Lundi parjuré ou perdu

A Tournai, dans le Hainaut occidental, les lapins craignent le "lundi parjuré" ou "lundi perdu" c’est-à-dire le lundi qui suit l’Epiphanie fêtée le 6 janvier. Un jour où beaucoup de leurs congénères finiront dans une casserole.

 


Comme beaucoup de traditions, il est difficile de la "retracer" même si l’on date sa plus ancienne trace au 13e siècle. Le moine Li Muisis, abbé de Saint-Martin à Tournai, écrivait alors: Selon une ancienne coutume, les citoyens les plus aisés et leurs fils se réunissent fraternellement autour d’une table ronde et élisent un roi.

Au Moyen Age, les seigneurs disposaient de leur propre justice et tenaient leurs propres assises appelées plaids généraux ou franches vérités en public. Ces assises se tenaient en plein air, soit sur la place publique, soit dans le cimetière entourant l’église paroissiale. Il s’agissait de découvrir les crimes ayant échappé aux autorités judiciaires. Ceux qui avaient connaissance de meurtres, brigandages, incendies criminels, vols, viols, calomnies, usure,... étaient tenus de les déclarer, d’autant plus qu’ils avaient prêté serment avait été prêté, ou plutôt juré sur les saints.

Parjuré ou perdu?

L’expression lundi parjuré a donné lieu à plusieurs explications mais il semblerait qu’elle désigne le lundi où il faut prêter serment. Et non le lundi où on serait parjure!

L’expression lundi perdu est plus récente et signifie simplement que ce jour est perdu pour tous les travaux.

Le repas de ce lundi serait une survivance du repas auquel le seigneur et son personnel judiciaire se livraient à l’issue du plaid. Les manants pouvaient y participer après avoir payé leur écot en argent ou en nature.

Attention: en début de repas, on tire les "billets des Rois". A chaque fois que le roi sésigné boit, les convives doivent boire aussi...

La recette du lapin à la tournaisienne

Ingrédients pour 4 personnes.

  • 1 lapin 
  • 4 oignons 
  • 2 cuillères à soupe de farine 
  • 10 à 15 pruneaux 
  • raisins secs 
  • beurre ou huile 
  • éventuellement 1 litre de bière 
  • 1 branche de thym et une feuille de laurier 
  • cassonade (facultatif) 
  • sel et poivre

Prenez le lapin, séparez-en les pattes et découpez le dos en 3 morceaux.

Faites chauffer la casserole (de préférence, utilisez un longue casserole ovale) avec du beurre et de l’huile et, au premier frémissement, déposez-y les morceaux et les faire revenir (brunir).

Retirez les morceaux et baissez légèrement le feu. Faites alors revenir les oignons émincés avant de jeter une grosse cuillerée de farine et de mélanger. Mouillez le tout (à l’eau ou avec un peu de bière). La vraie recette utilise de l’eau mais des variantes utilisent la bière!

Remettez ensuite les morceaux de lapin et ajoutez de l’eau (ou de la bière) jusqu’à recouvrir complètement les morceaux. Ajouter sel, poivre, thym, laurier.

Laissez tranquillement le liquide se réduire petit à petit. Remuez cependant régulièrement avec une cuillère en bois afin d’éviter que la viande n’attache au fond. Si nécessaire, remouillez à la bière. Le lapin peut mijoter quelques heures, il n’en sera que meilleur.

Une demi-heure avant de terminer la cuisson, ajoutez les pruneaux et les raisins secs (gonflés préalablement dans l’eau bouillante), éventuellement un peu de cassonade et mélangez.

Le lapin à la tournaisienne est servi traditionnellement avec des pommes de terre à la vapeur (parfois des frites). Il sera accompagné de préférence de bière, pourquoi pas régionale.

  • La chanson du lundi parjuré
  • Le site de la Ville de Tournai

Philippe Allard
 









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