Françoise Vigot: 'Clic'

Enlacées, serrées, imbriquées, emmêlées, se chevauchant, à l'endroit, à l'envers, debout, couchées, penchées, renversées, soulevées, basculées, deux figures-objets isolées, réunies, l'une bleue, l'autre rouge, duelles et unes. Emboîtement. Clic.


Sur un fond blanc de peinture. Natures mortes personnalisées ou portraits déshumanisés, objets individualisés, humanisés par l'affect qu'ils traduisent, ou figures objectivées, réduites à leur essence la plus mécanique?

Deux figures conçues l'une par rapport à l'autre égrènent donc avec force et sobriété la série ouverte, in the making, de ces petites toiles carrées et numérotées de Françoise Vigot.

Semblables tout en restant distinctes, ces toiles ne se différencient que par les divers combinaisons et emboîtements de ses figures protagonistes qui, elles-mêmes, n'affirment leur altérité (sexuelle? De tempérament?) que par leurs couleurs antagonistes.

Séduction, lutte, accouplement? La peinture, le geste pictural figent L'éternité instantanée, la nudité fragile de ces rencontres intimes.

Le numéro de série identifie et la quantité donne le sens: de la répétition dans la diversité jaillit la valeur métaphorique de ces corps à corps.

Sensuellement

La technique classique d'une peinture de couches et de touches épouse sensuellement la nature même du sujet représenté.

Vigot : "Peindre est un geste d'amour : ressentir très fort son sujet, caresser la toile sans cesse. Donner corps, sinon vie".

Les caresses sont des compliments.
Je suis polie. Je complimente.
Je complimente ma toile.
Je caresse, caresse, encore et encore.
On se regarde beaucoup.
C'est une conversation

Aux côtés de ces saynètes toutes en variations de poses, des toiles plus grandes, beaucoup plus grandes, figurant ces sphères colorées qui servent de têtes aux personnages : des portraits où Vigot, fascinée par l'opacité du volume, et l'infinie variété de vibrations lumineuses qu'il suscite, ressent et transmet l'émotion de sculpter la sphère à coup de touches fragiles.

De la toile que l'on tend à l'oreiller que l'on bourre, on passe à la troisième déclinaison de l'écriture picturale de Clic. Le support, transposition métaphorique idéale des étreintes représentées, est donc ici le coussin (du latin populaire "coxinus", diminutif dérivé de "coxa" : cuisse). Un de ces objets que l"on étreint, prend à bras-le-corps ou entasse à sa guise.

Moelleux et tendre, l"oreiller, sculpture à la fois molle et sensible au toucher, n'en offre pas moins une certaine résistance. Dans les plis et autres coutures qu'il impose à la composition, sa matière vivante découpe, assemble et met en forme.

Vigot : "L'art est un état de rencontre".

Précieux et fragile, son art ressent, réfléchit et réunit : le sujet, le support, la peinture. Avec autant de failles et de plis que de points d'union et de rencontres.

Salle de la Galerie du Botanique.
Du 31 janvier au 9 mars 2003.
Tous les jours sauf le lundi, de 11h à 18h.
Entrée libre. 









© Vivat.be 2020