Pour un front de défense des belgicismes!

Le décès d'Albert Doppagne nous rappelle qu'il fut un grand chasseur de belgicismes. Pourtant, aujourd'hui, ces belgicismes ont acquis quelques lettres de noblesse. Nous les revendiquons comme faisant partie de notre culture et exigeons que la langue française soit la langue des francophones, dans le respect de leur diversité, et non la langue de certains cénacles français. Et puis ces belgicismes ont même acquis une vie officielle chez nous.


Les dictionnaires eux-mêmes ont évolué, admettant dans leurs pages ces régionalismes.

Il est en effet normal qu'une langue varie non seulement dans le temps mais aussi dans l'espace. Le français connait donc des régionalismes, des mots et expressions (parfois qualifiées de savoureuses) qui se sont développés en Belgique francophone, en Suisse, au Québec et dans d'autres territoires canadiens de langue française, en Afrique... et dans les DOM-TOM et autres régions françaises.

Quant à nos belgicismes, il peut s'agir de mots ou expressions archaïques comme de termes ou tournures influencées par les langues endogènes (wallon, picard) ou voisines (flamand, allemand). Ou encore de l'utilisation d'un mot dans un sens différent de l'utilisation en "français de France" ("peler" pour "ennuyer"). Par ailleurs, la Belgique administrative a construit son propre vocabulaire.

Utiliser les belgicismes, ce n'est donc pas (ou plus) une faute ! Reste quand même que, si l'on veut être compris dans d'autres régions de la francophonie, autant utiliser un langage commun et non nos particularismes.

Une tournée de belgicismes

Une sélection très arbitraire avec leur traduction (ou explication) en français "classique" : aubette (abri), bisbrouille (bisbille), cacaille (objet sans valeur), chicon (endive), crolle (boucle de cheveux), disqueuse (scie circulaire portable), doubleur (redoublant), drève (allée arborée), essuie (serviette), farde (dossier ou cartouche quand il s'agit de cigarettes), indaguer (enquêter), jobiste (étudiant travailleur), kot (logement étudiant), mali (déficit), navetteur (travailleur qui effectue quotidiennement le trajet entre son domicile et son lieu de travail), potale (niche abritant une statuette), praline (chocolat), prester (accomplir une prestation), ramassette (pelle à poussière), singlet (maillot de corps ou "marcel"), taiseux (peu causant).

A lire

  • "Belgicismes - Inventaire des particularités lexicales du français en Belgique", Conseil international de la langue française, Duculot, Gembloux, 1994

Philippe Allard
    









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