Duvel: brasser plus pour gagner mieux

Depuis son introduction en bourse en 1999, Duvel a réalisé un beau parcours. Ce n’est pas tant le cours du titre qui a bien évolué - le titre cote à nouveau aux alentours de son niveau d’introduction de 36,5 euros depuis peu seulement -, mais plutôt les bénéfices qui sont passés de 1,19 euro en 2000 à 1,82 euro par action l’an dernier.


Cette évolution indique qu’au moment de son introduction en bourse, l’action était très chère. La croissance du bénéfice de 15% en 2005 a supplanté les attentes. En dépit d’une consommation de bière en baisse dans notre pays, Duvel Moortgat est parvenu à consolider sa part de marché en continu. L’an dernier aussi, le chiffre d’affaires était encore en hausse de 3% en Belgique. La plus forte croissance a cependant été réalisée à l’étranger. De ce fait, 35% du chiffre d’affaires sont maintenant tirés de l’étranger. La marque Duvel reste la plus importante, s’adjugeant 72,2% du chiffre d’affaires. A l’avenir aussi, le groupe se concentrera surtout sur cette bière de spécialité en raison de son potentiel. Les chiffres de croissance de Duvel ne sont pas spectaculaires - 5% en 2005 -, mais le groupe a encore une marge de croissance suffisante.

Vedett

La croissance la plus importante a été enregistrée l’an dernier par la Vedett, une bière "de luxe" dont le chiffre d’affaires a littéralement explosé (+ 92%). La Vedett ne représente cependant que 2,4% du chiffre d’affaires du groupe. Cette année, Duvel a l’intention d’introduire cette bière locale au Limbourg et à Liège. La même politique sera appliquée pour les bières d’abbaye de Maredsous. Aux Etats-Unis, le chiffre d’affaires d’Ommegang s’est fortement apprécié, mais les efforts de marketing supplémentaires ont induit une perte. Comme Duvel n’a pas vu de lien direct entre l’augmentation des ventes et les efforts de marketing, ces actions ne seront pas renouvelées et les frais supplémentaires qu’elles avaient induits disparaîtront donc.

Pour l’ensemble du groupe, les frais de marketing seront un peu plus élevés cette année qu’en 2005. Les investissements par contre augmenteront considérablement, passant de 10,4 millions d’euros en 2005 à 15 millions en 2006. Après s’être lancé dans l’embouteillage, le groupe a l’intention de construire une nouvelle salle de brassage cette année, ce qui devrait porter la capacité à 720.000 hl, avec une nouvelle augmentation possible à plus ou moins 900.000 hl. Pour donner un ordre d’idées, le groupe a brassé 350.000 hl l’an dernier au niveau mondial. Les investissements resteront donc élevés en 2007 et diminueront par la suite. Ils devraient en tout cas garantir la future croissance du groupe. Pour le moment, il n’est pas question de croissance externe parce qu’il n’y a pas de reprises intéressantes à réaliser. Le groupe pense cependant qu’à terme, il y aura une consolidation dans le secteur des bières de spécialité.

Pour 2006, Duvel avance une croissance de son chiffre d’affaires de 6 à 8% et une amélioration du bénéfice net de 7 à 10%. Le groupe est donc plus optimiste que début 2005, ce qui est logique puisque 2006 a mieux débuté. Les négociations en cours avec les grands distributeurs néerlandais restent pourtant un élément incertain pour l’évolution du chiffre d’affaires. Mais Duvel ne souhaite pas se lancer dans une guerre des prix. Le groupe préfère perdre en chiffre d’affaires que d’abaisser ses prix. Notons enfin que traditionnellement, le groupe brassicole est plutôt conservateur dans ses prévisions.

Le bénéfice devrait croître de 13%, à 2,05 euros p.a. en 2006. A un c/b attendu de 17,6, Duvel n’est plus bon marché - malgré les belles perspectives à long terme. Le bilan du groupe est sain, avec des liquidités de 2,3 euros par action. Si l’on déduit ces liquidités du cours, le rapport cours/bénéfice revient à 16,2.Nous rabaissons notre recommandation à "conserver".

Un article de L’Investisseur (28 mars 2006)









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