Fan de l'Eurovision

C’est le type d’émission que, par le passé, on n’avouait pas regarder ! Pourtant, le concours Eurovision de la Chanson, chef d’oeuvre de ringardise, est en passe de devenir un évènement mode! Nostalgie aidant, le kitsch est tendance.


L’évènement est de plus en plus important - même si l’Italie a quitté la compétition - avec l’arrrivée des nouveaux pays. A tel point qu’une soirée ne suffit pas et que 2 demi-finales sont chargées d’élaguer la longue liste des participants.

Depuis 2008, sauf ceux du Big 4 (à savoir les 4 grands contributeurs financiers soit l'Allemagne, l'Espagne, la France et le Royaume-Uni) et le pays organisateur, les pays sont répartis selon des critères géopolitiques (!) pour être confrontés lors de 2 demi-finales. On sépare ainsi les pays baltes, les pays scandinaves, les pays de l'ex-Yougoslavie ou de l'ex-URSS ou, encore, la Grèce et Chypre.

Depuis 2009, les votes sont partagés entre les appels téléphoniques et les SMS du public et un jury de 5 professionnels.

Retour vers le passé

La 1re édition a eu lieu à Lugano en Suisse en 1956 avec 7 pays participants. Elle a été remportée par Lys Assia, une indigène.

Tous les gagnants n’ont pas laissé un souvenir impérissable. Relevons cependant les victoires de la Française Jacqueline Boyer (Tom Pillibi en 1960), de la jeune Italienne Gigliola Cinquetti (Non Ho L’Éta) en 1964, de la Française... France Gall en 1965 avec Poupée de Cire, Poupée de Son (une chanson de Serge Gainsbourg), de l'Anglaise (aux pieds nus) Sandie Shaw avec Puppet on a String en 1967, de la française Séverine pour Monaco avec Un banc, un arbre, une rue en 1971, de la Grecque Vicky Leandros avec Après toi pour le Luxembourg en 1972 et, de nouveau une Française, Anne-Marie David pour le Luxembourg en 1973 avec Tu te reconnaîtras.

Bien entendu, on ne peut passer sous silence le triomphe des Suédois d’Abba en 1974 (Waterloo), je jeu de scène de Brotherhood of Man (Save your Kisses for me en 1976).

La France, encore elle, revint à l’honneur en 1977 avec L’Oiseau et l’Enfant de Marie Myriam... et, depuis lors, la France n’a plus jamais emporté. Par contre, Israêl sortit de la compétition vainqueur deux fois de suite: en 1978 avec Ah-bah-nee-bee d’Izhar Cohen & Alphabeta, et, en 1979, avec Hallelujah de Chalav Udvash. L’Irlandais Johnny Logan fut un autre grand vainqueur avec What’s another year en 1980... et avec Hold me now en 1987.

En 1981, les sautillants Buckz Fizz britanniques l’emportèrent avec Making your mind up. On en reviendra à une approche plus sérieuse en 1982 avec le pacifiste Ein bisschen frieden de l’Allemande Nicole. C’est de nouveau sous les couleurs du Luxembourg qu’une Française, Corinne Hermès, imposera ses trémolos en 1983 avec Si la Vie est Cadeau. Tous les Belges - et particulièrement les Italiens de Belgique - ont évidemment en mémoire la victoire de leur Sandra Kim en 1986 avec J’aime la Vie.

En 1988 déboulait la tornade canado-suisse Céline Dion (Ne partez pas sans moi) affublée d’une robe-tutu étonnante. En 1990, le grand Toto Cutugno ramenait le trophée en Italie avec Insieme. Succédant à Abba, la jeune Carola ravissait en 1991 avec Fangad av en stormvind. Les années suivantes n’ont pas laissé de grands souvenirs avant que Katrina & The Waves - célèbre pour Walking on Sunshine - participent avec Love shine a Light (1997). L’année 1998 fut celle de la victoire du transexuel israélien Dana International, interprète coloré de Diva. En 2004, l’Ukrainienne Uslana Lyzhichko et ses Wild Dances devait inaugurer la vogue des chanteuses "sauvages" sur fond de tambours. Après l’intermède grec d’Helena Paparizou (My number one) le plateau de l’Eurovision fut envahi par une horde venue du nord, les Finlandais de Lordi, créatures échappées de l’enfer clamant leur Hard Rock Hallelujah.

Ils n'ont pas gagné mais...

Et puis il y a les coups de coeur. Ceux qui n'ont pas été consacrés par le concours mais ont fait ou font une très belle carrière.

Si le nom de Domenico Modugno n’est pas sur toutes les lèvres, il n’en est pas de même de son célèbre Volare qui se classa 3e en 1958. En 1963, des chanteurs aussi talentueux qu’Alain Barrière (pour la France) Françoise Hardy (Monaco) ou Nana Mouskouri (Luxembourg) ne purent remporter la palme. Idem en 1964 pour Hugues Aufray qui présentait Dès que le Printemps revient pour le Luxembourg. Guy Mardel (N’avoue jamais) s’est fait battre par sa compatriote France Gall. Un Cliff Richard a toujours été bien classé mais pas à la 1re place avec Congratulations (1968, 2e) et Power to all our Friends (1973, 3e).

En 1970, alors que la Belgique était représentée par Jean Vallet (une excellente 2e place), le Luxembourg par David Alexander Winter (le papa d’Ophélie), le jeune Julio Iglesias chantait pour l’Espagne. Insuccès également pour le Suisse Patrick Juvet en 1973 avec Je vais me marier Marie. Olivia Newton John eut la mauvaise idée de se présenter en 1974, l’année d’Abba. En 1976, c’est le regretté Pierre Rapsat qui tenta l’Eurovision pour la Belgique (Judy et Cie). Echec en 1978 pour le trio italien Ricchi E Poveri.

Kitchissime

Et puis il y a ceux que l’on a remarqué lors de leur prestation. Souvez-vous des représentants des Pays-Bas, Mouth and McNeal en 19 en pleine période hippie ou du look des Belges Nicole & Hugo en 1973 (1re séquence en bas d'article)? Que dire du Papa Pingouin de Sophie et Magali (Luxembourg) en 1980? Du très décalé Eurovision des Belges de Telex la même année? Ou plus tard (2000) du quasi-rap d’un Stefan Raab et de l’arrivée de l’Indien suédois Roger Pontare. Et, en 2003, des pseudo-lesbiennes russes de Tatu et surtout des Belges d’Urban Trad avec leur Sanomi en langue inventée.

Bref, parfois contesté, l'Eurovision Song... Contest a encore de beaux jours devant elle. Et nous serons encore quelques centaines de millions, à sourire, ricaner, parier... devant notre poste de télévision le soir de la finale!

En 2010

Les spectateurs ont assisté au triomphe de la jeune allemande Lena (Satellite). Le belge Tom Dice (Me and my guitar) a fait plus que bonne figure; il a même figuré un temps tout en haut du classement avant de finir à une très belle 6e place. Une nouvelle fois, on a assisté à des votes très "ethniques" (Chypre-Grèce, Roumanie-Moldavie,...).

  • Eurovision Song Contest :
    www.eurovision.tv
    (avec vidéos en ligne des candidats)
  • Eurovision-fr.net :
    www.eurovision-fr.net

Philippe Allard
 









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