Comment les Belges emploient-ils leur temps?

La Direction générale Statistique et Information économique du SPF Economie avait réalisé une enquête sur l’emploi du temps en Belgique. 6.400 Belges de 12 ans et plus, appartenant à 3.474 ménages, avaient noté pendant 2 jours leur emploi du temps détaillé dans un journal. Voici que paraît en 2008 l’analyse de ces données… de 2005. Qui nous permet d’apprendre que le Belge dort beaucoup !


Une enquête similaire sur l’emploi du temps avait été réalisée en 1999. Les données 2005 sont aussi comparables aux données recueillies 9 ans auparavant. Ce qui permet d’analyser certaines tendances à long terme.

Cette enquête belge sur l’emploi du temps est directement liée à l’enquête sur le budget des ménages. Tous les ménages participant à l’enquête sur l’emploi du temps ont également relevé pendant un mois le détail de leurs dépenses et de leurs revenus. D’où une image très détaillée de la relation entre le temps et l’argent.

Le temps des Belges

Dormir et se reposer est de loin l’activité à laquelle les Belges âgés de 12 ans et plus consacrent le plus de temps. Plus de 63 heures par semaine, soit plus de 9 heures par jour et 37% du temps total disponible, sont passées au lit. 47% du temps utilisé est du temps "reproductif", dédié à des activités directement liées non à la reproduction mais à la
reconstitution de notre corps : dormir et se reposer, soins personnels, manger et boire. C’est le double du temps productif.

Si nous considérons le travail rémunéré, les tâches ménagères, les soins aux enfants et l’éducation et l’instruction comme du temps productif, alors les Belges sont productifs en moyenne pendant 38h55, soit moins du quart du temps disponible.

En moyenne, 17,2% de la semaine, soit 28h56, sont consacrés à des activités de loisirs. C’est plus que pour le travail rémunéré. La majorité du temps libre est passé devant la télévision. En moyenne, les Belges regardent la télévision pendant 16h52, soit près de 2,5 heures par jour. C’est plus de la moitié du temps disponible chaque jour pour les loisirs (4h08).

La participation sociale nous prend plus de 10 heures par semaine. La grande majorité de ce temps – plus de 9 heures par semaine – va aux contacts sociaux : simplement discuter, téléphoner, rendre visite ou recevoir de la visite, les fêtes,…

Si l’on regroupe la participation sociale et les loisirs sous le vocable temps récréatif, on constate que les Belges consacrent près d’un quart de notre temps (23,6%) aux activités récréatives. C’est autant que le temps productif (23,3%).

Les Belges se déplacent pendant près de 10 heures par semaine, soit près d’1h30 par jour. Nous nous déplaçons surtout pour nos loisirs (3h51). Viennent ensuite les déplacements de et vers le travail (1h57) et les déplacements pour le ménage (1h42).

Hommes et femmes : des différences, si !

Les différences de modèles d’emploi du temps et de répartition des tâches entre les hommes et les femmes restent frappantes. Les femmes âgées entre 19 et 65 ans consacrent en moyenne 10 heures de plus par semaine aux tâches ménagères et près de 2 heures en plus aux soins aux enfants et à l’éducation que les hommes.

La charge de travail totale – qui regroupe le travail rémunéré, les tâches ménagères et les soins aux enfants et l’éducation – des femmes dépasse de 2 heures celle des hommes. La charge de travail hebdomadaire des hommes âgés de 19 à 65 ans s’élève à 40h01, contre 42h08’ pour les femmes.

La répartition traditionnelle des tâches prévaut donc encore clairement. On ne note que peu de changements par rapport à 1999. La différence de charge de travail entre hommes et femmes a plutôt légèrement augmenté.

On peut comparer avec les données de 1966. A cette époque, la répartition des tâches entre les hommes et les femmes était plus tranchée encore. Les hommes âgés de 19 à 65 ans travaillaient en moyenne 43h48 contre 16h20 de travail rémunéré pour les femmes. En 2005, les hommes consacrent beaucoup moins de temps au travail rémunéré (25h02) et les femmes quasi autant (15h27’). Si, depuis 1966, la participation des femmes au monde du travail a sensiblement augmenté, leur temps de travail moyen est resté plus ou moins identique, notamment en raison de la réduction moyenne du temps de travail et la forte proportion de femmes occupées à temps partiel. Par contre, les femmes effectuent moins de tâches ménagères qu’en 1966 (de 34h49 à 23h47). Les hommes, quant à eux, passent plus de temps aux tâches ménagères (de 6h29 à 13h52).

