Berlin, ville de tous les possibles

Le Mur de Berlin, la porte de Brandebourg, la scène électro, l’île aux musées, les cafés mode et cinémas comme autrefois : à Berlin, il y en a pour tous les gôuts et tous les porte-monnaies.


Malgré son histoire hors du commun, Berlin n’a rien d’une métropole européenne. Il y fait plus bon vivre que bon travailler. Les Berlinois vivent au rythme de leur quartier de prédilection et profitent d’un offre culturelle foisonnante que la précarité ambiante ne saurait tarir. Ville de tous les possibles, Berlin bénéficie plus que jamais d’une image de ville jeune.

Fondée en 1237, de la fusion des deux bourgs Cölln et Berlin, Berlin ne deviendra résidence royale qu’en 1701. La "capitale prussienne" s’affirmera alors doucement, avant de devenir le théâtre de la République de Weimar et du "Berlin des années 20". Des tragédies du IIIe Reich et de la Seconde Guerre mondiale, la ville en ressortira détruite et divisée. Longtemps tiraillée entre l’Est et l’Ouest, puis capitale de l’Allemagne depuis la réunification en 1990, Berlin connaît aujourd’hui un nouveau souffle.

Avec une superfice de 889 km², Berlin est 8 fois plus grande que Paris et compte 3,5 millions d’habitants. Près de 20 ans après la réunification, son économie est encore en plein redressement : peu d’industries, hormis un secteur des BTP (bâtiment et travaux publics) très développé, mais un retour des sièges sociaux de grands groupes allemands dans la capitale.

"Ville-état", Berlin est l’un des 16 länder de la République Fédérale d’Allemagne. Elle possède une chambre régionale et un gouvernement, le Sénat berlinois, à la tête duquel se trouve le Maire, Klaus Wowereit. La ville se compose d’arrondissements ou "Bezirke", organisés en conseils municipaux, et présentant chacun une identité bien particulière.

A chacun de prendre le temps de se saisir de cette ville qui se cherche.

Remonter l’avenue des incontournables

Rendez-vous est donné sur la place Alexanderplatz. Difficile de reconnaître l’"Alex" des années 20 décrite par Alfred Döblin dans son roman Berlin Alexanderplatz. Difficile également d’imaginer qu’ici battait le coeur de Berlin Est du temps de la RDA. Pourtant, tout y est : la tour de télévision (Fersehturm) domine de ses 365 mètres d’autres éléments architecturaux rappelant l’ère socialiste tels que l’horloge universelle (Weltzeituhr), la Fontaine de l’Amitié entre les peuples, la frise de la Maison de l’enseignant (Haus des Lehrers) ou encore les statues de Marx et Engels, en face de la Mairie. Mais la grande esplanade bordée de nouveaux centres commerciaux ressemble surtout à un perpétuel chantier. La ville de Berlin y prévoit d’ailleurs la construction de gratte-ciel d’ici à 2020.

Tandis que les uns opteront pour la montée en ascenseur jusqu’au restaurant rotatif "made in DDR" de la tour de télé, les autres pousseront la porte de la Mairie Rouge (Rotes Rathaus) pour en découvrir les salles de réception aux vitraux représentant les blasons des länder allemands. C’est le siège du Sénat berlinois, gouvernement de la "ville-état" qu’est Berlin.

De là, le squelette d’acier et de béton d’un bâtiment situé sur l’autre rive de la Spree accroche le regard : il s’agit du Palais de la Republique. Le régime de RDA avait fait construire le siège de son Parlement sur l’emplacement du château des Hohenzollern, fortement endommagé par la Seconde Guerre mondiale. Après de coûteux travaux de désamiantage de 1998 à 2001, les parlementaires allemands ont finalement décidé de la destruction du bâtiment et de la construction d’un centre culturel dont la façade rappellera le chateau prussien d’antan. La démolition controversée est d’autant plus coûteuse qu’il faut éviter la déstabilisation de la cathédrale voisine, le Berliner Dom, qui se laisse admirer à merveille depuis le jardin Lustgarten.

Le visiteur pourra là se laisser tenter par l’"île aux musées", dont la renommée des collections n’est plus à faire, se plonger dans l’histoire de l’Allemagne au musée national voisin (deutsches historisches Museum -

www.dh-museum.com
) ou remonter l’artère principale de l’ancienne capitale prussienne, la fameuse avenue "sous les Tilleuls" (Under den Linden). Les bâtiments y semblent tous plus intéressants les uns que les autres.

