La chirurgie esthétique et les Belges
En Belgique, près de 16% des femmes et 8% des hommes ont déjà fait appel aux traitements et à la chirurgie esthétiques pour changer leur apparence. De plus en plus de personnes y ont recours et la chirurgie esthétique devient littéralement plus "populaire". Pourtant, il existe des risques.
5.000 personnes interrogées
Test-Achats a recueilli les témoignages de 5.000 personnes dans 4 pays, dont une partie avait eu recours à un(e) intervention/traitement esthétique. Seuls ceux qui ont eu lieu dans les 5 dernières années ont été pris en compte dans les résultats. A noter que les personnes qui ont recours à la chirurgie reconstructive ne sont pas reprises dans l’enquête.
Pour la Belgique, 1.250 personnes ont participé à l’enquête, ce qui constitue un échantillon représentatif de la population pour ce qui est de l’âge, du sexe, de la région et du niveau d’éducation.
Une pratique "populaire"
Dans les médias, des annonces apparaissent toujours plus nombreuses concernant les traitements (par exemple les injections de Botox, …) et les opérations pour changer d’apparence chez les femmes ainsi que chez les hommes.
Ce "marché" de la chirurgie esthétique connait ses "affaires". Régulièrement, des messages négatifs sont émis dans la presse, évoquant des chirurgiens pour lesquels des complications sont apparues chez leurs patients.
Le total du nombre d’interventions esthétiques est difficile à évaluer. Les remboursements de l’INAMI pour les interventions ont augmenté pour passer de 78.000 en 1995 à 110.000 en 2006. Mais beaucoup d’interventions ont lieu dans des cliniques et des cabinets privés et ne sont pas enregistrées et donc pas comptabilisées dans les chiffres.
Les femmes et les hommes y ont recours…
En Belgique, près de 16% des femmes et 8% des hommes font appel à la technique pour changer leur apparence. Selon l’enquête, 21% des femmes et 18% des hommes se disent gênés par leur apparence dans leurs relations avec les autres.
Les femmes sont plus exigeantes avec leur corps que les hommes. Même si ceux-ci sont également très soucieux de leur apparence. 59% des femmes (contrairement à 38% des hommes) se disent continuellement préoccupérs par leur poids. Cette préoccupation apparaît également dans le top 5 des interventions et des traitements esthétiques les plus populaires des personnes y ayant eu recours.
Chez les femmes, on retrouve:
- le traitement au laser (19%);
- la liposuccion (17%);
- la correction des paupières (15%);
- les injections antirides avec produits résorbables (11%);
- la réduction mammaire (10%).
Chez les hommes, le top 5 est tout autre:
- la correction nasale (25,5%);
- la correction du menton (12%);
- la correction des oreilles décollées (9,5%);
- la correction des paupières inférieures (8%);
- le peeling chimique (8%).
Pourquoi changer d'apparence?
Autant les femmes que les hommes donnent comme motif principal que quelque chose dans leur apparence ne leur plaisent pas et qu’ils voulaient la changer (43%). Les raisons fonctionnelles (par exemple les maux de dos, des problèmes respiratoires) s’élèvent chez les hommes à 34% et vient en 2e position. Chez les femmes, ces raisons fonctionnelles sont citées en 3e position (16%). "Pour me sentir mieux" est donné comme motif par à peu près autant d’hommes (18%) que de femmes (19,5%).
25% des personnes interrogées et qui ont subi une opération ont choisi cla filière des cliniques et cabinets privés. Il n’existe aucune législation spécifique. Dès lors, tout titulaire d’un diplôme légal de médecine peut encore exercer la chirurgie esthétique en Belgique. Ainsi des médecins de famille exercent des liposucions. Or, nombre de prestations d’ordre esthétique sont en faite considérées comme des interventions lourdes requérant une réelle spécialisation, la maîtrise des techniques utilisées et la capacité à faire face aux complications éventuelles. Par ailleurs, cliniques et cabinets privés ne sont toujours pas soumis aux mêmes critères que les hôpitaux tels que l’encadrement, la sécurité, les installations.
Des complications possibles
Offrir une partie de son corps au bistouri ou au laser comporte toujours une part de risques. Outre les effets secondaires normaux (enflure, cicatrices,…) l’anesthésie (si nécessaire) peut être mal supportée, une infection peut subvenir, la peau peut se nécroser, des pertes de sensations à des parties de peau peuvent subvenir, à côté d’autres complications.
Dans le cas de la réduction mammaire, le pourcentage d’effets secondaires peut s’élever à 26% et les vraies complications constituent 21% des cas. Chez les femmes qui font une augmentation mammaire, l’étendue des effets secondaires est tout aussi grande que les complications (23%). Pour la liposuccion, il est apparu que dans 37,5% des cas, des effets secondaires sont apparus et, dans 12,5 % des cas, il y a eu des complications. Pour 90% des cas, les complications ont été de nature passagère.
Satisfait mais sans une plus grande qualité
de vie
61% des femmes et 24% des hommes ayant déjà eu recours à un traitement esthétique ou à une opération, souhaitent encore en subir un(e) dans l’avenir. 18% des femmes et 7% des hommes qui n’ont jamais fait d’intervention esthétique déclare leur intention d’y recourir.
Les scores le plus important en satisfaction sont enregistrés pour l’augmentation mammaire (87%), les injections de botox (82%), la correction nasale et l’abdominoplastie (chaque fois 70%), la correction des paupières et la réduction mammaire (68,5 et 67%).
Le pourcentage de satisfaction diminue fortement quand on aborde les traitements esthétiques, dont l’effet est temporaire. Les personnes ayant eu recours à la chirurgie disent qu’elles sont clairement satisfaites de leur apparence et disent avoir une meilleure qualité de vie, mais à peine supérieure (5%) à ceux qui souhaiteraient se faire opérer mais ne l’ont pas encore fait. Les personnes qui ont eu recours aux traitements esthétiques, semblent satisfaites de leur apparence, mais ne rapportent pas une plus grande qualité de vie.
Les 5 revendications de Test-Achats
Test-Achats qui a réalisé cette enquête revendique une une législation spécifique définissant précisément le degré de formation obligatoire ainsi que les compétences requises pour chaque type d’intervention. Selon l'association de consommateurs, les cliniques privées et cabinets médicaux devraient être soumis à des normes minimales de qualité et de sécurité ainsi qu’à des contrôles officiels et à des sanctions le cas échéant tout comme les hôpitaux.
Les instituts de beauté devraient se limiter à des actes non médicaux. Certaines techniques tels que les traitements laser, injections exigent toujours un minimum de compétences médicales et un suivi adéquat.
Par ailleurs, le corps médical concerné devrait, en outre, être tenu d’informer correctement les patients sur les effets secondaires et complications possibles.
Enfin, l'association de consommateurs estime que les publicités tapageuses et exagérément positives pour ce genre d’interventions devraient être interdites.