La construction durable, une philosophie, un calcul

Conséquence de la croissance continue des prix de l’immobilier: construire coûte incontestablement de plus en plus cher. Le budget disponible pour les travaux de transformation ou de construction est souvent insuffisant. Faut-il " construire durable " ? Par souci environnementaliste ou parce que le logement peut devenir ainsi bien moins cher.


Dès le plan 

L’économie commence dès la conception du plan. Les interventions que vous y faites pour maîtriser votre consommation d’énergie ne vous coûtent rien. Au contraire, elles ne feront que vous faire gagner de l’argent par la suite.

La meilleure mesure à prendre est de réaliser une construction compacte. Non seulement le logement compact est moins cher en construction – puisque vous devez construire moins de mètres carrés de façade extérieure –, mais il est également très intéressant en termes de consommation d’énergie car la surface de déperdition est moins importante. Pour éviter tout malentendu : une construction compacte ne signifie pas une petite construction, mais une construction qui englobe le volume le plus grand pour la plus petite façade.

De plus, pendant l’élaboration du plan, vous pouvez veiller à grouper les espaces chauds et froids et à arranger au mieux le métrage. Voici autant d’interventions gratuites qui réduiront votre consommation d’énergie par la suite.

La peau de la construction

L’étape suivante est le revêtement de la construction, soit la ‘peau’ du logement. Veillez à ce que les sols, les murs et les toitures soient bien isolés, aérés et hermétiques. Ces mesures nécessitent toutefois un investissement, minime dans le budget de la construction. Par ailleurs, une construction hermétique est uniquement une question de détails d’exécution. Veillez donc à ce que la jonction des différents matériaux soit effectuée avec soin.

Le principal élément reste l’isolation. La norme belge prescrit une valeur K (c’est-à-dire la valeur d’isolation globale d’un bâtiment) de 45. Mais le surcoût nécessaire pour réaliser une isolation plus épaisse de 5 cm s’élève de 10 à 12 euros dans le remboursement mensuel du prêt. Il s’agit d’un montant insignifiant. Surtout si vous pouvez épargner de 20 à 25 euros sur les frais de chauffage grâce à cet investissement. Après le paiement du remboursement hypothécaire, vous mettez donc de 10 à 15 euros en poche chaque mois pour la durée du prêt. De plus, vous disposez d’une assurance gratuite contre l’augmentation des prix de l’énergie.

Une bonne isolation implique une aération fréquente pour garder une qualité de l’air saine.

Le chauffage parcimonieux

Après la construction ou la rénovation, vous pouvez encore réaliser des économies dans les installations techniques et les appareils : quand c’est possible, travaillez avec des ampoules économiques et choisissez des appareils à faible consommation. Toutefois, le plus grand impact dépendra du choix de l’installation de chauffage.

En Belgique, le chauffage reste nécessaire pour vivre confortablement. Choisissez consciencieusement votre installation et essayez de travailler avec la température la plus basse. Pour ce faire, vous pouvez opter pour des poêles – qui peuvent actuellement réchauffer un réseau de radiateurs –, une chaudière ou une pompe à chaleur.

Les chaudières et les pompes à chaleur modernes travaillent déjà avec de faibles températures d’eau et atteignent ainsi un meilleur rendement que les anciennes chaudières. Elles peuvent éventuellement être complétées par un chauffe-eau solaire pour la production d’eau chaude pendant les journées ensoleillées.

Plus vous accordez d’attention à la gestion énergétique, plus les prix de ces techniques à faible consommation seront bas. La meilleure preuve en est la chaudière à condensation. Il y a 5 ans, elle coûtait encore 1.500 euros de plus qu’une chaudière à haut rendement, avec une part de marché d’à peine 5%. Actuellement, elle ne coûte que 500 euros de plus et occupe plus de 80% du marché.

Par ailleurs, si vous travaillez avec une chaudière à condensation, vous épargnez de  15 à 16 euros par mois sur les frais de chauffage par rapport à une chaudière à haut rendement.

