Privat Livemont, un artiste belge à (re)découvrir
Il est moins connu qu'Alfons Mucha. Pourtant l'artiste schaerbeekois Privat Livemont fut, lui aussi, une figure de l'Art nouveau. Ses affiches, ses sgraffites qu'on peut encore découvrir sur certaines façades bruxelloises témoignent d'un réel talent malheureusement méconnu dans son propre pays.
Né en 1861, le jeune Livemont étudie l'art et obtient de belles notes, un prix et une bourse pour Paris où il s'installe en 1883. Ses travaux de peinture décorative à Paris sont difficiles à identifier, car très académiques, mais on sait qu'il participa à la décoration de l'Hôtel de ville de Paris.
A son retour à Schaerbeek en 1889, le peintre travaille en tant que peintre et décorateur. Il obtient en 1891 un poste de professeur de "dessin, ornement et figure" à la nouvelle Ecole industrielle de Schaerbeek. Parallèlement, il poursuit sa carrière artistique et est reconnu pour ses affiches, ses illustrations de presse, ses sgraffites et décors.
Art nouveau
Ses affiches font penser indéniablement à l'artiste tchèque Mucha. Les allégories féminines ressemblent à s'y méprendre aux célèbres affiches de Sarah Bernhardt. En voyant les affiches publicitaires pour le cacao Van Houten, les chemins de fer de l'Ouest, le chocolat Delacre, on ne peut que "reconnaître" ce style si caractéristique de l'Art nouveau.
C'est un peu ce qu'on reproche à Livemont: convaincu de l'essor de ce nouveau style, mais pas nécessairement par sa philosophie de l'art pour tous, il a joué la carte de la mode, au point de s'y accrocher un peu trop longtemps et à ne pas se renouveler.
Il se rend célèbre également grâce aux décors qu'il réalise en association avec l'architecte Henri Jacobs. Tout d'abord, il participe à la décoration de sa propre école, l'Ecole industrielle. L'association Jacobs-Livemont se poursuit dans d'autres écoles de Schaerbeek (groupes scolaires Josaphat et Linthout notamment).
En 1900, Privat Livemont produit son premier sgraffite. Sa notoriété et sa technique sont à leur apogée, et il obtient de nombreux prix pour ses réalisations. On peut encore en admirer sur quelques maisons bruxelloises.
D'autres facettes artistiques de Livemont comme la caricature, le dessin et l'illustration de presse, quelques dessins érotiques peuvent être explorées dans le cadre de l'exposition qui l'honore aux Halles Saint-Géry à Bruxelles.
Livemont meurt en 1936, un an après avoir été mis à la retraite de l'Ecole Industrielle par la commune de Schaerbeek. En 1943, son fils Franz succombera et la collection de toiles et d'affiches du peintre sera disséminée. Ceci explique en partie l'absence de reconnaissance dont souffre encore Livemont.
Julia Limbourg