"Le Testament des Siècles" vs "Code da Vinci"

L’information a circulé dans l’Internet : un roman de la même veine que le "

Code Da Vinci
" de l'américain Dan Brown lui serait supérieur. Mieux écrit notamment. Test comparatif et interview de l’auteur du "Testament des Siècles", le français Henri Loevenbruck.


Journaliste, écrivain, Henri Loevenbruck, a publié en 2003 chez Flammarion un thriller "biblique" après avoir déjà écrit 4 romans, une anthologie de récits fantastiques et de scénarios pour le cinéma. Face à la demande, le titre est réimprimé.

Son héros, Damien Louvel, est le scénariste français d’une série TV à succès américaine. Rappelé en France suite au décès étrange de son père, il découvre que ce père mal aimé menait des recherches autour de la "pierre de Iorden", la clé du dernier message du Christ.


 

Le rapprochement avec le "

Code da Vinci
" est évidemment tentant : deux romans à suspens avec un meurtre dans les premières pages, le tout sur fond biblique et de révélation christique, d’art (et notamment de l’oeuvre de Leonard de Vinci), de complot (l'Opus Dei est encore citée) et d’histoire d’amour entre deux des protagonistes dont, chaque fois, une Sophie,... Beaucoup de coïncidences mais des ouvrages très différents.

Test comparatif

Le plus de pages : le "Code da Vinci" avec ses 574 pages. "Le Testament des Siècles" n’en fait "que" 376 !

Le plus vendu : le Code avec ses 20 millions d’exemplaires (dont 1,6 millions en France). Le Testament s’est aujourd’hui vendu à 10.000 exemplaires. Il n’a pas encore été publié en édition de poche. Il a été acheté par des éditeurs allemand, portugais, espagnol et russe. Les ouvrages précédents de Loevenbruck se sont vendus dans 8 pays. 

Le plus décliné : le "Dan Brown" avec les ouvrages de décryptage et même un double DVD "Le code Da Vinci : enquêtes sur les énigmes d’un best seller" et un film en préparation. Mais le Testament pourrait être adapté en téléfilm.

Le plus haletant : le Code avec ses multiples (voire trop nombreux ou artificiels) rebondissements.

Le plus agaçant : le Code... pour les mêmes raisons.

Le mieux écrit : incontestablement "Le Testament des Siècles". On sent l’amour de l’auteur pour la phrase joliment tournée, le choix du qualificatif adéquat. Il donne une véritable personnalité, des sentiments à des personnages attachants. Il s'incarne en Damien Louvel et utilise le "je".

Le plus original : le Testament qui dévoile un nouvel enseignement (imaginaire) du Christ bien loin du recyclage par Dan Brown des élucubrations nées des délires du collaborateur Plantard et revisitées par les auteurs de "L'Enigme sacrée".

Le plus sournois : Dan Brown qui donne des allures scientifiques à ses divagations et son conspirationnisme à travers une note introductive et les déclarations de son héros, le professeur d'université Robert Langdon.

Le plus "bon vivant" : Loevenbruck. Citations de la page 203 : "Je crois qu’en entrée, je vais me laisser tenter par les escalopes de foie gras poêlées aux pêches rôties", annonçai-je finalement".

Interview d’Henri Loevenbruck

Le parallèle effectué par certains avec le "Code da Vinci" est-il irritant ?
Il est pertinent, et donc tout à fait justifié. En plus, il faut être réaliste : le succès du "Da Vinci Code" a très certainement relancé les ventes de mon roman. Ce qui pourrait m’irriter (beaucoup), en revanche, serait qu’on m’accuse de plagiat... Mais, ayant écrit "Le Testament des Siècles" bien avant que ne sorte le "Da Vinci Code", je suis heureusement épargné... Ce parallèle - qui m’a beaucoup troublé au départ - est sans doute dû aux lectures communes que Dan Brown et moi avons eues (et surtout le fameux"L’Enigme sacré", un bouquin truffé d’erreurs grossières et d’analogies douteuses, mais tellement divertissant !). Mais quand on lit nos deux romans, on voit bien que le fond est très différent. Ce n’est que le contexte qui est similaire... Nous jouons tous deux avec tous les clichés de l’ésotérisme...

Regrettez-vous de ne pas avoir autant joué la carte du complot et des affirmations théologiques ?
Pour ce qui est du complot, je dénonce dans mon roman l’existence bien réelle du Bilderberg. Il s’agit d’une organisation ultra-libérale très discrète qui - si elle ne complote pas - n’en est pas moins la source d’un lobbying inavoué quelque peu troublant... Très peu de journalistes ont le courage de parler de ces espèces de "think tanks" politico-financiers... Pour ce qui est des affirmations théologiques... Je ne suis pas croyant, mais le personnage du Testament des siècles, lui, doute. Je crois justement que la théologie est le domaine dans lequel les affirmations sont les plus déplacées... La foi est une affaire personnelle, où toute forme de prosélytisme me dérange. Mes parents sont croyants, et je respecte leur foi comme ils respectent le fait que je n’en ai pas hérité.

