Risque cardiovasculaire, cholestérol et tension artérielle

Trois quart des Belges à risque cardiovasculaire ignorent les taux cibles à atteindre aussi bien pour le cholestérol que pour la tension artérielle. Un total de 1800 Belges âgés de 15 ans et plus présentant un ou plusieurs facteurs de risques cardiovasculaires ont participé à l’enquête de l’asbl Prévention Santé. L’objectif était d’évaluer leurs connaissances des facteurs de risque cardiovasculaire à un moment où l’information n’a jamais été aussi importante sur ce sujet.


L’enquête s’est focalisée sur 2 facteurs de risque perçus comme les deux plus importants aux yeux des personnes interrogées, à savoir le cholestérol et l’hypertension artérielle. À noter que l’obésité n’arrive qu’en 6e position dans ce classement.

Que retient cette population à risque de toutes ces informations ? Les personnes traitées pour ces facteurs de risques ont-ils une meilleure connaissance par rapport au reste de la population ? L’enjeu est essentiel car tous les spécialistes s’accordent pour dire que la première étape dans le traitement est la prise de conscience, qui passe nécessairement par une information adéquate. D’autre part, les connaissances sur ces facteurs de risque évoluent très vite. D’autant que la progression maintenant constante du syndrome métabolique qui multiplie par deux la probabilité de survenue d’un accident cardio-vasculaire par rapport à une population exempte, conduisent à revoir régulièrement les recommandations de prise en charge. Aujourd’hui les spécialistes recommandent d’éduquer les patients à haut risque à atteindre les valeurs les plus basses, que ce soit pour le cholestérol ou l’hypertension artérielle. Parallèlement, les statines les plus puissantes viennent tout récemment de démontrer un effet bénéfique sur l’athérosclérose ou "effet pléïotropique" agissant sur plusieurs facteurs de risque.

Taux de cholestérol

Selon les résultats de l’enquête, 82% des personnes interrogées ignorent leur taux de cholestérol. Parmi les personnes traitées pour leur cholestérol (36% des personnes interrogées), cette méconnaissance est également bien présente : 1 personne traitée sur 2 ignore son taux. Plus alarmant encore : 39% de ces patients ignorent les taux cibles de cholestérol total à atteindre, mais surtout 65% d’entre eux ignorent le taux limite de mauvais cholestérol.

Ainsi, non seulement le fait d’être traité n’implique pas une bonne connaissance de son propre taux, mais l’enquête révèle également une mauvaise prise de conscience des vrais facteurs de risque. Enfin, la moyenne des taux cibles à atteindre citée par les répondants se situe 10% au-dessus des recommandations actuelles : soit +/- 208 mg/dl pour une recommandation à 190 mg/dl pour le taux de cholestérol total. La connaissance de l’excès de cholestérol comme facteur de risque est très aléatoire tant en surface qu’en profondeur.

Tension artérielle

Même constat pour l’autre facteur de risque considéré comme le plus important, après le cholestérol par les répondants : l’hypertension artérielle. Selon l’enquête, 41% ignorent leur tension artérielle et 84% les chiffres de la tension idéale.

Être traité pour l’hypertension n’est également pas un gage de meilleure connaissance et/ou de meilleure maîtrise. Parmi les patients traités, la moitié ignore la tension artérielle idéale à atteindre.

Une évaluation correcte des risques

Cette ignorance des patients à haut risque cardiovasculaire est alarmante car aujourd’hui une bonne prévention des accidents cardiovasculaires passe par une prise de conscience de ces risques et donc de leur évaluation, d’abord par le médecin mais également par le patient.

"Une évaluation correcte du risque cardiovasculaire d’une personne est essentielle car elle doit permettre de déterminer l’intensité des mesures à prendre. Chez les personnes présentant un faible risque, les mesures hygiéno-diététiques suffisent. Chez les personnes présentant un risque accru modéré, il est utile de mesurer les différents facteurs de risque et d’atteindre les taux cibles. Enfin, chez les personnes présentant un risque élevé, il convient de démarrer avec un traitement médicamenteux puissant pour faire baisser les taux au plus bas. Ce traitement devant naturellement s’accompagner de mesures hygiéno-diététiques. L’enjeu est important, car près de la moitié des décès est aujourd’hui imputable aux maladies cardiovasculaires, devant les cancers", déclare le Professeur Van Cleemput de l’AZ KUL de Leuven.

L’apparition et la croissance constante du syndrome métabolique (dont 1 personne sur 4 souffre aux Etats-Unis) imposent d’autant plus une évaluation correcte des risques. La multiplication des facteurs de risque chez une même personne, à savoir l’obésité localisée au niveau du ventre, l’excès de cholestérol, une tension artérielle trop élevée et une intolérance au glucose, qui pris isolément présenteraient moins de risque, augmentent en fait considérablement le risque de maladies cardio-vasculaires et de diabète de type 2. "Il est primordial que ces patients sachent se situer correctement pour pouvoir adopter et suivre une prise en charge correcte dictée par leur médecin" ajoute le Professeur Van Cleemput.

Des options de traitement en mutation

En ce qui concerne la prise en charge, les recommandations évoluent également. Les spécialistes tendent vers une prise en charge optimale de ces facteurs de risque en éduquant les patients à haut risque à atteindre les taux les plus bas, que ce soit en matière de cholestérol et d’hypertension artérielle.

Enfin, les statines les plus puissantes commencent à démontrer des effets additionnels bénéfiques sur l’athérosclérose, indépendamment de ceux connus sur le cholestérol. "Tout récemment, il y a deux semaines, nos travaux de recherche avec la rosuvastatine (crestor) ont été récompensés par le Belgian Lipid Club au dernier congrès de cardiologie. Au cours de ces travaux, la rosuvastatine a démontré des effets multiples sur différents paramètres (hypertension, inflammation, etc…), bref des effets directement bénéfiques sur l’athérosclérose, maladie multifactorielle par excellence (diabète, excès de cholestérol, obésité, hypertension, tabagisme et sédentarité)", signale le Professeur Balligand de l’UCL Saint-Luc. Et de conclure : "C’est une évolution très prometteuse dans la prise en charge de la multiplication des facteurs de risque chez une même personne".

Robert Derumes









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