Sur la droite, entouré de marronniers, le Nouveau Corps de Garde ou "Neue Wache", édifié début XIXe par Schinkel, constitue depuis 1993 le "Mémorial de la République Fédérale allemande en hommage aux victimes de la guerre et de la dictature". Un peu plus loin, toujours sur la droite, l’université Humboldt - une des trois universités berlinoises - accueille aujourd’hui quelque 20 000 étudiants... et nombre de bouquinistes dont les étalages faits de cartons de bananes sont tradition. En face, la place Bebelplatz, avec l’opéra Deutsche Staatsoper, le 1er théâtre lyrique allemand édifié indépendamment d’un château au milieu du XVIIIe siècle. Au centre de la place, un mémorial rappelle l’autodafé perpétré le 10 mai 1933 par les nazis, qui brûlèrent alors près de 20 000 ouvrages jugés "dégénérés".

De là, un crochet vers le sud est possible, direction Gendarmenmarkt, une place aux églises jumelles considérée comme le plus bel exemple d’architecture néo-classique à Berlin. A noter en passant l’ambassade belge, aux -53 de la rue Jägerstrasse (

www.diplomatie.be/berlin
). Les églises jumelles de la place furent construites début XVIIIe pour la communauté réformée allemande et pour les 20.000 huguenots français venus à Berlin après l’abrogation de l’Edit de Nantes. Le Französischer Dom accueille aujourd’hui le Musée des Huguenots (
www.franzoesischer-dom.de
), tandis que le Deutscher Dom abrite une exposition dédiée à l’histoire de la République allemande et d’accès libre (
www.bundestag.de/htdocs_f/visiteurs/...
). Au centre de la place se trouve la salle de concerts Konzerthaus, initialement conçue comme un théâtre par Schinkel début XIXe. Les uns pourront profiter des nombreuses terrasses de la place ; les autres rendront peut-être visite à l’inconournable chocolaterie voisine, au 10 de la rue Mohrenstrasse (
www.fassbender-rausch.de
).

Mais de la place Bebelplatz, il est également possible de s’en aller sur l’avenue, sous les tilleuils, de palais en palais, découvrant les ambassades à l’approche de la porte de Brandebourg. Symbole de Berlin, elle fut construite fin XVIIIe. Son quadrige représentant la déesse de la victoire fut revendiqué par Napoléon comme par Hitler : les détails peuvent certainement être soutirés à l’ambassade française voisine...

Les plus courageux pourront se lancer dans l’ascension de la coupole du Reichstag, juste derrière la Porte, voire prolonger la promenade jusqu’à la Chancellerie, elle-aussi le long de la Spree.

 

Flâner à Berlin Ouest

Rendez-vous à la coquette station de métro Wittenbergplatz (ligne U1), réalisée en 1911 par Alfred Grenander, l’architecte suisse qui conceptualisa une grande partie du métro berlinois.

A la sortie de la station, côté Tauentzienstrasse, vous êtes au pied de l’imposant Kaufhaus des Westens. Plus grand magasin d’Europe après Harrodds à Londres, ce temple de la mode conceptualisé par l’architecte Johann Emil Schaudt a fêté ses 100 ans à grand renfort de paillettes en 2007. Le "KaDeWe" décline un choix de marchandises au superlatif sur 8 étages et 60.000 m² de surface de vente. Le dernier étage offre aux gourmets et autres curieux une vue magnifique sur la ville et l’ Eglise du souvenir.

L’Eglise du Souvenir ("Kaiser-Wilhelm-Gedächniskirche") dévoile aujourd’hui encore son clocher ravagé par les bombardements alliés de 1943. La ville de Berlin a en effet préféré ne pas restaurer l’édifice religieux érigé fin XIXème et consacré à l’empereur Guillaume Ier, offrant ainsi un témoignage saisissant des destructions de la Seconde Guerre mondiale. Depuis 1961, un campanile moderne réalisé par l’architecte Egon Eiermann accompagne la ruine du clocher. De quoi faire jaser les Berlinois sur le "bâton de rouge" et le "poudrier" qui escortent la "dent creuse".

A hauteur de l’Eglise du souvenir, la rue Tauentzienstrasse laisse place la longue avenue Kurfürstendamm ("allée des princes électeurs"), longtemps renommée pour sa vie mondaine et nocturne. Ses cafés, théâtres et cinémas firent les grandes heures du Berlin des années 20. Le "Ku’Damm", comme le surnomment les Berlinois, a su renaître de ses cendres après la Seconde Guerre mondiale, devenant la vitrine de Berlin Ouest. Aujourd’hui encore, il fait bon flâner sur le Ku’Damm. Et même si les magasins de marques interplanétaires tendent à en standardiser l’atmosphère, certaines adresses restent fidèles au flair berlinois. Au numéro 18, les marquises rouges et blanches du Café Kranzler invitent ainsi Berlinois et nouveaux venus à gravir les marches menant à la terrasse : un lieu apprécié pour son charme d’antan commme sa vue sur l’avenue.

