Le pénis dans l'art

Un pénis nu fait toujours sensation et c’est très certainement le cas dans l’art. Pornographie, liberté artistique ou bêtise pure et simple ? À vous de juger. Montrer un pénis nu en mouvement représente encore un véritable tabou.


Il est donc logique que la pièce de théâtre australienne Puppetry of the Penis – The Ancient Art of Genital Origami (que l’on pourrait traduire par Les marionnettistes du pénis – l’art ancestral de l’origami génital, NDT) de Simon Morley et David Friend ait fait autant parler d’elle, d’abord down under, puis au West End à Londres, puis sur le continent. Les "dick tricks" des deux comparses sont tellement hilarants que les spectateurs comme les critiques sont pliés en deux. Morley et Friend plient leur engin de manière former 45 figures différentes : un hot dog, un kangourou, un émeu, un véliplanchiste… tout au long du spectacle.

Qu’il s’agisse d’un art ancestral ne fait aucun doute. Au Japon, le kokigami serait un jeu sexuel très populaire depuis le 8e siècle. Pour augmenter le plaisir, le pénis était plié, de préférence pour représenter un animal reflétant les caractéristiques de l’homme ou de son pénis.

Pièces moulées

Mais c’est loin d’être de l’art, me direz-vous. Mais alors que pensez de Cynthia Plaster Caster, ex-groupie et heureuse propriétaire d’une quarantaine de moulages de pénis célèbres ? Avec beaucoup de professionnalisme, une assistante de Cynthia faisait une fellation à l’homme en question. Ensuite, Cynthia appliquait du plâtre à prise rapide sur le pénis en érection. La pièce maîtresse de sa collection est le "Jimi Hendrix", mais citons également le "Noel Redding" (Lovin’ Spoonful) et le "Clint Poppie" (Dead Kennedy’s).

En suivant l’exemple de Cynthia Plaster Caster, une petite entreprise a commercialisé le Casting Willy, un kit qui vous permet de fabriquer une copie de votre pénis en caoutchouc noir coloré en ambre. On dirait le vrai ! Le kit "Deluxe" vous permet d’y intégrer un vibromasseur et d’utiliser d’autres matériaux (plâtre, cire, chocolat, savon…). Pour seulement 395 dollars, Casting Willy crée une copie en bronze de votre pénis à partir de la copie en caoutchouc.

Dans l'art cinématographique

Ce n’est toujours pas de l’art. Vous avez raison. Le peintre français Renoir peut-être, qui peignait avec son pénis ? Ou Andy Warhol, qui ajoutait parfois du sperme dans sa peinture? Dans le film culte Blow Job, on aperçoit le visage d’un homme à qui on fait une fellation pendant 35 minutes !

Carolee Schneemann a réalisé un court-métrage de 18 minutes, Fuses, où l’on voyait presque exclusivement un pénis nu. Le film français Marquis de Henri Xhonneus, tiré de l’oeuvre du Marquis de Sade, raconte l’histoire d’un pénis qui parle. Dans L'Empire des Sens (1976) de Nagisha Oshima, le film porno ultime pour les intellectuels (sorti en DVD), une femme coupe le pénis de son amant. Les films néerlandais Blue Movie (1971) de Wim Verstappen et Turks Fruit (1973) de Paul Verhoeven comprennent de nombreuses scènes de pénis plus classiques.

À la fin de Boogie Nights (2001), Mark Wahlberg dévoile un sexe énorme, mais il ne s’agit en fait que d’une prothèse en caoutchouc. Dans The Full Monty (1999), on ne voit pas non plus de vrai pénis alors qu’il s’agit justement du thème principal du film.

Pour les plus jeunes d’entre nous : le titre South Park: Bigger Longer & Uncut ("Plus long, plus grand et pas coupé", NDT) fait bien référence aux parties intimes : une petite rébellion de la part des dessinateurs Trey Marker et Matt Stone. Pour les tout petits : sur la jaquette originale de l’édition vidéo de La Petite Sirène, l’une des tours du palais a clairement une forme phallique. Et dans le 2e partie du même dessin animé, pendant la scène du mariage, le pasteur aurait une érection, mais nous n’avons pas vérifié. D’ailleurs, qui cela intéresse-t-il ?

Peinture et photographie

Mais les plus beaux pénis sont ceux peints par les plus grands artistes. Il y a Lucian Freud naturellement, le peintre anglais spécialisé dans les grands nus masculins, mais également Egon Schiele et Picasso, sans oublier Keith Haring et Tom of Finland, tous deux décédés. Tom of Finland est le créateur du dessin érotique. Il a été le premier à dessiner clairement les contours d’un pénis à travers un pantalon et il dessinait parfois également des organes masculins. Des artistes plus modernes ont également attribué une place de choix au pénis dans leur œuvre : Francesco Clemente, Gilbert et George, Cecily Brown, Paul McCarthy…

Dans la littérature moderne, le pénis a été introduit en son temps par Rabelais (Gargantua et Pantagruel) et D.H. Lawrence (Lady Chatterley’s Lover). En ce qui concerne la photographie, Robert Mapplethorpe a une longueur d’avance, en particulier avec son album Cock qui ne dissimule absolument rien. En matière de musique pop, citons Andy Warhol, à l’origine de la célèbre pochette-braguette de l’album Sticky Fingers des Rolling Stones. L’homme bien monté dont on aperçoit l’entrejambe en couverture était l’un des acteurs préférés d’Andy Warhol, Joe Dallessandro.

Et enfin, si l’on considérait le porno comme un art (et il semblerait que ce soit de plus en plus souvent le cas), Rocco More Than Ever serait un véritable chef d’oeuvre. C’est ce qu’on nous a dit en tout cas.

        







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