Obligations: privilégier le long ou le court terme?

Pour le moment, les courbes de taux de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande, de la Grande-Bretagne, des Etats-Unis et, dans une moindre mesure, du Canada sont inversées, ce qui veut dire que les obligations à court terme rapportent plus que celles à long terme.


La courbe de taux la plus inversée est celle de la Nouvelle-Zélande où un investissement à 3 mois rapporte 100 points de base (1%) de plus qu’une obligation d’Etat à 10 ans. La Banque centrale a relevé ses principaux taux à plusieurs reprises pour contrer l’inflation qui, avec 4%, a largement dépassé la fourchette visée de 1 à 3%. Cette poussée inflationniste s’explique par un marché immobilier particulièrement résistant (le marché s’est repris en juillet après un creux en juin) et par la dégringolade du dollar néo-zélandais depuis quelques mois. La monnaie se redresse maintenant et se situe 6% au-dessus du plancher de début juillet, mais elle reste toujours 15% sous son sommet de décembre 2005. Le taux d’intérêt à court terme ne devrait pas baisser de si tôt, malgré un ralentissement de l’économie prévu plus tard dans l’année. Par contre, le taux long pourrait continuer à baisser, ce qui accentuerait encore davantage le caractère inversé des courbes de taux.

Aussi, nous préférons des termes de 3 à 5 ans aux comptes à terme. Le marché table en effet sur une diminution du taux d’intérêt l’an prochain. A l’inverse, si on anticipe une hausse de taux, les investissements à court terme sont à privilégier. Mais ce raisonnement de base ne tient pas toujours la route ! Pour s’en convaincre, il suffit de se remémorer les événements de ces 2 dernières années : le taux d’intérêt à court terme des Etats-Unis a augmenté de plus de 4% et les obligations "sans risques" situées sur la fin de la courbe se sont pris une raclée, tandis que le taux à dix ans remontait à peine.

Dans le cas de KFW, un débiteur de qualité AAA, un terme de 5 ans nous semble idéal pour profiter du généreux rendement. Renforcez vos positions en dollar sur repli. Une parité de 0,54 euro/$ NZ (1,85 $ NZ/euro), contre 0,505 actuellement semble réalisable à moyen
terme.

Aux Etats-Unis aussi, optez pour des obligations à plus long terme. La cherté des prix du pétrole, la hausse du taux court (de 1 à 5,25%) pèsent sur le pouvoir d’achat des consommateurs et le refroidissement du marché immobilier induit aussi un ralentissement. Le taux obligataire à 10 ans a cédé près de 0,5% cet été et pourrait encore céder 0,5% si le ralentissement se poursuit.

Dans ce cas, le taux à court terme pourrait même regrimper vers 3,5 ou 4%. La courbe des taux se montre capricieuse. Les obligations d’Etat américaines à 3 mois offrent plus que celles à 10 ans, mais quand on regarde les simples obligations en euro, on constate que BNG
(débiteur d’excellente facture) sur le long terme propose une prime alléchante. L’émetteur offre juste un peu plus que l’institution supranationale scandinave Nordic IB. BNG remporte toujours nos suffrages. Nous recommandons l’emprunt sur le plus long terme, afin de profiter un peu plus longtemps du taux actuel.

Dans les prochaines semaines, le dollar américain pourrait continuer à être mis sous pression. En livre sterling, le différentiel d’intérêt entre les obligations à court terme et à long terme revient à plus ou moins 30 points de base. La devise qui s’était fortement appréciée il y a peu semble quelque peu surévaluée, mais son potentiel de baisse est relativement limité. Prenez partiellement vos bénéfices. RWE qui est assorti d’un superbe rendement peut être envisagé pour un réinvestissement partiel.

En Australie, le caractère inversé de la courbe des taux est moins prononcé. L’économie semble reprendre. Les investissements sont repartis à la hausse au 2e trimestre et le moral des entreprises est au beau fixe. Les ventes sur le marché d’Asie du Sud-Est surtout restent très solides. Cet été, le taux d’intérêt à court terme a été relevé de 0,25%, à 6,25%. Le dollar australien a bien résisté lors de la tempête qui s’est abattue sur les devises. En Australie aussi, l’inflation reste trop élevée. Nous attendons une courbe de taux stable.

Les adeptes du long terme opteront pour l’organisation coupole des chemins de fer européens. Si vous préférez le court terme, Rabobank offre un rendement légèrement supérieur. En Europe, la courbe des taux n’est pas encore inversée. La Banque centrale européenne se montre prudente et a laissé le taux euro inchangé. L’euro a suffisamment remonté et les derniers indicateurs économiques sont plus faibles que prévu. La confiance des Européens dans l’économie s’est affichée en repli en août, passant de 107,8 à 106,7. L’économie semble donc être au-delà de son sommet. L’inflation a reculé de 2,4% en juillet à 2,3% en août.

Entre-temps, la courbe de taux de l’euro est déjà nettement moins raide. Il y a 3 mois environ, nous vous avions conseillé d’allonger le terme de votre portefeuille. Depuis, le taux d’intérêt à court terme a augmenté de 0,25% et le taux obligataire s’est replié de 0,25%. 2007 devrait connaître une conjoncture moins favorable en Europe en raison du ralentissement de l’économie dans le reste du monde et du relèvement de la TVA en Allemagne. Si les cours du pétrole baissent encore, la courbe des taux s’aplanira davantage. Conservez vos positions. Pour un nouvel achat, optez pour un terme de 4 à 6 ans, car le taux d’intérêt à long terme ne devrait pas fortement remonter de sitôt. Cumerio offre le meilleur rendement, mais n’a pas de rating ni le prestige de KFW. General Electric est moins généreux, mais la durée est moins longue.

Les autres devises qui avaient évolué dans le rouge ces dernières semaines ont poursuivi leur remontée. Au niveau actuel, la livre turque n’est plus bon marché mais le rendement reste tellement élevé que la monnaie est à conserver. La couronne islandaise est soutenue entre autres par le niveau élevé des taux courts nécessaire pour juguler l’inflation galopante. Préférez le court terme qui offre un meilleur rendement. La monnaie peut encore se rétablir de 3 à 5%, mais reste très risquée.

Un article de L'Investisseur (5 septembre 2006)

    







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