Koji Suzuki, la terreur en boucle

Les amateurs de mangas savent combien le fantastique imprègne la culture japonaise. Des films, des romans utilisent cette fascination nippone pour les fantômes (Kwaidan eiga). C'est en 1991 que naquit le phénomène "Ring" à partir d'une premier best-seller écrit par Koji Suzuki.


Koji Suzuki né en 1957 à Hamamatsu sur l'île d'Honshu au Japon. Il est diplômé de littérature française. Il se distingue dès la sortie de son premier ouvrage "Amusement Park" qui lui vaut d'être remarqué par la critique nationale. Son roman, "Le Paradis" ("Rakuen", 1990) lui valut le prix de l'imaginaire japonais.

On affirme que Suzuli s'inspira d'un fait divers datant du début du siècle dernier. Deux femmes, Chizuko Ofuna et Sadako Takahashi, auraient été des sujets du professeur Tomokichi Fukuri (1869-1952), enseignant à l'université de Tokyo menant des études de télépathie jusqu'en 1910, année où le discrédit fut jeté sur ses travaux. Chizuko Ofuna se suicida après avoir été accusée de fraude tandis qu'on perdit toute trace de Sadako.

C'est cette Sadako qui hante plus particulièrement les deux premiers tomes de la trilogie, "Ring" ("Ringu") et "Double Hélice" (Rasen). Ce sont des récits de terreur où l'hémoglobine est absente. Tout est dans l'atmosphère morbide, les doutes de personnages très humains et leur quête d'une vérité qui leur échappe. Ici pas de maison maléfique ou de cimetière ensorcelé mais une banale cassette vidéo aux images à la fois déroutantes et terrifiantes, une cassette dont la vision condamne le spectateur à la mort dans les sept jours. Le 3e opus sort du lot puisque la cassette est moins présente remplacée par l'informatique. Comme dans les autres ouvrages, la maladie et la mort sont présents dans un récit où l'auteur utilise un jargon médical et scientifique qui prend ici une allure morbide.

Le phénomène

On peut parler de phénomène "Ring". Le premier ouvrage a été vendu en 3 millions d'exemplaires au Japon. Pocket s'empare du bouquin et le diffuse largement en français, aidé par le succès du film "Ring" de Hideo Nakata (1998), Corbeau d'or au Festival du film fantastique de Bruxelles en 1998.

Ce n'est pourtant pas la première adaptation du roman puisqu'en 1995, Takigawa Chisui réalisait le téléfilm "Ring : Kanzen Ban". Fort de son succès, Nakata récidive en 1999 avec "Ring 2", une suite pourtant sans rapport avec le second volume de la trilogie, contrairement à "Rasen" de Lida Jouji sorti au Japon l'année précédente. En 1999 encore, la TV s'approprie "Ring" avec deux séries : "Ring : The final Chapter" (12 épisodes) et "Rasen" (13 épisodes). En 2000, un autre réalisateur, Tsuruta Norio adapte la nouvelle "Birthday", le prologue (prequel!) de la trilogie, sous le titre "Ring 0". D'autres pays s'y intéressent : le coréen Kim Dong-bin réalise son remake baptisé "The Ring Virus". Puis, c'est au tour des Américains d'adapter et d'occidentaliser le film sous la houlette du réalisateur Gore Verbinski (2002).

Des adaptations manga de Ring ont vu le jour : on en dénombre pas moins de 7 entre 1996 et 2000. Ring fut également adapté en jeu vidéo sur Dreamcast (uniquement au Japon).

Livres, vidéos, DVD et même cet article vont entretenir le phénomère "Ring". Contribueront-ils aussi à propager le virus.

Philippe Allard
    









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