Le financement auto, trop vite octroyé?
A l’approche du Salon de l’Auto 2006, l’association de consommateurs Test Achats s’est penchée sur les formules de prêt auto. Non seulement les financiers en profiteraient pour proposer des produits annexes mais ces financements auto seraient octroyés à la va vite et de manière irresponsable même à des clients qui ne peuvent pas se le permettre.
Dans l’enquête auprès de 52 institutions financières, 5 prêteurs sur 45 n’ont pas posé de questions sur le revenu familial, 10 n’ont rien demandé sur l’ensemble des charges mensuelles, 39 n’ont aucune question sur l’épargne… Irresponsable et dangereux, juge Test Achats ! Conséquence : encore plus de consommateurs risquent d’être victimes d’un endettement excessif.
Ce que dit la loi…
La loi sur le crédit à la consommation est pourtant claire : les organismes financiers doivent informer le consommateur correctement et de manière complète au sujet de l’offre de contrat présentée. En outre, ils doivent rechercher la formule de crédit la plus appropriée pour le consommateur en fonction de ses besoins et de la destination du prêt. De plus, ils doivent lui demander les renseignements nécessaires pour pouvoir évaluer sa solvabilité financière et sa capacité de remboursement. Et les organismes financiers ne peuvent octroyer le prêt lorsqu’il s’avère que le consommateur ne sera pas en mesure de rembourser. De cette manière, le législateur veut faire en sorte que les crédits soient octroyés de manière responsable. Test Achats a donc analysé ce qu’il en est en pratique.
… et ce que les financiers font
Test Achats a envoyé ses enquêteurs auprès de 52 institutions, aussi bien des banques que des courtiers ou des sociétés de crédits liées à une marque de voiture. Concrètement, les enquêteurs devaient demander une offre pour un prêt à tempérament destiné à financer une 2e voiture familiale. Le scénario était établi de telle sorte que la situation financière peu sûre et peu stable ne permettait pas à la famille de recevoir le prêt en question.
Sur les 52 organismes financiers visités, 6 n’ont pas octroyé de prêt pour des raisons pratiques (par exemple parce qu’ils n’étaient pas clients depuis 6 mois). Des 46 autres, seul 1 a refusé d’octroyer le prêt parce que l’enquêteur était dans une position faible financièrement. De tous les autres financiers, 2 sur 3 ont fait comprendre que le prêt demandé serait octroyé, alors que le reste voulait adapter le montant et/ou la durée du prêt. La situation du consommateur était pourtant la suivante : après déduction du loyer et du nouveau financement, il ne resterait plus au ménage que 1040 euros par mois pour tout payer : nourriture et vêtements, frais médicaux, chauffage, électricité, assurances, coût de la 1re voiture et, désormais de la 2e voiture. L’équilibre financier serait assurément devenu très précaire et, à la moindre mauvaise surprise, il y aurait un problème de surendettement.
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Les organismes financiers n’ont pas vraiment eu besoin de beaucoup d’informations au sujet de la situation financière des enquêteurs. Sur les 45 organismes visités, prêts à octroyer le prêt, 5 n’ont pas demandé quel était le revenu mensuel du ménage, 10 n’ont rien demandé sur les charges mensuelles comme le loyer et 39 ne se sont pas enquis des efforts d’épargne du ménage. Il est clair que sur le terrain, il n’y aucune gêne à octroyer un prêt ! Pourtant la chance qu’un prêt soit remboursé correctement est plus grande quand il est octroyé dans des conditions correctes et responsables. En bref, un prêt octroyé de manière responsable est le meilleur moyen pour préserver le consommateur d’un endettement excessif.
Vive la loi, vive son application !
Il est clair que les organismes financiers ne respectent actuellement pas la loi. Test Achats demande dès lors au Ministre de l’Economie de faire effectuer plus de contrôles sur le terrain.
Test Achats rappelle que le consommateur à droit à des informations claires et objectives pour lui permettre de faire un choix entre les différentes formules de financement. Une nouvelle loi votée en 2003 obligeait les prêteurs à mettre à disposition des clients, un prospectus reprenant toutes les données financières des contrats de crédit possibles. Malheureusement, l’Arrêté Royal qui devait fixer les modalités du contenu minimum obligatoire du prospectus n’a toujours pas été publié.
- Le site de Test Achats
(source : Budget & Droits n°184, janvier-février 2006)
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