Quelle consommation de tabac?

Considérant les interdictions de fumer dans les lieux de travail et dans les restaurants et les campagnes de santé, notre consommation de tabac a-t-elle évolué ? Qui fume encore aujourd’hui en Belgique ?


Le Centre de Recheche et d’Information des Organisations de Consommateurs (CRIOC) a mené une étude au cours du termier trimestre 2007 auprès de 2.50 Belges de 15 ans et plus. Les enseignements en matière de consommation actuelle - et peut-être future - sont intéressants.

Moins de fumeurs réguliers

Ainsi 3 Belges sur 4 (73%) ne fument pas. 1 Belge sur 5 (22%) est un fumeur quotidien tandis que 6% des Belges fument de temps en temps et sont rangés dans la catégorie des fumeurs occasionnels.

En fait, le nombre de fumeurs réguliers connait une diminution régulière depuis 1982, époque où 4 Belges sur 10 fumaient tous les jours. Le nombre de fumeurs est globalement stabilisé depuis 2004.

La consommation de tabac entre néerlandophones et francophones est presque identique aujourd’hui même si le sud fume enore davantage (23% contre 21%).

Si les femmes, traditionnellement moins fumeuses, se sont mises à fumer "comme les hommes" en 1992, elles étaient par la suite moins nombreuses à fumer (aujourd’hui 19% des femmes et 25% des hommes). Néanmoins, on a constaté en 2007 un phénomène curieux avec une augmentation du pourcentage de fumeuses (+3%) et une diminution du nombre de fumeurs (-4%). Tendra-t-on à une "égalité" dans le "vice" ?

Un comportement social

L’étude du CRIOC permettra donc de dessiner le portrait du fumeur quotidien. Ces fumeurs sont plus nombreux parmi les moins de 40 ans, les célibataires, les habitants des provinces de Hainaut ou de Flandre orientale, des villes wallonnes ou des petites locales flamandes ou dans les ménages de 4 personnes ou les "groupes sociaux inférieurs" (au sens sociologique du terme, bien entendu). La consommation de tabac a d’ailleurs augmenté dans ce groupe social (+9% !).

L’analyse des comportements en fonction des classes d’âge est particulièrement intéressant. La consommation diminue avec l’âge. 38% des 15-29 ans fument (25% tous les jours, 13% de temps en temps) tandis que, à l’opposé, les 65 ans et + ne sont plus que 13% à fumer (10% réguliers et 3% occasionnels). Mieux : le pourcentage de fumeurs parmi les 65 ans et + a diminué de 5% par rapport à 2006. Ce n’est pas le cas pour les 50-64 ans puisque le pourcentage de fumeurs (26%) n’a pas évolué depuis 2006.

A la question Dans les prochains mois, comptez-vous arrêter de fumer?, plus de la moitié des fumeurs répondent positivement... mais de manière nuancée : 26% oui, certainement, 38% oui, peut-être. Le pourcentage de ceux qui sont réellement décidés n’a grimpé que d’1%. Ce qui fait dire au CRIOC que les actions prises pour lutter contre la consommation de tabac doivent encore être consolidées.

Quelques réflexions du CRIOC

Le CRIOC observe que la recrudescence des fumeurs dans certaines classes d’âge (par exemple les moins de 40 ans) et dans les groupes sociaux inférieurs montre que non seulement les actions prises pour lutter contre la consommation de tabac (communication, tarification, interdiction de vente, sevrage et information des consommateurs) doivent se poursuivre et être dirigés vers des groupes cibles mais encore que les difficultés de vie pénalisent aussi les groupes sociaux les plus faibles.

L'association ajoute : D’une part, les consommateurs membres des groupes sociaux inférieurs fument plus, vu leurs conditions sociales d’existence précaires, mais en plus ils ont aussi le plus de difficultés à arrêter de fumer et recommencent plus souvent que les autres à consommer du tabac.

  • Le site web du CRIOC : www.crioc.be

Philippe Allard









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