La forêt et les arbres de la Bourse

La bourse ne réagit pas toujours aux chiffres économiques comme on pourrait s’y attendre. Parfois, la raison semble s’être complètement dissipée. Ce qui est important, c’est de découvrir les grandes lignes. Plus crucial encore pour nous est l’évolution spécifique des entreprises.



Si vous recherchez des liens "logiques" entre la macro-économie et la bourse, vous vous trompez. C’est ainsi que malgré la forte hausse du prix du pétrole, la plupart des compagnies aériennes européennes ont par exemple affiché au cours des 12 mois écoulés une hausse impressionnante des cours.

Celui qui a utilisé la tendance haussière du pétrole comme mesure pour taxer le secteur de l’aéronautique, était donc à côté de la plaque. La récente faiblesse sur les marchés pétroliers n’a pas affecté les géants du pétrole. Et est-ce que tous les manuels économiques ne disent pas que des taux en hausse sont négatifs pour les marchés des actions ? Nous ne l’avons pas constaté… A moyen terme, il y a néanmoins effectivement des liens économiques de cause à effet, c’est certain. Mais il est vrai également que la bourse ne se décline pas en une seule formule.

Ce ne sont pas quelques-uns, mais à proprement parler des centaines de facteurs qui ont un impact, et c’est en réalité le sentiment qui prévaut. Pour un investisseur, ce n’est donc pas très important d’analyser en profondeur tous les chiffres macro-économiques, mais de découvrir les grandes tendances, et ceci en fonction des nombreux communiqués individuels des entreprises.

C’est l’histoire de l’arbre et de la forêt. Certains analystes bancaires utilisent surtout le matériel macro-économique pour aboutir à leurs décisions d’investissement. Ils appliquent ce qu’on appelle l’approche "top-down", du "dessus" (macro) vers le "bas" (micro). C’est en même temps une des plus importantes raisons pour lesquelles les conseils des analystes bancaires peuvent tellement diverger. Parmi tous les éléments macro-
économiques, nous tenons surtout à l’oeil l’évolution des taux et du dollar. Si importants que ces facteurs puissent être, la micro-économie – entendez les éléments spécifiques aux entreprises – est celle qui prime. Dans le jargon du métier, on parle d’une approche "bottom-up", la méthode que nous adoptons. Des entreprises avec un bon produit, une bonne direction, un bon bilan, une bonne stratégie… laisseront toujours leur empreinte dans toute situation de marché.

Et certainement en cette période de climat boursier hésitant, il est encore plus important de suivre le récit d’entreprises spécifiques, que de se limiter à une histoire d’économie générale. La survie des plus aptes, ce n’est pas uniquement de l’histoire ancienne, cela vaut également dans le monde boursier actuel. Donc, du ‘Stockpicking’: distinguer les gagnants des perdants.

Un article de L’Investisseur (22 août 2006)   







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