Contrôle au rayon alicaments

Margarine anti-cholestérol, yaourt antirides,  jus multivitaminés…  Les industriels n’hésitent pas à multiplier les promesses alléchantes pour vendre leurs produits.  Potions miracles ou arnaques marketing ? L’Union européenne entend faire le ménage.
 


Contraction des mots aliment et  médicament, « alicament » est un néologisme inventé par l’industrie alimentaire pour désigner ces produits censés nous nourrir et nous soigner en même temps. On parlera aussi de « cosmetofood » à propos des aliments supposés avoir des vertus cosmétiques, rajeunir notre peau, éclairer notre teint.

Pour fabriquer un alicament, l’industrie agro-alimentaire ajoute artificiellement des nutriments dans ses produits, les enrichissant en vitamines, en calcium, en fibres, en oligo-éléments. Ou encore, on donnera des huiles de poisson aux poules pour qu’elles pondent des œufs riches en oméga 3.

Ces produits enrichis sont-ils aussi miraculeux que la pub veut le faire croire ?  Pas sûr. En décembre 2006, les décideurs politiques de l’UE ont adopté un règlement concernant l’utilisation de ces allégations nutritionnelles. Depuis, les experts de l’Agence européenne de la sécurité alimentaire (EFSA)

http://www.efsa.europa.eu
sont chargés d’analyser systématiquement les dires des industriels. Force est de constater que peu ont passé le test!

Au total 44.000 demandes ont été introduites à l'EFSA. Après un premier tri rapide, les scientifiques ont rejeté neuf dossiers sur dix, faute de preuves sérieuses. Dans un second temps, quelque 1800 produits ont fait l’objet d’un examen plus approfondi. Cette fois encore, 85 % ont été rejetés ! Et plus de 2500 dossiers doivent encore être examinés.

Dorénavant, le fameux chocolat Kinder ne pourra plus se targuer "d’aider nos enfants à grandir". Pas plus que le yaourt Essensis ne pourra se vanter de "nourrir votre peau de l’intérieur". Danone, pionnier de ce marketing santé, a aussi retiré son dossier pour ses produits phares Actimel et Activa. Pour éviter les effets dévastateurs d’un refus éventuel ? Officiellement, le géant de l’agro-alimentaire accuse les experts européens d’appliquer des critères d'évaluation trop flous.









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