Catacombes de Paris: la mort dans son plus simple appareil

C’est l’un des lieux les plus étranges de la capitale, rouvert au printemps après 3 mois de restauration. Une galerie souterraine où se mêlent les tableaux, les mises en scène, les émotions. Ce réseau humide et pierreux enfoui sous le pavé abrite quelque 6 millions de Parisiens, soit 3 fois plus que la population actuelle. Ici, c’est pas métro, boulot…, juste dodo... Osez donc, comme 253.000 visiteurs l’an dernier, la descente dans les Catacombes.


L’escalier en colimaçon qui vous plonge 20 mètres sous terre semble interminable. L’impatience de la découverte vire très vite au tournis et c’est la tête un peu à l’envers que l’on parvient après deux minutes de descente au point de départ de la visite.

L’origine des Catacombes remonte à la fin du XVIIIe siècle, lorsque pour cause d’insalubrité dans le quartier des Halles, le cimetière des Innocents dût fermer. Les ossements des défunts furent alors transférés dans les carrières de calcaire du sud de la capitale, au lieu dit La Tombe-Issoire.
D’autres cimetières fermeront, pour des raisons similaires, et des millions d’autres ossements viendront jusqu’en 1860 s’enchevêtrer ici, de façon rectiligne, presque comme dans une cave à vins, offrant aux visiteurs une mise en scène artistico-macabre. Les restes de quelques 6 millions de Parisiens, célèbres et anonymes, reposeraient ici.

La mort en scène

Le chemin qui mène à l’ossuaire est étroit, obscur, parsemé de gravillons et de flaques. Le plafond culmine à deux mètres à peine, les stalactites caressent nos crânes… Les flèches disposées entre 2 inscriptions dans la pierre et les lueurs émises par l’éclairage artificiel semblent annoncer que la rencontre avec l’au-delà est proche.

La voix des promeneurs se fait soudain plus douce et seul résonne encore derrière nous l’écho de nos pas. L’impression d’ailleurs est réelle. Les appareils photos sortent des étuis, "immortalisent" l’instant et ce décor extraordinaire. Les portes de l’ossuaire sont ornées de losanges blancs sur fond noir. Sur le linteau apparaît cet alexandrin: Arrête, c’est ici l’empire de la mort. Les premières séries d’os et de crânes apparaissent, la mort, de fait, saute aux yeux dans son plus simple appareil. La scène peut choquer, sans outrance toutefois, adoucie par cette disposition d’ossements régulière, quasi esthétique.

Autels et sculptures

Les plaques commémoratives se succèdent, matérialisent les cimetières, quartier par quartier. Après l’étonnement vient l’heure du recueillement. Les couloirs mènent aux salles, les linéaires aux calvaires. Parmi les multiples curiosités du circuit figure la crypte du Sacellum et son autel imité des tombeaux antiques, mais aussi la lampe sépulcrale, le sarcophage factice dédié au poète Gilbert, ou encore des stèles commémorant les massacres de la Révolution Française.

A voir également, cette création improbable, géante, sculptée dans la pierre. Il s’agit d’une maquette de la forteresse de Port-Mahon, ville des Baléares où le carrier Décure, vétéran des armées de Louis XV, aurait été un temps prisonnier. Mise en valeur par un puits de lumières, l’œuvre est l’une des images fortes de la visite.

Sans vous dévoiler tous les secrets des Catacombes, sachez que le site accueille jusqu’au 1er mars 2009 une exposition intitulée Ci-gisent les Hommes célèbres, consacrée comme son nom l’indique aux personnalités du Paris d’antan que l’on suppose reposant ici. Telles Rabelais, La Fontaine, Lavoisier, ou encore Robespierre et le Masque de Fer…

Infos pratiques

Catacombes de Paris
1, av. du Colonel-Henri-Rol-Tanguy
14e arrondissement

Accès depuis le Métro et RER B, station Denfert-Rochereau.

Ouvert du mardi au dimanche de 10 h à 17 h.

Tarifs : 7 euros, 5,50 euros (réduit), 3,50 euros (de 14 à 26 ans), gratuit (moins de 14 ans). Conférences, visites guidées, individuelles ou en groupe.

Tél. +33 (0)1 43 22 47 63.

Louis-Cyril Tharaux

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