Le point sur les graisses

Lors d'une rencontre à Bruxelles en mars 2009, des professionnels de la nutrition, de l’activité physique, de la restauration, des médias et de l’industrie, se sont réunis pour débattre des nouvelles recommandations émises par un panel d’experts internationaux dans le domaine des graisses à Barcelone en février 2009. Un constat: depuis des décennies, les graisses véhiculent une image négative, souvent éculée et autant d’idées reçues.


Une grande confusion anime les esprits quant à leur rôle sur la santé et les consommateurs se sentent fréquemment perdus. Cette perception n’est pas sans conséquence sur les comportements alimentaires. La consommation totale de graisses est aujourd’hui trop élevée dans notre pays, c’est un fait, mais les choix se portent essentiellement sur les "mauvaises" graisses, au détriment des "bonnes " graisses, dont l’implication sur la santé du cœur et des artères (ou encore le développement cérébral de l’enfant) est pourtant bien établie.

Bonnes graisses

Un changement est possible et même indispensable, déclare le Professeur Christian Brohet (Université Catholique de Louvain), représentant de la délégation belge à Barcelone. On parle encore trop souvent aujourd’hui de la quantité des graisses consommées, sans réaliser que notre organisme a besoin quotidiennement de bonnes graisses, en particulier d’acides gras essentiels que l’on retrouve principalement dans les graisses d’origine végétale et dans le poisson. L’important n’est plus de réduire drastiquement toutes les graisses dans notre alimentation, mais bien de choisir les bons types de graisses, en particulier les graisses végétales, en quantités appropriées. Certaines expériences, notamment pratiquées en Finlande, nous démontrent que c’est possible, si l’engagement est multisectoriel.

Les Belges complètement perdus
face aux graisses

Une nouvelle recherche internationale sur la perception des graisses par les consommateurs, réalisée par le bureau d’études Millward Brown, révèle que les Belges, à l’instar de leurs homologues européens, savent distinguer les graisses, mais ne peuvent indiquer clairement leurs bienfaits pour la santé. Cette étude, montre le décalage et les contradictions qui existent chez les Belges en matière de graisses et d’alimentation, et le manque de clarté de l’information à ce sujet.

Les Belges et les graisses

  • 86 % des Belges interrogés estiment avoir une alimentation saine, un score étonnamment supérieur à la moyenne européenne (74%), alors que près de 4 Belges sur 10 sont en surpoids.
  • La majorité des Belges sous-estiment la place des graisses dans l’alimentation, qu’ils placent loin derrière les vitamines, les fibres et les protéines
  • La moitié des Belges (47%) considèrent qu’une alimentation pauvre en graisses est une alimentation saine
  • Si les Belges identifient relativement aisément les graisses, 44% sont incapables de préciser lesquelles sont bonnes pour la santé (38 % en Europe)
  • Les informations reçues par les Belges prêtent à confusion pour près de la moitié (48%) d’entre eux, un sentiment de confusion générale plus élevé que la moyenne européenne (39%)
  • Les graisses visibles (beurre, huiles, margarines) sont citées spontanément comme sources de graisses, mais la contribution des graisses cachées dans la viande ou les produits laitiers, par exemple, est largement sous-estimée.
  • Les Belges pensent, à tort, que les graisses visibles fournissent moins de vitamines que les autres aliments, alors que les matières grasses tartinables (telles que la margarine) constituent les sources de vitamine D et E les plus importantes de notre alimentation quotidienne.
  • Malheureusement, près de 37% des Belges pensent encore que le beurre est plus sain que la margarine (44 % en Europe) et cette perception est plus forte encore dans le Sud du pays (50%).

Pour Claire Trébutien, Nutrition Manager Unilever Benelux, à l’inverse d’autres pays européens, en termes d’information, les Belges accordent davantage de crédit à l’industrie alimentaire et aux chaînes de distribution qu’aux médias et aux institutions officielles. Une attitude qui porte à réflexion et pourrait être la conséquence d’une certaine cacophonie qui règne dans les messages véhiculés par les médias.

Les Belges, champions du monde…
des acides gras saturés!

La perception et l’attitude des Belges concernant les graisses induisent des décalages entre la consommation alimentaire et les recommandations nutritionnelles actuelles. En Belgique, les enquêtes de consommation mettent en évidence une trop grande place des acides gras saturés (15,6% des apports journaliers en énergie, alors que les recommandations sont fixées à maximum 10% des apports énergétiques et que leur ingestion n’est pas considérée comme indispensable) chez les adultes de plus de 15 ans. Il ressort que ce chiffre place notre pays comme le plus grand consommateur au monde d’acides gras saturés, devant la Nouvelle-Zélande et l’Autriche!, ajoute le professeur Brohet.

Ce niveau de consommation s’explique en partie par une consommation importante de graisses dites "cachées" (dans des aliments comme les viandes, produits laitiers entiers, biscuits, pâtisseries) dans notre pays. Or, il est clairement démontré que ces "mauvaises" graisses élèvent le taux de cholestérol et accroissent le risque de maladies cardiovasculaires  et d’accident vasculaire cérébral, responsables de plus d’1/3 des décès.

Si les Belges satisfont aux recommandations pour les acides gras polyinsaturés, bénéfiques pour la santé cardiaque et cérébrale (les apports se situent à 6,9 % des apports en énergie; les recommandations entre 5,3 et 10%), ce résultat masque en réalité une consommation insuffisante de l’un des 2 types d’acides gras essentiels: les acides gras oméga-3. Ceux-ci sont majoritairement présents dans certaines huiles végétales (noix, soja, colza, germes de blé, lin) et certains produits élaborés à partir de ces huiles (margarines), ainsi que dans les poissons gras (thon, hareng, saumon, maquereau,…), dont la consommation est faible en Belgique. 

Robert Derumes









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