Protéger son dos n'est pas de tout repos!

7 Belges sur 10 sont victimes de maux de dos au cours de leur vie. Beaucoup d’idées reçues sont à la base d’une mauvaise gestion de cette douleur et d’une aggravation vers la chronicité. La moitié souffrira à nouveau du dos dans les 2 années suivantes.


Le mal de dos

Si 7 Belges sur 10 souffrent du dos durant leur existence, 95% des douleurs dorsales sont d’ordre mécanique. Elles proviennent des muscles, ligaments ou articulations du dos qui ne bougent pas assez et ne travaillent pas correctement. Peu proviennent de la colonne vertébrale même. Elle est l’une des parties les plus solides du corps. Il est vraiment difficile de l’abîmer.

Dans 90% des cas, la douleur mécanique disparaît dans les semaines qui suivent. Cela n’empêche que la moitié des victimes de mal de dos souffriront à nouveau du dos dans les 2 années suivantes.

Le repos, ennemi de notre dos

Le Pr Henrotin, professeur de pathologie, kinésithérapie et réadaptation fonctionnelle à l’Université de Liège et président de la Belgian Back Society explique: On a longtemps conseillé le repos prolongé pour traiter le mal de dos. Une véritable révolution s’est produite dans la manière d’aborder le mal de dos. Aujourd’hui, le repos au lit n’est plus recommandé. Au contraire, il faut sortir du cercle vicieux du repos, il a des effets néfastes: passage à la chronicité, déconditionnement physique, déprime, perte de la forme physique, plus grande sensation de douleur, activités plus difficiles à reprendre. Ainsi le repos au lit ne doit jamais être prescrit, mais seulement autorisé si l’intensité de la douleur le nécessite. Il devra être le plus court possible et ne pas dépasser 2 jours.

Le Pr Henrotin poursuit: Il faut inciter le patient souffrant d’une lombalgie mécanique au maintien ou à la reprise des activités normales de la vie quotidienne, dans les limites autorisées par la douleur. Ce retour à la vie normale peut être facilité par la prise de médicaments contre la douleur, la kinésithérapie et une adaptation de l’environnement familier et professionnel. Notre dos est fait pour bouger, il doit garder cette fonction. Même quand le dos est douloureux, il est préconisé de poursuivre ou de commencer une activité physique régulière comme la marche ou la natation.

Face au mal de dos, le rôle du médecin est très important, bien qu’il soit possible de gérer sa douleur soi-même.  Le médecin ne possède pas de remède miracle pour faire disparaître un simple mal de dos. Par contre, il pourra poser le bon diagnostic et proposer un traitement adapté. Il pourra également donner des conseils sur une bonne gestion de sa douleur et la reprise de ses activités. Une bonne gestion de la douleur permet d’éviter de tomber dans la chronicité.

Répercussions

Le Dr. Liesbet Goubert, professeur en psychologie de la santé à l’UGent précise: Les douleurs chroniques ont en effet de grandes répercussions socio-professionnelles, sur la vie personnelle et familiale et socio-économiques pour le travailleur, l’entreprise et la collectivité.

Et le Dr Poot, médecin du travail au Fonds des maladies professionnelles ajoute: En Belgique, on estime le coût direct médical des lombalgies de 81 à 167 millions d’euros et le coût indirect pour le patient et la société entre 275 millions et 1,6 milliards d’euros, la lombalgie chronique représentant 75% de ces coûts!

Le Dr Poot précise: On remarque que les incapacités de travail pour cause de lombalgies sont en constante augmentation depuis 2006. Il est donc essentiel d’insister sur la prévention tant au niveau individuel qu’au niveau socio-professionnel. Il est possible de prévenir l’aggravation du mal de dos et l’évolution vers la chronicité et de favoriser le retour au travail mais pour cela, il est nécessaire d’informer le grand public sur la bonne gestion de sa douleur.

Une semaine de la douleur

Une semaine de la douleur est organisée du 20 au 26 octobre 2008, 15 acteurs de la santé lancent un grande campagne d’information sur le mal de dos.  Une campagne inédite qui sera relayée chez les médecins, les pharmaciens, dans des mutuelles et même dans 5 gares de Belgique tout au long de la semaine: Bruxelles Centrale, Liège Guillemin, Charleroi, Gand Saint-Pierre et Anvers Berchem.

Au centre de cette campagne, un site web interactif (

www.semainedeladouleur.be
) qui affiche des pictogrammes indiquant les positions qui préservent le dos, propose un petit test pour calculer le risque qu’on a de souffrir du dos et une échelle interactive pour évaluer l’intensité de sa douleur.

On retrouvera les affiches de la campagne et les cartes d’information chez les médecins, les pharmaciens, dans les mutualités neutres et dans les gares. Pour l'édition 2008, l’accent est mis sur l’interactivité et l’action.

Une "backteam" sera présente dans les gares entre 8h et 10h30  du lundi au vendredi pour proposer aux navetteurs d’apprendre une bonne gestuelle dans les mouvements et tâches quotidiens. Ces étudiants de dernière année en kinésithérapie et ergonomie distribueront également le matériel d’information.

Robert Derumes









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