La sexualité chez les seniors

"Lorsqu'on est vieux, on n'a plus besoin de sexe". Cette affirmation pourrait résumer l'attitude de notre société occidentale face à la sexualité des seniors... et de leurs parents. Les raisons de cette manière de penser sont multiples. La sexualité des parents reste un sujet tabou. Les parents sont asexués pour leurs enfants jusqu'à ce qu'eux-mêmes atteignent l'âge de maturité sexuelle.


Pourquoi un tabou? Principalement en raison de notre éducation : les rapports sexuels servent à se reproduire, à perpétuer la "race", à fonder une famille, à faire des enfants. Tout ce qui s'en écarte acquiert des relents de perversité : l'homosexualité, le plaisir. Le sexe pour le plaisir, c'est bien quand on est jeunes et beaux, après cela devient suspect!

Chez les personnes du 3e ou 4e âge, les études montrent pourtant que l'activité sexuelle, si elle diminue en quantité, augmente en qualité. Les femmes sont moins angoissées à propos de leur corps; plus détendues, elles peuvent avoir davantage de plaisir. Si l'on parle parfois d'usure dans la relation, on constate néanmoins que les relations sexuelles chez les personnes qui sont ensemble depuis longtemps ont tendance à être de meilleure qualité. Et, comme les enfants ont quitté le nid, le couple peut consacrer davantage d'énergie à sa relation.

Chez la femme, les chiffres s'avèrent étonnants puisque la fréquence des orgasmes augmenterait chaque 10 ans jusqu'à 80 ans. Quant aux hommes souffrant d'éjaculation précoce, l'âge serait un atout.

La maladie peut constituer un frein à l'activité sexuelle. Les personnes ayant eu un cancer souffrent bien souvent de dépression, qui diminue fortement l'intérêt pour le sexe. Les problèmes de prostate chez les hommes provoquent également un diabète, cause importante d'impuissance. Les cardiaques ont peur de reprendre une activité sexuelle. Même une intervention chirurgicale peut devenir prétexte à l'arrêt de la sexualité. La crainte de l'échec peut faire définitivement renoncer au sexe. On le voit, les causes physiologiques sont bien souvent de moindre importance que les causes psychologiques. L'impuissance et la frigidité sont généralement traitées par une meilleure communication entre les partenaires, et ce, à tout âge.

En institution

Les personnes âgées autonomes ont la chance de pouvoir conserver leur liberté de faire ou non l'amour. Par contre, dès qu'elles entrent en institution, on considère qu'elles n'ont plus qu'à renoncer à cet aspect de leur vie. Les pensionnaires eux-mêmes ont tendance à considérer que, n'ayant plus d'utilité pour la société, ils n'ont pas à revendiquer une intimité et une quelconque activité sexuelle. Les maisons de repos adoptent des attitudes très différentes par rapport à cet aspect de la sexualité chez leurs patients. De la permissivité à l'interdiction totale.

"Jusqu'à quel âge peut-on faire l'amour? Jusqu'à ce que les yeux se ferment pour toujours " affirmait Denise Badeau, professeur de sexologie à l'Université du Québec à Montréal. A méditer… A appliquer…

Julia Limbourg









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