Cracovie, rendez-vous avec la plus étonnante des polonaises

Miraculeusement épargnée par les bombardements, préservée par la folie architecturale soviétique, Cracovie possède l’un des centres historiques les mieux conservés d’Europe de l’Est, classé à ce titre par l’Unesco. Vive, profondément culturelle, riche en espaces verts, l’ancienne capitale de Pologne, qui fît de Jean-Paul II son archevêque, est l’une des destinations touristiques les plus surprenantes du moment. 


Si elle faisait déjà tourner la tête de Copernic, Cracovie n’a sans doute jamais bénéficié d’une telle aura qu’en ces années 2000. Située au sud du pays, sur la Vistule, la princesse de Voïvodie est en ce début de millénaire la fiancée des touristes. Son sacre de reine culturelle du continent, décerné en 2000, l’a propulsé au 1er rang des destinations polonaises puis très vite parmi l’élite des escapades européennes.

La rencontre avec Cracovie balaie d’un revers de main la vision grise et austère que nous renvoie parfois la Pologne. La ville marie les couleurs, connaît la ferveur. Illustration dans les rues Grodzka et Florianska, qui voient déferler les inconditionnels du shopping, des galeries d’art et des librairies. Illustration surtout sur le Rynek Glowny (la grand-place), qui incarne à merveille ce bouillon de vie local.

Rynek, la démesure

L’immense esplanade alterne façades teintées de bleu et le jaune dominant de la Halle aux Draps. Remanié au fil des siècles, notamment par le sculpteur italien Giovanni Maria Padovano, qui le surmonta d’un splendide attique, cet imposant édifice longé d’arcades semble sorti d’un théâtre florentin. Il est avec l’église Notre-Dame et le beffroi l’une des attractions phares du Rynek. La Halle abrite aujourd’hui une centaine de mètres d’échoppes vouées aux habits folkloriques, aux colliers en ambre et aux jeux en bois.

Côté ambiance, le Rynek affiche sa joie de vivre. Les brasseries et salons de "café", boisson reine ici, disposent d’une vue imprenable sur les marchandes de fleurs, les vendeurs ambulants de Pretzle et Bajgle (couronnes de pains épicés), les musiciens, les calèches et les figures libres des pigeons. Les visiteurs d’un jour se font photographier devant la statue du poète Adam Mickiewicz tandis que les habitants organisent foison de concerts, parades, et expositions.

Planty, poumon vert

Venir à Cracovie, c’est également l’assurance d’un grand bol d’air. Donnez-vous le temps de sillonner les planty, ces étendues vertes et boisées établies à l’emplacement des anciens remparts. Découvrez en lisière le parc Jordan, avec son plan d’eau, son ambiance familiale, ses bustes de personnages célèbres. Ou optez pour une excursion à vélo sur les bords de la Vistule. Là, au pied du monumental Wawel, le château Royal, et du dragon Krak, emblème de la ville (qui selon la légende, dévorait les hommes et les moutons), vous pourrez vous asseoir sur les pelouses exposées plein sud et entamer une partie d’échecs.

Si, en outre, une randonnée ne vous fait pas peur, chaussez-vous confortablement et grimpez jusqu’au Tertre de Kosciuszko, qui culmine à 333 mètres, par delà une allée longue et pentue bordée de marronniers. Elevé "par la volonté du peuple" entre 1820 et 1823, la colline est entourée de fortifications. De là-haut, la vue est magique, et l’ascension, inoubliable…

Jean-Paul II, l’icône

Ascension, un mot à prendre au sens le plus biblique du terme, dans cette ville pieuse, catholique à 97%. Cracovie invite au recueillement tous azimuts. Elle compte une centaine de clochers dont une soixantaine en son cœur. Parmi les plus remarquables, citons la cathédrale des Saints Waclaw et Stanislas, lieu du couronnement des rois, érigée dans les fortifications du château, ou encore les églises Saints Pierre et Paul, et le cloître des Frères Paulins de Skalka.

La foi catholique, sur ce territoire de 700.000 habitants, est d’autant plus intense qu’un enfant du pays, Karol Woltyja, fût nommé évêque puis archevêque de Cracovie dans les années 60 avant de devenir Pape en 1978 sous le nom de Jean-Paul II. Un itinéraire retrace aujourd’hui les grands moments de la vie du Saint-Père à travers 26 lieux essentiels, depuis le Grand Séminaire à la basilique Saint-Florian, en passant par l’université Jegelonne.

