L'interview verte : Steve Carell

À l’image des autres grands comiques (Ben Stiller ou Jim Carrey en tête), Steve Carell ne transforme pas ses entretiens avec la presse en one-man-shows. Et donc, même si l’homme demeurera à jamais le chef de bureau délicieusement pervers et ridicule de «The Office» (version américaine) ou l’innocent le plus célèbre du septième art («40 ans, toujours puceau»), au civil, il se montre très concerné par l’actualité au sens large.


Notre rencontre se tient d’ailleurs à New York en juillet dernier, la Grosse Pomme est alors baignée dans une gigantesque vague de chaleur (près de 40 degrés par moments)… Et il attaque d’ailleurs directement sur le sujet…

«Et dire que voilà vingt ans, on se disait «Chouette, avec le réchauffement climatique, il fera beau tout le temps.» Alors que nous faisions fondre les glaces et tuions l’écosystème presque sans le savoir.»

Vivat - Vous avez l’air de vous en vouloir…

Steve Carell - Comment ne pas tous nous sentir un peu responsables? Nous avons consommé des produits bourrés de substances nocives, jeté des tonnes d’emballages sans nous soucier de leur recyclage, pris l’avion ou la voiture pour un oui ou pour un non. Et comme j’ai fait comme tout le monde, je porte évidemment ma part de responsabilité. Par exemple, avant de me lancer comme acteur, j’ai eu divers petits jobs, j’ai notamment distribué du courrier près de chez mes parents, dans le Massachussets. Pour ce faire, on utilisait nos propres véhicules, sans se soucier le moins du monde de les régler de la meilleure manière possible pour qu’ils ne rejettent pas trop de CO2. Aujourd’hui, j’habite à Los Angeles, une ville où les piétons sont considérés comme suspects tant la voiture y est devenue indispensable. Les distances entre les quartiers résidentiels et les centres commerciaux sont tellement grandes, et le réseau de transports en commun tellement calamiteux, que nous utilisons notre auto même pour aller acheter du pain. C’est dingue, quand on y pense!

Et que faites-vous pour éviter ces travers?

Steve Carell - Acheter tout mon pain de la semaine en une seule fois. (rires) Plus sérieusement, je suis devenu un obsédé de la diminution du volume de déchets. La taille de l’emballage d’un produit peut désormais me faire éviter d’acheter le produit en question. En tant que consommateurs, nous avons un moyen de pression sur les entreprises qui continuent à utiliser le plastique de façon massive: notre portefeuille! Si nous n’achetons plus certains de leurs aliments, croyez-moi, ils vont finir par changer leur fusil d’épaule.

C’est donc l’argent plutôt qu’un logique instinct de survie qui peut changer la donne?

Steve Carell - Même si je le déplore, je le crains! L’être humain est la seule espèce familiale qui s’autodétruit au travers des guerres. Ou se fait consciemment souffrir. Vous avez déjà entendu parler de cas de torture au sein d’une tribu de fourmis, vous? Nous pensons à court terme, c’est comme ça. En d’autres termes, la perspective de voir un chiffre de vente chuter demain a plus d’impact que celle, plus ou moins abstraite, de voir nos arrières petits-enfants crever de chaud.

Propos receuillis par Frédéric Vandecasserie

Steve Carell sera à l’affiche de «Crazy, Stupid, Love» (en salles le 21/9)









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