De là, il est possible de remonter le Ku’Damm avec, pourquoi pas, une halte au musée multimédia consacré à l’histoire de la ville - visite de bunker intégrée (Kurfürstendamm 207-208 -

www.story-of-berlin.de
). D’autres préféreront peut-être le crochet vers la légendaire gare de Zoo, gare principale de Berlin Ouest pendant la guerre froide portant le nom du zoo adjaçant, le jardin zoologique ("Zoologischer Garten") dans lequel réside le célèbre ours polaire Knut (
www.zoo-berlin.de
).

La promenade pourra se terminer dans le Tiergarten, le plus grand parc de Berlin, autrefois réserve de chasse des rois Prussiens. A admirer : au nord-ouest du parc, le Château de Bellevue, résidence officielle du président de l’Allemagne ; au centre du parc, la colonne de la victoire ("Siegessäule") ; à l’ouest du parc, la porte de Brandebourg et au nord-est du parc, le Reichstag, siège du Parlement dont la coupole est accessible gratuitement et jusqu’à 22 heures. (

www.bundestag.de/htdocs_f/visiteurs/
).

Appréhender le Mur de Berlin

Le Mur de Berlin fut érigé en août 1961 sur décision des dirigeants d’Allemagne de l’Est : le passage vers Berlin Ouest, enclave occidentale de la RDA, devenait quasi impossible. Jusqu’à sa chute en 1989, le Mur coûta la vie à 79 personnes. Des croix en souvenir des fuyards émaillent aujourd’hui le tracé du l’ancienne frontière, symbolisée ici et là par une double bande de pavés sur le sol.

Le Mur en lui-même a quasiment disparu. Il est encore possible de le longer sur plus d’un kilomètre dans la rue Mühlenstrasse, non loin de la gare de l’Est (Ostbahnhof). Malheureusement, les célèbres graffitis de la "East-Side-Gallery" (

www.eastsidegallery.com
) réalisés 3 mois après la Chute du Mur par des artistes du monde entier se détériorent; certains pans de Mur ont même dû disparaître au profit d’un écran publicitaire géant. Une négligence du patrimoine historique difficile à comprendre.

Les indécisions de la ville quant à la manière de commémorer le Mur de Berlin en disent également long sur la symbolique de l’ensemble. Le célèbre musée du Mur au Checkpoint Charlie (Haus am Checkpoint Charlie -

www.mauermuseum.de
) relève ainsi d’une initiative privée. Doucement, les pouvoirs publics songent enfin à agrandir le centre de documentation de la Bernauerstrasse (
www.berliner-mauer-dokumentationszentrum.de
) et à documenter le tracé du Mur, qui lui-même mérite le détour.

Pour en savoir plus

Offices du tourisme

Tél. +49-(0)30-25 00 25 -

www.visitberlin.de/francais/

(les adresses des diiférents "Berlin Infostores" y sont disponibles).

Accès historique

L’aéroport de Tempelhof - qui servit notamment au ravitaillement de Berlin Ouest lors du blocus (1948-1949) - devrait fermer ses portes en octovre 2008. Jusque là, Brussels Airlines propose des vols réguliers et à prix intéressants pour Berlin (

www.brusselsairlines.be).

Bonnes pratiques 

  • À partir de janvier 2008, la ville de Berlin a une "zone verte" (Umweltzone). Les touristes doivent acheter la vignette obligatoire pour leur véhicule au prix d’environ 5 euros dans les garages autorisés. 
  • Monter dans les bus à l’avant et montrer un titre de transport composté au chauffeur. 
  • Dans les cafés et restaurants, penser à laisser un pourboire d’environ 10% pour le service.

Guides

City-guides hebdomadaires en kiosque : Zitty (

www.zitty.de
) et Tip (
www.berlinonline.de/tip
).

Calendrier été 2008

  • 28 juin 2008 - CSD: Christopher Street Day 2008
    Berliner CSD e.V., Tel. +49-30-88 55 09 90,
    www.csd-berlin.de
  • 23 au 29 juin 2008 - Fanmeile Euro 2008
    www.fanmeileberlin.de
  • 12 juillet 2008 à 12h B-Parade
    Technoparade sur l’avenue du 17 juin
    www.b-parade.de
  • 1er au 2 août 2008 – 12e festival international de la bière
    Sur la légendaire Karl-Marx-Allee
    Präsenta GmbH, Tel. +49-30-508 68 22
  • 30 août 2008 – Longue nuit des musées
    www.lange-nacht-der-museen.de

Charlotte Noblet









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