse et de l’accouchement. Elle rassure les futures mamans : la nature est bien faite, le bassin de la femme est fait pour faire passer un bébé et le cerveau sécrète des analgésiques naturels pour gérer la douleur. De plus, il ne s’agit pas d’une douleur inutile, elle mène à la vie : le bébé.
La péridurale, plus ou moins selon les maternités
Il est conseillé aux femmes qui désirent accoucher sans péridurale de se renseigner sur les pratiques des différentes maternités. Certaines affichent un taux de 90 %, d’autres beaucoup moins. L’hôpital de Braine-l’Alleud pratique la péridurale avec modération. Toutes les femmes y sont informées de ses avantages et inconvénients et la demandent donc en connaissance de cause.
L’hôpital met d’ailleurs tout en œuvre pour accueillir la future maman dans un lieu d’intimité qui respecte les besoins de la femme qui va mettre au monde son enfant. Des exemples ? Elle peut choisir les personnes (le mari, une kiné, sa sage-femme, ...) qui l’accompagneront. Elle peut prendre un bain, écouter de la musique, se promener et même choisir la position dans laquelle elle préfère accoucher.
La lumière est tamisée, le personnel soignant réduit. C’est l’une des maternités préférées des femmes qui désirent accoucher le plus naturellement possible.