La Cantratrice chauve

"La Cantatrice chauve" et "La Leçon" sont les deux pièces fondatrices du Théâtre de l’Absurde, celles-là même qui triomphent au Théâtre de la Huchette à Paris depuis plus de... 40 ans, sans interruption. Eugène Ionesco nous a quittés en 1994 mais son théâtre étonne toujours !


En 1948, Eugène Ionesco entreprit d’apprendre l’anglais avec la méthode Assimil : "L’anglais sans peine". Les dialogues entre Mr et Mrs Smith, leurs amis, Mr et Mrs Martin, et leur bonne, Mary, qui constituent l’essentiel de ce manuel, inspirent à l’auteur les personnages et les dialogues d’une pièce dont le titre oscillera longtemps entre "L’heure anglaise", "Une heure d’anglais", et autres "Big Ben folies".

Lors d’une répétition, un comédien commit un lapsus et métamorphosa une "institutrice blonde" en "cantatrice chauve". Ionesco fut séduit, le titre trouvé et adopté. Il suffisait d’ajouter une ou deux répliques : "A propos, la cantatrice chauve ? Elle se coiffe toujours de la même façon".

Théâtre de l’absurde, anti-pièce !

La création de la pièce en 1950 est accueillie par des murmures de mécontentement, des indignations spontanées, des railleries… Le 7 octobre 1952, "La Cantatrice chauve" et "La Leçon" ont été joués pour la première fois ensemble jusqu’au 26 avril 1953. Le 16 février 1957, les deux pièces sont reprises au Théâtre de la Huchette (85 places). Depuis cette reprise, elles ont été jouées sans interruption. En 1979, le Théâtre de la Huchette avec ces deux pièces bat le record mondial de longévité : "La Cantatrice chauve" et "La Leçon" dépassent "La Souricière" d’Agatha Christie. Elles atteindront fin 1987 leur 10.000e représentation.

Et depuis… 15 ou 20.000 représentations aux quatre coins du monde… et un succès qui ne s’est pas démenti.

Dans "La Cantatrice chauve", sa première pièce, Ionesco envisage le langage comme une mécanique absurde qui finit par se détraquer et exploser. Dans sa seconde pièce, "La leçon", l’absurde et le comique existent mais le langage, synonyme de terrorisme, devient l’instrument d’un pouvoir abusif; les mots aboutissent au tombeau (cf la notice sur La leçon dans "Le théâtre complet de Ionesco", La Pléiade).

Source d’inspiration : le livre d’arithmétique de sa fillette Marie-France : "Je me suis dit qu’à partir des éléments les plus simples de l’arithmétique, de l’alphabet arithmétique si je puis dire, on pouvait tirer une pièce", déclara l'auteur. Ces données fournirent l’impulsion initiale. Une "seconde leçon" - celle-ci linguistique - succède à la première : insolite, drôle, inquiétante, qui débouche sur l’orgasme d’un "serial killer".

Ionesco

Fils d’un avocat roumain et d’une mère française, Eugène Ionesco est né le 26 novembre 1909 à Slatima en Roumanie. Il vécut en France jusqu’à ses 13 ans puis retournai vivre à Bucarest avec son père après le divorce de ses parents.

Devenu professeur de français en Roumanie, il quitte son pays natal avec son épouse pour fuir la montée du fascisme. Le couple s’installe en France et Ionesco travaille à une thèse sur "Les Thèmes du péché et de la mort dans la poésie française depuis Baudelaire".

C’est en 1950 que sa première pièce, "La Cantatrice chauve" fut créée. Tant le public que la critique furent déroutés par cette pièce qui ne rencontra guère de succès pendant les premières années. Ses autres pièces, "Les Chaises" (1952), "Victimes du devoir" (1953), "Amédée ou Comment s’en débarrasser" (1954) n’eurent pas plus de succès mais, tout doucement , un certain public devait commencer à le saluer.

Ionesco écrivit encore "Tueur sans gages" (1959) et "Le Rhinocéros" (1958) avant de connaître un important succès avec la création de cette dernière pièce par Jean-Louis Barrault en 1960 à l’Odéon.

Après "Le roi se meurt" (1962), "La Soif et la Faim" (1965) et "Jeux de Massacre" (1970) Eugène Ionesco fut reçu à l’Académie française (1970). Il écrivit encore "Macbett" (1972). Eugène Ionesco est décédé le 28 mars 1994.

A Bruxelles

"La Cantatrice chauve" et "La Leçon"
Théâtre royal du Parc
Rue de la Loi, 3 – 1000 Bruxelles
Du 13 janvier au 12 février 2005
Tous les soirs à 20h15 sauf les lundis, les 16, 23 et 30 janvier, les 6 et 12 février. En matinée à 15h les 16, 19, 23 et 30 janvier, les 5 et 12 février.
Location (de 11h à 18h) : 02.505.30.30.

Mise en scène : Pierre Fox.
Décors et costumes : Jean-Marie Fiévez.
Avec Gwen Berrou, Bernard Cogniaux, Pierre Dherte, Bruno Georis, Lorette Goosse et Martine Willequet (La Cantatrice chauve) - Catherine Claeys, Jacques Viala  et Stéphanie Van Vyve (La Leçon).

Robert Derumes









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