Kazimierz, mémoire juive

Quasi monothéiste, Cracovie ne l’a pas toujours été. Jusqu’à la période nazie en effet, il y régnait la pluriconfessionnalité. La communauté juive orthodoxe, en particulier, installée dans le quartier de Kazimierz depuis le XVe siècle, tenait un rôle important dans la société. Elle comptait jusqu’à l’invasion allemande de 1939 plus de 64.000 personnes, soit un quart de la population. De nombreuses scènes du film La liste de Schindler, de Steven Spielberg, 7 fois primé aux Oscars, ont été tournées ici, dans les rues Szeroka, Ciemna, entre la vieille synagogue et la place Nowy.

Kazimierz est devenu un haut lieu de mémoire. Parallèlement, ce quartier quelque peu excentré a repris vie au fil des années. Attachant, populaire, il est désormais le rendez-vous préféré de la jeunesse cracovienne, un repaire d’artistes, et une scène pour évènements insolites où l’ambiance va crescendo de la fin d’après-midi jusqu’à l’aube.

Dans les environs de Cracovie

Camp d’Auschwitz-Birkenau. Affreusement célèbre. Lieu par excellence du devoir de mémoire. Situé à 60 km à l’ouest de Cracovie, sur les communes d’Oswiecim et Brzezinka, nom polonais de ces villes à l’époque en territoire allemand. Ce fut le plus grand camp d’extermination du IIIe Reich. Plus d’un 1,5 million de détenus périrent ici, dont 1 million de juifs.

Kopalnia Soli (Mine de sel) – Ul. Danilowicza 10, Wieliczka. Il s’agit de la plus ancienne mine de sel du monde, exploitée dès le XIIIe siècle et jusqu’en 1996. Les touristes s’y bousculent. Elle s’étend sur 9 niveaux de souterrains, sur 300 km de galeries. La visite dite "classique" dure 3 heures. L’improbable vous attend à chaque niveau. A l’image de ce restaurant enfoui à 125 mètres, de cet établissement de balnéothérapie, et de cette chapelle en sel, dédiée à Sainte Kinga (Cunégonde), patronne des mineurs, qui peut accueillir 500 fidèles.

Infos pratiques

Avant de partir…

A Bruxelles :
Office National Polonais de Tourisme,
Avenue de la Renaissance, 20
Tél. +32 (02) 740 06 20
Site web :

www.pologne.travel/fr-be

A Paris :
Office National Polonais de Tourisme
9 rue de la Paix – 75002 Paris
Tél. +33 (01) 42 86 00 67.
Site web :

www.pologne.travel/fr

  • Site de la Ville de Cracovie :
    www.krakow.pl/fr/
  • Site de l’Office de Tourisme de Cracovie :
    www.krakow-info.com

Comment s’y rendre

Les compagnies aériennes à bas-coût se pressent sur Cracovie. L’aéroport Jean-Paul II deviendra très prochainement le premier hub low-cost d’Europe.

  • Depuis Bruxelles. Wizz Air propose des vols A/R à partir de 70 Euros. Plus d’infos sur
    www.wizzair.com
    .
  • Depuis Paris.  Easyjet propose des vols A/R à partir de 80 Euros. Plus d’infos sur
    www.easyjet.com
    .

Où passer la nuit

Voici 2 établissements appréciés de la clientèle francophone et idéalement situés dans Cracovie, au pied de la cathédrale et du château royal.

  • Novotel Centrum, ul. Tadeuska Kosciuski 5. Tel: +48 (12) 299 29 00 – E-mail :
    H3372@accor.com
  • Ibis Centrum, ul. Syrokomli 2. Tel: +48 (12) 299 33 00 – E-mail :
    H3710@accor.com

Monnaie

La monnaie en vigueur est le zloty, divisé en 100 groszy. Le taux de change est actuellement de 3,30 zlotych pour 1 euro. L’adhésion à l’Union Européenne en 2004 implique une adoption de l’euro à terme. La bascule n’interviendra sans doute pas avant 2010.

Louis-Cyril Tharaux


 









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