Vous avez dit bioconstruction?

La démarche interpelle, les mots se bousculent et les questions fusent : de quoi s'agit-il, quels termes utiliser et comment évoluer dans un secteur mal connu où passion et raison paraissent davantage s'affronter que s'entendre ? Voici quelques clés pour mieux comprendre le sens d'une terminologie relativement disparate.


Construction durable : il convient de prendre le terme "durable" dans un sens extrêmement large et plutôt éloigné de la notion du durabilité. Dans une construction durable, on ne considère pas la valeur économique comme une priorité celle-ci allant à des matériaux (et aussi des techniques) susceptibles de procurer du bien-être aux occupants, de ne pas provoquer de nuisances pour l'environnement et de se prêter éventuellement à un recyclage. Avec certaines réserves : par exemple, il ne faut pas que ces spécificités entraînent, lors de la production, la transformation et la récupération de ces matériaux une consommation énergétique sensiblement supérieure à celle de matériaux équivalents mais qui ne présentent pas ces caractéristiques écologiques. Par ailleurs, un matériau reconnu durable n'implique pas nécessairement de coût supplémentaire.

Renouvelable : ce qualificatif doit être pris dans un sens relativement restreint car il existe des produits ou des matériaux (pétrole, pierre naturelle) qui sont effectivement renouvelables mais dont on connaît en principe les réserves et dont la fin de l'exploitation est prévisible. Les énergies et les matériaux renouvelables sont ceux qui, par leur essence même, ne connaissent pas de limite dans le temps, sauf modifications fondamentales de la planète. Exemples : calories solaires, énergie éolienne, essences communes de bois et autres matières d'origine végétale.

Bioconstruction : il n'existe pas de normes officieuses ou de prescriptions imposées pour définir une telle construction, chaque jour apportant des éléments nouveaux dans ce domaine. Mais la bioconstruction privilégie les matériaux non nuisibles pour l'environnement et l'être humain et est conçue de façon à réduire au maximum les consommations énergétiques : recours aux énergies alternatives, isolation raisonnable, habitudes comportementales, certains choix acceptés par les occupants, restrictions éventuelles au niveau des équipements, station individuelle d'épuration de l'eau, récupération des eaux pluviales, etc.

Géo-bioconstruction : les maîtres d'ouvrage d'une telle construction font appel à un géobiologue qui effectue une pré-étude du terrain (avant l'achat de préférence) portant sur l'orientation, la situation, les champs magnétiques, la présence d'eaux souterraines,.... Il peut déconseiller d'acquérir le terrain s'il estime qu'il affectera la salubrité de l'habitat ou, prescrire des correctifs pour remédier à certaines faiblesses géologiques de l'emplacement. Il donnera également des conseils quant à l'agencement intérieur pour échapper à certaines nuisances d'origine géobiologique ou dues à des éléments extérieurs (proximité de lignes à haute tension par exemple). Ces interventions ne relèvent pas d'une science exacte à proprement parler, la requête des maîtres d'ouvrage reposant plutôt sur des convictions personnelles ou d'avis recueillis auprès de tiers. La construction proprement dite est généralement effectuée dans le respect des règles de la bioconstruction.

Construction écologique : il s'agit plutôt d'un ensemble de choix effectués par les maîtres d'ouvrage et l'architecte visant à sélectionner des matériaux et des systèmes générant le moins de nuisances possible pour l'environnement et ce, au niveau de l'origine, du traitement et de la finition de ces matériaux ou lors de l'exploitation des équipements fonctionnels. Une formule qui peut se révéler très gratifiante sans s'astreindre à des diktats parfois excessivement contraignants.

Construction bioclimatique : l'essentiel des options porte sur une exploitation ciblée de tous les "plus" liés aux éléments et au régime climatiques propres au lieu : trajectoire du soleil (périodes d'ensoleillement et leur positionnement), ouvertures disposées prioritairement dans le but de les exploiter au maximum, murs aveugles, volume construit partiellement enterré, utilisation maximale du bois pour l'ossature et les parois (éventuellement), exploitation organisée de l'énergie passive et de l'inertie thermique.

Architecture organique : cette expression architecturale réside essentiellement dans une véritable fusion entre la construction et son environnement immédiat et plus lointain (paysage). Le terme organique concerne exclusivement une démarche formelle qui puise totalement son inspiration dans la nature. Les formes sont donc, par voie de conséquence, fluides, arrondies, enveloppantes. Le bois constitue généralement le matériau de base tandis que maître d'ouvrage et architecte s'accordent sur les options à prendre quant au respect du milieu.

Habitation géothermique : ainsi que cette appellation le laisse entendre, l'attention se porte principalement sur l'aspect énergétique et l'utilisation optimale des énergies terrestre, solaire ou aquatique. Après une sorte de passage à vide, le recours à ces différentes possibilités connaît un regain d'intérêt en raison de la mise sur le marché de nombreux matériels devenus plus performants et qui s'avèrent rentables, au moins pour la production de l'eau chaude sanitaire et le chauffage de l'eau des piscines. Ceux que tente la formule s'intéresseront donc au développement des pompes à chaleur eau-eau, terre-eau ou air-eau, en retenant que le patrimoine naturel de notre pays se prête parfaitement à ces types d'exploitation. Mais il faut encore compter avec un surcoût (en voie de diminution) quand il s'agit du chauffage, ce qui peut être atténué par l'octroi de primes diverses.

Pour une application opportune de ces technologies et autres philosophies environnementales, l'information et la comparaison constituent des atouts indispensables que l'on peut matérialiser par une visite à Batibouw 2004 ciblée sur le sujet et à bien préparer afin de la rendre totalement profitable.

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