Les naissances orgasmiques, ça existe

Donner naissance dans le plaisir plutôt que la douleur, c’est ce dont témoignent une dizaine de femmes dans le documentaire « Orgasmic birth », réalisé par une sage-femme et doula américaine.
 


Debra Pascali Bonar a vu tant de naissances orgasmiques dans sa carrière de sage-femme et de doula qu’elle a décidé d’en parler dans un documentaire. Pendant 85 minutes, elle donne la parole à 11 femmes qui disent avoir accouché dans le plaisir. La plupart parlent carrément d’orgasme.

Amber Hartnell dit que c’est arrivé comme ça : "Je me suis retrouvée dans un état d’extase, j’avais des montées orgasmiques. Je riais, je pleurais. Je n’avais pas l’impression d’avoir des contractions, ça ressemblait plutôt à des vagues." C’est chez elle, dans l’eau, que la jeune femme a accouché de son fils Orus. L’accouchement a duré douze heures, dont huit ponctuées de "vagues orgasmiques". "Je n’ai jamais ressenti un plaisir aussi fort de ma vie", confie-t-elle.

Un accouchement le plus naturel possible

Pour ressentir ces sensations, "Il faut être en sécurité, dans un environnement rassurant, et ne pas être interrompue – comme quand on fait l’amour", déclare dans le documentaire le Dr Marsden Wagner, ancien directeur en charge de la santé féminine et infantile à l’OMS. Ce n’est pas à l’hôpital, entre la perfusion et le monitoring en continu, que les meilleures conditions sont créées. La poignée de femmes qui y est arrivée a accouché de façon non assistée : un enfantement naturel, à la maison, sans médicament ni gaz anesthésiant.

Le gynécologue Michel Odent, pionnier de l’accouchement en piscine, confirme que lorsque le travail est le moins perturbé possible, sans déclenchement ou accélération, la femme sécrète des hormones aux fonctions bien précises. Ainsi, l’ocytocine amorce le travail des contractions et l’arrivée de la prolactine, les endorphines sont sécrétées pour soulager la douleur… et toutes se complètent.

Un cocktail d’hormones

Ces hormones, la femme les connaît, car elle les produit également pendant l’acte sexuel. L’ocytocine est d’ailleurs appelée l’hormone de l’amour. Celle-ci atteint un pic lors de l’orgasme ainsi que lors de l’accouchement. Une multitude d’études confirme qu’une femme ne sécrète jamais autant d’hormones de l’amour qu’immédiatement après la naissance du bébé.

Au cours d’une relation sexuelle, les deux partenaires distillent également des endorphines, hormones du plaisir et merveilleux antidouleurs. Celles-ci sont également présentes en nombre pendant l’accouchement.

Les mêmes hormones sont en jeu pendant l’allaitement : l’ocytocine, par exemple, y est encore plus élevée que pendant l’orgasme. Quant aux endorphines, elles atteignent un pic au bout de 20 min. C’est pourquoi après avoir tété, certains bébés semblent en extase.

Dans son livre "L’amour scientifié"*, Michel Odent dit : "Si le sexe mène à la grossesse et la naissance, c’est que les trois sont intimement liés." Ce fait n’est d’ailleurs pas nouveau : les sages-femmes ne recommandent-elles pas la stimulation des tétons et/ou des rapports sexuels pour favoriser l’apparition de contractions ?

"Sur une autre planète"

Le gynécologue renommé explique qu’à un certain stade de l’accouchement, les femmes donnent l’impression de se couper du monde, d’ignorer ce qui se passe aux alentours, comme si elles étaient sur une autre planète. Ce changement d’état de conscience peut être interprété comme une réduction de l’activité de la partie du cerveau la plus développée chez l’humain : le néocortex. Seule la partie la plus primitive de celui-ci reste active.

Certaines femmes se mettent alors à quatre pattes. Elles se comportent comme des animaux. Ceux-ci savent d’ailleurs très bien comment faire lorsqu’il est l’heure de donner naissance à leurs bébés. Les rats, qui vivent la nuit, mettent bas le jour. Et les chevaux, diurnes, donnent naissance à leurs poulains la nuit. Ils cherchent un endroit sécurisant et à l’abri des regards.

L’humain a les mêmes besoins. Dans les tribus, une femme d’expérience reste toujours aux côtés de la future mère pour la rassurer. Car si elle ne se sent pas en sécurité, elle sécrètera de l’adrénaline qui inhibera les contractions et la rendra plus sensible à la douleur. "C’est pourquoi les femmes peuvent avoir tant de problèmes à la naissance à l’hôpital. Elles sont entourées d’inconnus, leur taux d’adrénaline est donc élevé", clarifie Andrya Prescott, sage-femme britannique et porte-parole de l’Independent Midwives Association.

Les hôpitaux contrecarrent les besoins naturels. Par exemple, le néocortex est sans cesse stimulé par la lumière trop forte, les questions incessantes (une infirmière qui vient demander à la future mère son numéro de carte SIS) ou encore le va-et-vient des médecins. Le monitoring en continu, la caméra du papa sont autant d’appareils qui donnent le sentiment à la future mère d’être observée.

Les femmes qui arrivent à l’orgasme en accouchant sont celles qui arrivent à réduire l’activité de leur néocortex à un stade très avancé. La preuve : des chercheurs finlandais ont démontré que pendant l’orgasme, mis à part le cortex préfrontal droit, l’ensemble du néocortex est au repos.

Le début de l’amour entre maman et bébé

Dans l’heure qui suit la naissance, à la fois le cerveau de la maman et celui du bébé sont imprégnés d’opiacés. Les propriétés de ces substances sont d’induire des dépendances. En d’autres mots, grâce à une naissance naturelle, le début d’un attachement entre maman et bébé peut s’établir comme il se doit…









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