Quelle est votre opinion sur Dan Brown, sur le "Code da Vinci" et "Anges & Démons" ?
Je n’ai lu aucun de ses romans, mais mon épouse a lu le Da Vinci Code pour me dire si nos deux romans se ressemblaient à ce point... Elle m’a rassuré, et je n’en demandais pas plus ! Je n’ai donc aucune opinion particulière sur Dan Brown, si ce n’est que son succès doit lui attirer bien des jalousies, et que je me méfie de tout le mal qu’on peut dire de lui... J’avoue que la
ressemblance entre nos deux romans m’a un peu déstabilisé et ne m’a pas donné envie de le lire. Je préfère passer à autre chose en espérant que mes prochains romans n’auront plus jamais rien à voir avec ce bonhomme...

D’où vient l’idée du thème du "Testament des Siècles" ?
Depuis le milieu des années 90, je cherchais une idée de chute pour un thriller ésotérique. Je suis un grand fan d’Arturo Perez-Reverte et de bien d’autres auteurs de cette famille là, mais je suis toujours un peu déçu par les chutes des thrillers ésotériques. Je cherchais donc une phrase, une seule et unique phrase qui soit une véritable question ésotérico-philosophique. J’ai trouvé cette phrase vers l’an 2000, je me suis aussitôt mis à écrire. Cette phrase est d’une grande simplicité, mais elle a des conséquences assez profondes pour qui veut bien se plonger dans son étude, et jamais elle n’avait été analysée - à ma connaissance - sous cette forme, dans aucun roman. Des milliers de livres et de films imaginent l’exacte opposée de cette phrase, mais jamais celle-ci... Je me suis dit que cela valait le coup de travailler dessus. Certains lecteurs me disent ne pas y avoir été sensibles. D’autres me jurent avoir été bouleversés par les conséquences philosophiques de cette affirmation...

L’intérêt pour le "Testament des Siècles" rejaillit-il sur vos précédents et nouveaux (Gallica) romans ?
A vrai dire, mes autres romans ont mieux marché - pour le moment - que "Le Testament des siècles" ! Ma trilogie "La Moïra" s’est vendue en France – toutes éditions confondues - à plus de 200 000 exemplaires. Mais Le "Testament des Siècles" n’est pas encore sorti en poche, et cela, sans doute, changera la donne. En outre, il sera réédité cet été chez France Loisirs, où mes autres romans ont assez bien marché jusqu’à présent... Ce qui est intéressant, c’est que j’ai rencontré un lectorat assez différent avec le Testament, car mes autres romans flirtent plutôt avec le fantastique, voire la fantasy, et s’adressaient donc plutôt à un public spécialisé. Avec le "Testament", j’ai touché des lecteurs beaucoup plus variés...

Pourquoi un tel succès pour les ouvrages et romans autour de la Bible ?
Peut-être parce que c’est un des textes fondateurs de notre civilisation, mais aussi parce que c’est un texte qui n’a pas seulement un intérêt historique, mais aussi un intérêt spirituel. Il est la fondation de la foi de beaucoup de personnes... En ce qui me concerne, je suis agnostique - voire athée selon les jours - et je n’ai donc foi en aucun Dieu. Toutefois, la Bible me passionne, tout comme la philosophie que l’on attribue à Jésus Christ : un sacré humaniste !

Le roman s’attarde sur les vins et mets lors des repas, une approche épicurienne de l’existence ?
Certainement, encore qu’Epicure était bien moins rigolo que ne le laisse croire l’adjectif dérivé de son nom... Il y a une scène de "bouffe" dans tous mes romans sans exception, un peu en hommage à Chabrol qui a aussi de grandes scènes de repas dans la plupart de ses films. J’aime manger, j’aime boire, j’aime l’ambiance des repas... Ce sont des moments privilégiés de la vie humaine. Des moments de partage intenses, où les gens se découvrent, où les conversations, souvent aidées par le vin, s’envolent et s’élèvent...

Quel est l’intérêt de disposer de son site web personnel pour un auteur ?
Rester en contact avec ses lecteurs, leur donner des infos rapidement et leur permettre de se contacter entre eux s’ils le désirent.

  • Le site d'Henri Loevenbruck (
    www.loevenbruck.net
    )
  • Le site du Testament des Siècles (
    www.testament-des-siecles.com
    )

Dédicaces

Henri Loevenbruck dédicacera ses ouvrages le samedi 25 juin 2005 à la librairie Molière (boulevard Tirou, 68 - tél. 071.32.89.19) à Charleroi.

A lire aussi...

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Jiri Pragman









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