37% des Belges isolés face à la douleur!

L’enquête menée par le Pain Advisory Board à l’occasion de la Semaine contre la Douleur révèle que trop de patients atteints de douleurs chroniques souffrent en silence. Les patients invoquent la solitude, l’incompréhension et l’absence d’écoute pour expliquer leur mutisme. 75% des personnes interrogées affirment souffrir tous les jours et 55% depuis plus de 5 ans. 8% des personnes interrogées ne parlent jamais de leur douleur; 20% n’en parlent pas à leur médecin.


"Nous devons lutter contre cette situation", commente Jet Van Hoek, Présidente du PAB. "La douleur chronique est néfaste pour l’organisme, elle mine la santé mentale du patient et atteint également son entourage. Il faut la considérer comme une maladie qui doit être prise en charge, afin d’éviter l’apparition de complications aussi sévères qu’inutiles".

L’enquête

Pendant la Semaine contre la Douleur en 2005, le PAB a organisé une enquête nationale par téléphone et Internet sur les douleurs cachées. Les personnes atteintes de douleurs persistantes étaient invitées à s’exprimer sur la fréquence et la durée de leur douleur, le type de douleur, leur attitude ou sentiment face à la douleur, les conséquences,… Le but de l’enquête était de sensibiliser la population et de rassembler des informations permettant une meilleure compréhension des douleurs cachées.
Ainsi, 8% des personnes interrogées ont déclaré ne parler à personne de leur douleur et 20% ne pas en parler à son médecin. Les raisons invoquées pour ne pas en parler sont les suivantes :

  • 37% se sentent isolés face à la douleur (manque d’écoute, incompréhension…)
  • 31% ne veulent pas déranger leur entourage
  • 13% banalisent leur douleur
  • 9% craignent la réaction des autres
  • 9% invoquent une fierté personnelle

"Ces résultats montrent que beaucoup de patients ont peur de s’exprimer", remarque Francis Grandjean, responsable de l’enquête. "Ils ressentent le besoin de partager leur douleur, mais Ils ont en même temps le sentiment de n’avoir personne à qui vraiment parler. Beaucoup d’appels ont ainsi duré plus d’une demi-heure".

70% des personnes interrogées ont encore qualifié leur douleur de sévère à très sévère et 28% de modérée. 75% ont déclaré souffrir tous les jours, 55% depuis plus de 5 ans et 38% depuis plus de 10 ans. Les principales conséquences citées concernaient le moral (26%), les loisirs (24%), la vie affective (19%), les relations avec les autres (16%) et le travail (15%). En même temps, 21% des personnes interrogées déclaraient accepter leur état.

Une situation sévère

Lorsque la douleur s’installe et perdure au-delà de 3 à 6 mois, elle devient elle-même une maladie avec des mécanismes propres (neurophysiologiques, psychologiques,...) et des phénomènes comportementaux spécifiques. Cette douleur est dévastatrice, nocive et peut conduire à la dépression. Elle a un impact sur la vie quotidienne, sociale, familiale et professionnelle du patient et nécessite une approche interdisciplinaire proposée notamment dans les cliniques de la douleur.

"La douleur qui se prolonge est inutile et a des effets nocifs sur la santé. On sait par exemple qu’elle représente un stress qui a pour effet de diminuer nos défenses naturelles et donc d’augmenter le risque de complications", commente le Dr Etienne Pellegrims. "Pourtant, les moyens d’agir contre la douleur ont considérablement augmenté. Pour mettre en place un traitement, la première condition est bien sûr d’en parler, d’exprimer sa douleur et de ne pas l’accepter comme une fatalité". 

Robert Derumes 

        







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