Le perfectionnisme: attention danger!

Le perfectionnisme est une quête irréaliste du toujours mieux dominée par le peur de l’inconnu, de l’échec ou de l’abandon. Par son attitude et ses comportements excessifs, le perfectionniste cherche à apaiser ses craintes. Poussée à l’extrême, cette attitude peut avoir des effets destructeurs, tant pour celui qui la vit que pour son entourage.


Distinguer le perfectionnisme sain
du perfectionnisme pathologique

La perfection n’est pas de ce monde, l’adage est bien connu mais il n’est pourtant plus dans l’air du temps…

Dans une société où la performance s’est imposée comme une valeur positive, favorisant les comportements extrêmes, le perfectionnisme a cessé d’être une simple et saine quête de mieux, moteur de motivation.

Il s’agit désormais d’être le meilleur, d’approcher si ce n’est d’atteindre la perfection, parfois à n’importe quel prix. Aucun domaine n’est épargné par cette recherche effrénée de l’excellence qui flirte très souvent avec l’obsession, que ce soit dans l’apparence avec la chirurgie esthétique, dans le sport avec la prise de produits dopants, dans le travail avec le surmenage, et même dans la vie sexuelle où l’orgasme est devenu le but ultime à atteindre...

Sans même s’en rendre compte, le perfectionniste devient rapidement prisonnier des attentes et des exigences des autres et/ou de lui-même et tire généralement peu de plaisir et de satisfaction de ce qu’il accomplit, qu’il considère toujours comme étant insuffisant. Il est vrai qu’il est difficile de s’épanouir pleinement en acceptant d’être "juste" soi-même, dans une société qui nous met, à notre insu, dans une situation de compétition quasi-permanente...

Même s’il n’est pas reconnu officiellement comme un trouble psychiatrique, les dangers du perfectionnisme poussé à l’extrême sont nombreux en raison du stress permanent dans lequel se trouvent les perfectionnistes. Des chercheurs canadiens en psychologie ont observé que les perfectionnistes sont très fréquemment sujets à des problèmes émotionnels, physiques et relationnels tels que la dépression, les conflits conjugaux, les troubles du comportement alimentaire…

Les 3 formes du perfectionnisme

Le perfectionnisme peut se présenter sous des formes différentes.

Par rapport à soi

Il peut s’agir de perfectionnisme par rapport à soi. Dans ce cas, l’individu ne parvient à avoir une bonne estime de lui-même que lorsque ses performances sont à la hauteur des objectifs qu’il s’est fixés, et qu’il définit comme parfaits. Le moindre échec ou résultat "insatisfaisant" entraîne alors un sentiment profond de dévalorisation.

Ce type de perfectionnisme peut être favorisé par une pression de réussite de la part de l’entourage, lorsqu’on grandit dans un milieu intellectuellement brillant. L’enfant intègre l’information erronée selon laquelle l’amour qu’on lui porte se mérite et ne dépend que de sa réussite. Une conviction qui reste intacte à l’âge adulte.

La réussite n’est alors plus un désir, une ambition, mais une nécessité et le mode de pensée "tout ou rien" s’installe rapidement. Pour ces perfectionnistes là, il n’existe que 2 possibilités : la réussite, ou l’échec. "assez bien" ou le "moyen" n’existent pas. 

Par rapport aux autres

Il peut aussi s’agir de perfectionnisme par rapport aux autres. Dans ce cas, l’individu étend sa quête permanente de perfection à son entourage. Conjoint, enfants, collègues de travail, amis… pour lui : tout le monde doit être parfait, selon ses propres critères de perfection bien entendu ! D’où une insatisfaction et une déception permanentes. 

Prescrit socialement

Enfin, le perfectionnisme prescrit socialement consiste à croire que les autres attendent la perfection de soi. Ce type de perfectionniste est persuadé que les autres ont une haute exigence de lui et que ce n’est qu’en se montrant irréprochable qu’il pourra obtenir ou conserver leur sympathie, leur intérêt, leur affection. Cette conviction répond à un besoin permanent et excessif de reconnaissance et d’estime des autres. Le perfectionniste prescrit socialement remet son bonheur et son bien-être entre les mains d’autrui dont il est dépendant.

Etes-vous perfectionniste ?

Voici un petit test tiré du site Internet Psychomédia. Si plusieurs des informations suivantes évoquent des situations qui vous sont familières, un perfectionnisme qui pourrait devenir toxique vous guette...

  1. Vous ne pouvez arrêter de penser à une erreur que vous avez faite.
  2. Vous êtes très compétitif et ne pouvez tolérer de faire moins bien que d’autres.
  3. Vous voulez faire les choses très bien ou pas du tout.
  4. Vous demandez la perfection aux autres.
  5. Vous ne demandez pas d’aide si cette demande peut être perçue comme une lacune ou une faiblesse.
  6. Vous persistez à une tâche longtemps après que les autres l’aient quitté.
  7. Vous vous faites un devoir de corriger les gens quand ils se trompent.
  8. Vous êtes grandement conscient des demandes et des attentes des autres.
  9. Vous êtes très soucieux de ne pas faire de fautes devant des gens.
  10. Vous remarquez les erreurs partout.

Mélina Hoffmann









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