La tradition des oeufs de Pâques

Symbole de fécondité, l'oeuf ne pouvait qu'être honoré. C'est un élément fascinant qui symbolise aussi les 4 éléments de la vie: la coquille pour la terre, la membrane pour l'air, le blanc pour l'eau et le jaune pour le feu. Du moyen âge à nos jours, la tradition a évolué et nos plus jeunes n'y voient plus qu'une délicieuse gourmandise. 


Chez nous, pas de Pâques sans oeufs. Les vitrines des pâtissiers, les rayons des grands magasins dégorgent leurs oeufs en chocolat. Ou des cloches. Car, dans nos contrées, ce n’est pas le lapin de Pâques qui amène les oeufs mais les cloches.

Rappelez-vous, enfants, votre joie lorsque, le matin de Pâques, vous courriez dans le jardin à la recherche des oeufs que les cloches ailées venues de Rome avaient laissé tomber chez vous. La récolte était toujours fructueuse mais vous ne pouviez vous empêcher de retourner faire un tour pour vérifier si aucun oeuf n’avait pas échappé à votre attention. La tradition a été reprise par des associations, des commerçants qui organisent des chases aux oeufs.

Pourtant, les oeufs en chocolat sont récents. Ce n'est que tardivement, au 18e siècle, en France, qu'on décida de vider un oeuf frais et de le remplir de chocolat. Et puis des moules furent créés et les oeufs durent déclinés dans toutes les tailles.

Des origines lointaines

On peut légitimement se demander quel est le rapport entre une fête religieuse comme Pâques qui vit la résurrection du Christ et la quête des oeufs en chocolat. Il faut encore une fois rappeler que Pâques se situe dans la période de l'équinoxe de printemps. C'est évidemment le moment de la renaissance de la nature. Rien d'extraordinaire donc à ce que, comme dans l'Egypte antique, l'oeuf devienne le symbole du renouveau. D'ailleurs, la tradition d’offrir des oeufs "nature" puis décorés, teints ou travaillés est bien antérieure au christianisme.

Les chrétiens auraient fait leur cette tradition parce que, au 4e siècle, l’usage des oeufs pendant le carême, temps de pénitence de 40 jours, fut interdit par l’Eglise. partir du moyen âge, ils ont pris l’habitude de s’offrir des oeufs décorés. La tradition des oeufs colorés est encore aujourd’hui très vivace dans des pays comme la Russie et l’Ukraine.

Dès le 12e siècle, dans de nombreux pays européens, les gens du peuple avaient l’habitude de s’échanger des oeufs bénis à l’église. Les nobles vont s’emparer de cette coutume et l’adapter. Ils s’adresseront à des artisans pour décorer les oeufs.

Aux 17e et 18e siècles jusqu’à la révolution, l’échange des oeufs devient l’apanage de la cour et de la noblesse. L’oeuf le plus gros du royaume, pondu pendant la semaine sainte, revenait de droit au roi. Au 19e siècle, la tradition des oeufs s'embourgeoise.  

Aux traditionnels oeufs de Pâques en chocolat, sucre, bois ou oeufs véritables peints, certains préfèreront les oeufs de Carl Fabergé qui fabriqua pour le tsar Alexandre III un oeuf précieux qu'il offrit à son épouse la tsarine Maria. Chaque année, Fabergé, devenu fournisseur impérial, devait fournir un oeuf. Ces bijoux furent ainsi offerts à la tsarine pendant 11 années.

Cloches et lapins

Pourquoi les oeufs de Pâques sont-ils distribués par les cloches? Tout simplement parce que, au 7e siècle, on interdit de sonner les cloches en signe de deuil entre le jeudi saint (jour de la dernière cène, le repas avec le Christ et ses disciples) et le dimanche de Pâques, jour de la résurrection du Christ. C'est donc à Pâques que les cloches reviennent de Rome en sonnant à tue-tête!

On ne s'étonne plus à Pâques de voir des lapins en chocolat ou d'apercevoir dans des films américains des lapins (ou lièvres) de Pâques! Cette tradition est en fait allemande. Outre-Rhin, on pensait que c'était au tour des lapins de couver les oeufs. Etrange, non?

  • Pour décorer vos oeufs de Pâques à l'ukrainienne

Jiri Pragman









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