A la recherche difficile d'un placement durable
Les concepts de placement durable et de responsabilité sociale des entreprises (RSE) ont été introduits dans le monde financier. Mais, jusquà présent, la grande percée se fait attendre. Néanmoins, les banques sont daccord pour dire que les investissements "durables" sont aussi rentables avec un risque égal. Mais pourquoi alors le consommateur ne détient pas plus de fonds durables dans son portefeuille ?
Les concepts de placement durable et de responsabilité sociale des entreprises (RSE) ont été introduits dans le monde financier. Mais, jusquà présent, la grande percée se fait attendre. Néanmoins, les banques sont daccord pour dire que les investissements "durables" sont aussi rentables avec un risque égal. Mais pourquoi alors le consommateur ne détient pas plus de fonds durables dans son portefeuille?
La Secrétaire dEtat au Développement durable et à lEconomie sociale, Els Van Weert, a donc demandé à Test-Achats dexaminer les obstacles à linvestissement durable. Lorganisation de consommateurs a envoyé des enquêteurs anonymes auprès de 29 institutions financières (50 agences au total) à la recherche du placement durable qui leur convenait le mieux.
Des enquêteurs chargés dune mission
Sur les 29 institutions financières, 18 disposent de produits durables propres (38 agences). Les enquêteurs recherchaient un placement durable et disposaient à cet effet dune somme denviron 20.000 euros (exceptionnellement supérieure si nécessaire) quils étaient disposés à immobiliser pendant au moins 5 ans. Ils devaient notamment demander si un placement durable rapportait plus ou moins quun placement non durable. Et si un tel placement coûtait plus cher. Ils devaient également chercher à savoir qui était chargé de contrôler la durabilité du placement. Si linstitution financière ne proposait pas de placement durable, les enquêteurs devaient faire en sorte quelle leur propose une alternative.
Des résultats qui parlent
Les enquêteurs nont pas toujours été accueillis à bras ouverts. Quelques faits marquants :
- Certaines agences ont décrété que linstitution ne disposait pas de produits durables propres alors que cétait pourtant bien le cas (AXA, Deutsche Bank, ING (1 fois) et Record Bank). Inversement, plusieurs institutions ont dit proposer des fonds durables alors quil nen est rien (Banque de La Poste, Citibank, Dierickx, Leys & Cie, Puilaetco Dewaay Private Bankers).
- Bien que les enquêteurs aient explicitement demandé à investir dans des produits durables, ils se sont quand même parfois vus proposer une formule non durable (AXA, Banque Degroof, Banque Delen, ING (3 agences) et Deutsche Bank).
- Parfois, les enquêteurs ont eu droit à des avis négatifs quant au rendement à espérer (AXA, Banque Degroof, Banque Delen, Delta Lloyd Banque, Deutsche Bank, ING (2 agences) et VDK Spaarbank).
- Les placements ont de manière générale été envisagés dans une perspective purement financière sans intérêt pour les éventuelles qualités inhérentes aux placements durables (volonté dun monde meilleur).
La durabilité na pas la cote !
Sans la pratique, les institutions financières qui proposent des produits durables sont loin de les trouver toutes intéressantes. Même lorsquun client leur demande explicitement un produit durable, il leur arrive de proposer autre chose. Est-ce parce que les intermédiaires ne sont pas suffisamment informés de loffre de produits ou parce quils ont des préjugés ? Quoi quil en soit, ils passent à côté dune occasion.
Siège social et agence, 2 discours...
Selon la Secrétaire dEtat, Els Van Weert, il existe une distorsion manifeste entre les sièges centraux et les spécialistes locaux quant à leurs connaissances et leur attitude à légard des "investissements durables".
Là où les sièges centraux sont positifs (valeur ajoutée dans un portefeuille dinvestissement, pas de rendement ou de risque inférieurs), les conseils au guichet local ne sont souvent que médiocres. Non seulement 30% des spécialistes locaux donnent des solutions non durables mais 40% prétendent en outre à tort offrir des produits durables. Daprès Els Van Weert, il est dès lors clair que les spécialistes dans les bureaux locaux disposent de connaissances médiocres en la matière. Les conseils dépendent en outre apparemment fortement des attitudes personnelles à légard de la durabilité.