L'effet Coolidge

Beaucoup fronceront les sourcils à la lecture de ce terme. Il est utilisé en biologie surtout par les Américains et se réfère au président américain Calvin Coolidge. Le terme porte sur un phénomène du monde animal où l'on a constaté que chez certaines espèces, la pulsion sexuelle des mâles augmente avec la conquête de nouvelles partenaires. Le penchant des hommes à se comporter de la sorte trouve donc un début d'explication biologique.


L'effet doit son nom à Calvin Coolidge, président des États-Unis entre 1923 et 1929, et plus précisément à une anecdote le concernant. L'histoire raconte que le couple Coolidge était en visite, durant son mandat, dans une ferme modèle du gouvernement. Pendant que le président visitait une autre partie de la ferme, la première Dame visitait le poulailler. Le fermier lui expliquait que le coq copulait toute la journée, et des dizaines de fois par jour. Là-dessus, la First Lady lui aurait dit : "Racontez donc cela au Président".

Après avoir à son tour été informé sur les habitudes sexuelles du coq, le président aurait répliqué : "Toujours avec les mêmes poules ?". Bien entendu, l'agriculteur démentit puisque le coq s'occupe de tout le poulailler. Le président aurait alors répondu : "Racontez donc cela à mon épouse".

Définition de l'Effet Coolige

L'effet Coolidge est le nom qui a été donné à la découverte (validée en 1974) en biologie qui explique le phénomène de meilleures performances sexuelles répétées d'un mâle lorsque de nouvelles partenaires sont disponibles alors qu'elle tenterait à diminuer lorsque ce mâle reste avec la même partenaire. Ceci est valable chez quasi tous les mammifères et dû à augmentation du niveau de dopamine en présence de multiple partenaire. Ce phénomène a été constaté chez les femelles également mais de manière nettement moins prononcée.

En résumé, changer de partenaire régulièrement ne semble pas affecter significativement le temps d'éjaculation, contrairement à avoir une relation sexuelle répétée avec la même personne, où le temps d'éjaculation peut augmenter considérablement, passant de 2 minutes à 17 minutes après la cinquième fois.

Rats ardents, l'Effet Coolidge en laboratoire

Authentique ou non, cette anecdote a en tout cas tourné et a donné ultérieurement le nom "effet Coolidge" à ce phénomène du monde animal. On a notamment constaté que chez certaines espèces, lorsque le mâle vient de coïter, son comportement sexuel change et il est à nouveau prêt immédiatement à de nouveaux ébats si on introduit une nouvelle femelle réceptive.

La recherche sur des rats de laboratoire a confirmé cette hypothèse. Quand un mâle est mis en présence d'une femelle, ils commencent très vite à copuler intensément et plusieurs fois. Après un petit moment, le mâle devient attentif envers la femelle et son comportement sexuel diminue pour tomber presque à zéro. Si l'on introduit une nouvelle femelle, tout le cycle recommence : la pulsion sexuelle intense du début qui diminue progressivement. Les rats masculins ont reproduit ce schéma chaque fois qu'une nouvelle femelle était introduite.

Les personnes qui connaissent le monde de l'élevage reconnaîtront également bien ce phénomène. Quand un agriculteur constate qu'un taureau n'est pas prêt à couvrir une vache, il sait qu'il peut immédiatement provoquer son excitation en lui présentant une nouvelle vache.

Sans entrer dans les explications scientifiques, on a constaté que l'expérience des rats se confirmait avec d'autres espèces animales. Un animal mâle paraît donc excité au plus haut point lorsqu'il est mis en présence de "nouveauté".

L'homme et sa pulsion sexuelle primitive

Cela vaut donc aussi pour l'homme. Les processus de l'évolution qui se sont déroulés sur des milliers d'années déterminent en partie nos comportements actuels et donc aussi notre comportement sexuel. La biologie comportementale étudie cela et un climat de controverse règne autour de cette discipline. Tout le monde n'est pas d'accord avec certaines découvertes et certains scientifiques se contredisent. Il en va de même sur les théories, qui doivent être aussi plausibles que possible. Il y a des faits ou des situations que l'on observe et pour lesquels on cherche la cause. Une critique importante de la biologie comportementale est que certaines théories ramènent toujours le but du sexe à la reproduction et à la transmission de matériel génétique. Sans entrer dans la polémique, nous nous limiterons à parler du sexe ayant pour but la reproduction.

Dans le domaine de la différence entre les sexes, on peut aussi se poser beaucoup de questions. Comment se fait-il par exemple que les hommes commettent plus de meurtres que les femmes ou encore... comment se fait-il que les hommes aient davantage tendance à l'adultère que les femmes ? L'une des causes les plus importantes, c'est que les hommes sont déterminés biologiquement. Nous ne jugerons pas ici de la moralité de ce comportement. C'est par exemple déjà très intéressant de savoir si ces processus, qui avaient pour but la préservation et la continuité de l'humanité dans le monde préhistorique dur et incertain, sont encore valables pour notre époque. Mais de tels comportements programmés et déterminés ne se laissent pas effacer dans le temps. On va donc simplement observer les différences fondamentales entre les hommes et les femmes en ce qui concerne leur attitude face au sexe et à leur perception de sexualité.

L'effet Coolidge tiendrait ses sources dans l'histoire de la vie

À la base, il existe une opposition : les femmes sont toujours fécondées et savent également toujours que l'enfant qui naîtra est d'elles. Les hommes, par contre, se trouvent en compétition permanente avec leurs congénères pour l'accès aux femmes, courent le risque de ne pas pouvoir se reproduire et ne peuvent jamais être certains à 100% qu'un enfant est d'eux. C'était du moins le cas autrefois, puisque actuellement, il est possible de faire un simple test d'ADN, mais alors, le facteur psychologique joue un rôle : en demandant un test, l'homme fait comprendre à sa femme qu'il ne lui fait pas confiance, avec toutes les conséquences que cela peut entraîner sur leur couple. Les recherches ont d'ailleurs montré qu'un nombre non négligeable d'enfants nés au sein d'un mariage auraient été engendrés par un autre homme. Tous ces facteurs de risque ont fait qu'au cours de l'évolution, nos ancêtres masculins ont développé tout un tas de stratégies afin d'assurer une chance à leur matériel génétique d'être transmis. Faire l'amour avec le plus grand nombre possible de partenaires augmente leurs chances. Une attirance accrue pour la "nouveauté" en est donc la conséquence chez l'homme.

Les femmes enceintes doivent, durant 9 mois, dépenser beaucoup d'énergie dans le développement du foetus. Les femmes émancipées en frémissent rien qu'à l'idée, mais pendant des milliers d'années, la femme a eu besoin d'un homme pour s'occuper d'elle et de ses enfants. De plus, les femmes ne peuvent accoucher que d'un nombre limité d'enfants. Dans les périodes de troubles où l'espérance de vie était faible, la femme a donc dû veiller à trouver un homme pour augmenter les chances de survie de ses enfants. Les femmes ont donc développé d'autres processus et comportements sexuels, qui visaient principalement à trouver un partenaire idéal, par opposition à l'homme qui voulait féconder le plus de partenaires possible.

Bien que beaucoup de ces processus nous paraissent aujourd'hui barbares et inutiles, nous ne pouvons pas nier qu'ils existent toujours. Nous ne savons pas exactement comment ces processus sont apparus. Cela reste en grande partie de la théorie, mais le big-bang et la théorie de l'évolution sont également des théories qui sont pourtant généralement bien acceptées.

Paul Willems

 









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