La spirométrie et vos poumons

La spirométrie est une méthode simple et non douloureuse servant à mesurer la fonction ou la capacité pulmonaire et à la comparer à la fonction pulmonaire moyenne d’une personne de race, de taille, de poids et d’âge identiques. Sur la base de cette comparaison, on déterminera si le patient présente une affection pulmonaire et de quel type d’affection il s’agit.


Le rôle du spiromètre

L’appareil utilisé est appelé spiromètre. Il s’agit d’un appareil muni d’un embout en caoutchouc ou en carton dans lequel le patient devra souffler à fond. Il est destiné à mesurer directement les changements de volume des poumons. Les résultats s’affichent sur un spirogramme, une représentation graphique de l’état ventilatoire.

A l’heure actuelle, il existe des spiromètres portables, économiques et de haute qualité pour une utilisation en première ligne. Idéalement, chaque médecin devrait à terme disposer d’un spiromètre.

Pourquoi mesurer la fonction pulmonaire ?

Chacun s’accorde à dire que la mesure de la pression artérielle et les contrôles réguliers de la glycémie sont des méthodes permettant au médecin de poser un diagnostic, de suivre et d’adapter éventuellement un traitement en cas d’hypertension et de diabète. Au même titre, la spirométrie mérite d’occuper une place de choix dans le diagnostic et le suivi des maladies pulmonaires chroniques.

Grâce à la spirométrie, on peut dépister de façon précoce les affections pulmonaires, poser un diagnostic correct et assurer le suivi de la maladie. L’objectivation et la localisation d’une éventuelle obstruction permettent de distinguer la BPCO de l’asthme.

Pour qui ?

Etant donné la prévalence de la BPCO et la méconnaissance des symptômes par les malades, il est nécessaire voire même indispensable de mesurer la fonction pulmonaire chez les adultes présentant des problèmes respiratoires.

Les personnes qui répondent par l’affirmative à trois de ces questions ou plus sont invitées à effectuer le test.

  • Toussez-vous régulièrement ?
  • Avez-vous plus de 40 ans ?
  • Avez-vous régulièrement des expectorations ?
  • Etes-vous plus rapidement essoufflé que la plupart des personnes de votre âge ?
  • Etes-vous fumeur ou ex-fumeur?

Connaissez vos chiffres !

Pas mal de personnes connaissent leur tension artérielle, leur glycémie et leur taux de cholestérol. Impeccable ! Après la spirométrie, il faudrait alors également connaître son VEMS et son FVC. Voici l’explication.

VEMS

Le VEMS, volume expiratoire maximum en une seconde, également appelé le FEV1, Forced Expired Volume in 1 second ou volume expiré pendant la 1re seconde d’une expiration forcée, est le volume d’air (en litres) expiré pendant la première seconde d’une expiration rapide et puissante ("forcée"), après une inspiration maximale.

Il est important de comparer le VEMS obtenu avec la valeur "normale" d’une personne du même âge, sexe et taille. L’on peut exprimer ainsi un "pourcentage de la valeur prédite". Cette notion permet de classifier le niveau de gravité de l’obstruction pulmonaire.

FVC

La FVC (Forced Vital Capacity ou capacité vitale forcée) est le volume total d’air (en litres) expiré lors d’une expiration rapide et puissante ("forcée") qui suit une inspiration maximale. Elle est mesurée lors d’une manœuvre expiratoire forcée : le sujet doit inspirer aussi fort et profondément que possible puis expirer aussi fort et vite que possible jusqu’à la vidange complète.

VEMS /FVC

Une personne adulte normale parvient à expirer entre 70% et 80% de sa capacité vitale pendant la 1re seconde d’expiration forcée. Une valeur inférieure à 70% indique une obstruction des voies aériennes, ce qui fait penser à la possibilité d’une BPCO (ou d’un asthme).

La BPCO et l’asthme sont des maladies pulmonaires obstructives. Après confirmation d’une obstruction pulmonaire, il faut encore déterminer si l’obstruction est réversible ou non. Le médecin utilisera à cette fin un bronchodilatateur. La réversibilité du rétrécissement des voies respiratoires est un élément permettant de distinguer l’asthme de la BPCO. En cas d’asthme, l’obstruction est réversible tandis qu’elle ne l’est pas dans la BPCO.

La spirométrie en pratique

Une spirométrie peut être réalisée chez le pneumologue, dans un laboratoire d’exploration fonctionnelle respiratoire ou chez le généraliste.

Un spiromètre portable est à peine plus gros qu’un GSM. Il est généralement relié à un ordinateur et les résultats sont représentés sur l’écran. L’appareillage du pneumologue et du laboratoire d’exploration fonctionnelle est beaucoup plus imposant mais le principe de la spirométrie est le même.

Comme pour tous les problèmes de santé, il est souhaitable de contacter d’abord le médecin généraliste. S’il juge utile de réaliser une spirométrie, il pourra la réaliser lui-même ou référer le patient au laboratoire d’explorations fonctionnelles respiratoires ou au pneumologue. Tous les généralistes ne pratiquent pas la spirométrie. Les spiromètres portables n’existent que depuis peu. De plus, il n’est pas encore prévu de remboursement pour la spirométrie chez le généraliste. Si le généraliste réalise une spirométrie, il arrive également qu’il souhaite référer le malade pour des mesures complémentaires.

A quoi faut-il être attentif lors d’une spirométrie ?

Il s’agit d’un examen simple mais qui nécessite un effort énergique de la personne testée. Si l’inspiration préalable n’est pas maximale ou l’expiration suivante pas assez rapide, les résultats ne seront pas fiables. Il est très important de suivre étroitement les instructions du médecin ou du technicien. Si des médicaments (aérosols,…) à visée respiratoire sont régulièrement pris par le malade, certains affectent les résultats et devront être arrêtés avant le test.

Est-ce que la spirométrie est sûre ?

Certainement. Pendant l’expiration forcée, la pression augmente dans le ventre, les yeux ou la tête. Le médecin questionnera donc le sujet sur une éventuelle intervention abdominale ou oculaire récente, comme sur l’existence d’un éventuel angor instable, d’un infarctus myocardique ou d’un pneumothorax récents.

Comment se déroule une spirométrie ?

En position assise, avec une pince sur le nez et une pièce buccale, tenue étroitement entre les dents. Le médecin ou le technicien donne clairement les instructions nécessaires. Après une inspiration aussi profonde que possible, le sujet doit expirer aussi vite et aussi fort que possible jusqu’à la vidange complète des poumons. Ces manœuvres sont répétées 3 à 4 fois avec un court intervalle entre elles. L’ensemble dure une dizaine de minutes.

Qu’est-ce qu’un test de réversibilité ?

Si la spirométrie montre une obstruction des voies aériennes, on peut administrer un médicament (bronchodilatateur) qui peut ouvrir les voies aériennes et contrôler ensuite par spirométrie l’effet obtenu. Les mesures sont en général faites un quart d’heure après l’inhalation du médicament et peuvent permettre de faire une différence entre asthme et BPCO.

Robert Derumes

    







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