De manière générale, la charge de travail en 2005 est nettement plus faible qu’en 1966. La charge de travail totale – le travail rémunéré, les tâches ménagères ainsi que les soins et l’éducation des enfants - atteignait 54h55 pour les femmes et 51h09 pour les hommes en 1966. En 2005, elle est passée à 42h08 pour les femmes et à 40h01 pour les hommes.

Etant donné leur charge de travail plus élevée, les femmes ont moins de loisirs. Les hommes âgés de 19 à 65 ans ont en moyenne 29 heures de loisirs par semaine, les femmes près de 6hde moins. Si l’on y ajoute la participation sociale (notamment les contacts sociaux et la vie associative), les hommes bénéficient alors de 39h34 de loisirs par semaine et les femmes de 33h56. C’est bien plus qu’en 1966. A l’époque, les hommes consacraient en moyenne 29h10 et les femmes 26h42 aux loisirs et à la participation sociale. Il est cependant évident que la progression des loisirs est plus forte chez les hommes.

Flamands, Wallons et Bruxellois

Une comparaison de l’emploi du temps entre les régions confirme à première vue le cliché du Flamand travailleur. Les Flamands consacrent plus de temps au travail rémunéré, moins de temps aux soins personnels, à manger et à boire et dorment le moins.

Cette comparaison reste toutefois très générale et ne tient par exemple pas compte de la composition de la population. Ainsi, les différences d’emploi du temps entre les régions peuvent être la conséquence des différences d’âge, de niveau d’instruction et de situation d’emploi de la population des 3 régions.

Si l’on met la population des 3 régions sur un pied d’égalité statistique en ce qui concerne le sexe, l’âge, le niveau d’instruction, la situation d’emploi et l’âge du plus jeune enfant, on constate que certaines différences disparaissent. Après correction statistique, la différence de 2h15 entre Flamands et Wallons au niveau du travail rémunéré se réduit à une demi-heure, une différence qui n’est plus statistiquement significative.

Il semble donc qu’il faille nuancer le cliché du Flamand travailleur, la différence s’expliquant plutôt par des différences de composition de la population.

La charge de travail totale (travail rémunéré et non rémunéré) des Flamands (34h46) et des Wallons (34h41) diffère à peine. La charge de travail des Bruxellois est un rien plus faible (33h13), même après correction des caractéristiques démographiques. Les Bruxellois consacrent en effet moins de temps aux tâches ménagères, ce qui est sans doute lié à un espace habitable plus restreint et à une plus grande disponibilité de services dans cette grande ville.

Outre la charge de travail, d’autres différences significatives peuvent être identifiées après correction des caractéristiques démographiques. Même après correction statistique, les Wallons et les Bruxellois consacrent plus de temps aux soins personnels, à manger et à boire et dorment aussi davantage, ce qui correspond à leur réputation de bons vivants.

Une question de rythme

Mais les Belges mènent-ils leurs activités en même temps, au même rythme ? Selon l’étude, nous dormons au même moment, nous nous levons quasi en même temps, nous sommes nombreux à manger simultanément, nous regardons la télévision ou sommes dans le trafic aux mêmes heures.

A 23h, la moitié des Belges sont déjà au lit. A 4h, 98% de la population dort et nous sommes nombreux à nous lever entre 7h et 8h du matin. Même si nous nous couchons environ 1 heure plus tard qu’il y a 40 ans, nous dormons à peine moins. Nous nous levons en effet une heure plus tard.

En 1966, à 21h20, la moitié de la Belgique était devant son écran de télévision et ce pourcentage restait élevé jusque 22 h. Ensuite, une grande partie des Belges allaient au lit et le nombre de téléspectateurs baissait de près de moitié. En 2005, le nombre de téléspectateurs atteint son pic un peu plus tard qu’en 1966 : à 21h30 la moitié des Belges sont occupés à regarder la télévision. A partir de ce moment le nombre de téléspectateurs baisse aussi mais de manière beaucoup plus progressive qu’en 1966 : à 23h, un cinquième des Belges sont encore rivés devant leur téléviseur.

Robert Derumes









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