Scam, la face noire de l'Internet africain

Baptisée "arnaque nigériane", cette escroquerie connaît de beaux jours grâce au réseau des réseaux. Elle est d'autant plus efficace que la personne visée ne mesure pas le risque couru. Normal puisqu'on lui propose de lui verser des sommes qui peuvent atteindre quelques millions de dollars.


Ce "scam" (en argot : arnaque, escroquerie) est connu depuis des années. Le même type de message est apparu d'abord dans des courriers rédigés à la main puis à la machine, sur des fax et maintenant dans des e-mails. Elle est habituellement localisée au Nigéria où elle est baptisée "fraude 419" (numéro de la section du code criminel du Nigeria concerné). Cependant, ce type de courrier ne provient plus seulement du Nigéria mais aussi du Congo, du Burkina Faso, du Ghana, d'Afrique du Sud. Il est cependant difficile d'identifier le véritable pays d'origine du message car les émetteurs utilisent des webmails en .net ou .com).

Malgré ses variantes nationales, le scénario reste identique. Si votre adresse a pu être aspirée par un des nombreux logiciels spécialisés, vous risquez de recevoir un jour un courrier électronique pseudo-officiiel et dans lequel votre interlocuteur fera appel à vos services.

Vous pouvez être sensible aux titres et fonctions du signataire qui peut se présenter comme un haut fonctionnaire, un haut gradé de l'armée, un politicien, un membre d'un fonds pétrolier, un conseiller financier ou un proche d'un chef (roi) traditionnel, d'un président. Vous pourrez ainsi faire la connaissance du Prince George Duke, fils de sa majesté royale Iginawari Hamzah Kishali Duke III ou de Timothy Mobutu, le fils du défunt Président Mobutu Sese Seko (!).

Tous connaissent le même problème : ils doivent faire sortir du pays des sommes coquettes. De l'ordre de 12 millions de dollars pour les propositions les plus basses, de 50 millions de dollars pour les plus importantes. Votre assistance est demandée dans la mesure où pour d'obscures raisons politico-juridiques, votre correspondant a besoin d'un prête-nom qui devra ouvrir personnellement un compte dans une institution financière de son pays et lui en transmettre le numéro. Bien entendu, cette intervention sera défrayée par le biais d'une commission de généralement 20% mais qui peut aussi atteindre 40%. Si vous aviez des scrupules à devenir aussi facilement riche, vous devez aussi savoir que 10% de la somme serait également versé à des oeuvres!

Le piège

Beaucoup de ces courriers restent sans suite mais certains internautes se risquent à ouvrir un compte, estimant ne pas risquer grand chose. Quelques semaines après l'ouverture du compte, un autre courrier leur sera expédié. Ils sont bien sûr remerciés de leur aide et informés du prochain déblocage des fonds. Un seul hic : il reste au préalable à s'acquitter s'acquitter de frais juridiques minimes voire dérisoires, de l'ordre de quelques centaines de dollars. Une misère face aux enjeux!

Après quelques semaines, ce n'est plus un "avocat" qui interviendra mais, cette fois, un pseudo-directeur de banque qui exigera un versement plus conséquent avant d'autoriser le transfert. Ce courrier sera encore suivi d'un autre courrier à l'allure officielle qui soulagera le prête-nom en lui apprenant le déblocage des fonds. Le transfert peut donc s'effectuer… après qu'il ait versé quelques milliers de dollars pour les frais administratifs et la prime d'assurance.

En quelques semaines, il aura ainsi été soulagé de plusieurs milliers de dollars. Et ses plaintes (s'il ose se plaindre sans crainte du ridicule) resteront vaines puisque ses interlocuteurs (l'expéditeur de la lettre, l'avocat, le directeur de la banque) sont des créations très virtuelles… Pire : dans certaines affaires, le correspondant s'est servi des informations fournies par son interlocuteur pour usurper son identité…

Sur le web

  • La Nigerian Scam Letter Exhibit
    (exposition de lettres - en anglais) avec
    formulaire de soumission
    de ces lettres au site
  • Les arnaques du web africain sur Mbolo, le guide du web africain

Philippe Allard









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