L’énergie renouvelable

Tout le monde sait que les réserves de combustibles fossiles – le mazout et le gaz naturel – que nous utilisons de nos jours sont limitées. Certains spécialistes affirment d’ailleurs que les logements que nous construisons ou transformons aujourd’hui assisteront à la fin de la période fossile. En outre, la combustion de ces combustibles est responsable d’émissions de gaz à effet de serre, le CO2, que nous essayons de réduire dans le cadre de l’accord de Kyoto.

Ceux qui veulent anticiper ce phénomène peuvent opter pour l’énergie verte ou renouvelable. Actuellement, la solution la plus évidente consiste à installer des panneaux solaires ou une pompe à chaleur. Cette dernière connaît un grand succès. Elle peut récupérer la chaleur de l’air, de la terre ou de la nappe phréatique pour réchauffer le logement, voire produire de l’eau chaude. Des innovations intéressantes sont proposées cette année à Batibouw. Il est désormais possible d’associer une pompe à chaleur à un chauffe-eau solaire ou à un poêle.

Des sources d’énergie renouvelables comme le bois, sous forme de pellets par exemple, ou le biodiesel constituent des solutions alternatives.
Ceux qui ne veulent pas investir dans ce type de techniques, mais néanmoins y contribuer, peuvent choisir l’électricité verte,  produite de manière écologique (cfr

www.vreg.be
).

Une attention obligatoire pour l’énergie

Depuis peu, certaines autorités régionales poussent à construire et à transformer nos habitations de manière écologique. En effet, la règlementation en matière de performances énergétiques et de climat intérieur est d’application en Flandre et en Wallonie. Celle-ci impose certaines mesures en termes de performances énergétiques et de ventilation du logement. Dans les deux parties du pays, nous devons désormais atteindre un niveau E (c’est-à-dire le niveau de la consommation d’énergie.primaire) de 100. Il est prévu que ce niveau E devienne de plus en plus strict au fil du temps. 

Cependant, les autorités n’imposent pas uniquement des mesures énergétiques pour les travaux de construction. En effet, depuis 2008, tout logement vendu en Flandre doit disposer d’un certificat de prestations énergétiques. Dressé par un spécialiste de l’énergie, celui-ci indique la consommation énergétique du logement. Il a pour but de donner une idée claire aux candidats acheteurs des frais énergétiques liés au logement. Par conséquent, une maison qui consomme plus d’énergie pourrait perdre de la valeur pour un candidat acheteur par rapport à une maison qui consomme moins car il sait qu’il s’expose à des investissements supplémentaires ou à une facture d’énergie plus élevée.

Une radiographie de votre logement

Vous pouvez aussi réaliser des économies d’énergie et donc d’argent dans un logement existant. La mesure la plus évidente est d’investir dans l’isolation de la toiture ou l’isolation dans les murs creux. Dans une maison moyenne, 20% de l’énergie disparait dans la toiture. Néanmoins, il est assez facile d’isoler les combles en pente d’un logement existant.

Mais vous pouvez également économiser de l’énergie à d’autres niveaux. Vous les découvrirez très simplement grâce à un audit énergétique. Des études montrent qu’un audit permettrait de réaliser en moyenne une économie d’énergie de 32%. Vous pouvez donc réduire vos frais énergétiques actuels d’un tiers en appliquant les propositions faites par l’auditeur dans son rapport final.

Investissement vaut économie

Une décision visant à réduire la consommation d’énergie nécessite généralement un investissement. N’hésitez pas à le faire, voire à emprunter pour ce type de mesures. Il vous suffit de faire le compte. Calculez les frais d’eau potable, d’électricité et de gaz naturel et comparez-les à l’économie que vous pouvez réaliser grâce à de tels investissements. Généralement, vous constaterez que vous pouvez rembourser plus chaque mois. Et une fois que l’emprunt est remboursé, vous ferez des bénéfices.

De nombreuses banques répondent déjà à cette évolution en proposant des prêts hypothécaires plus avantageux ou même des prêts à tempérament pour prendre des mesures visant à réduire la consommation d’énergie.

Le jeu du marché

Les autorités et les gestionnaires de réseau encouragent également de nombreuses mesures d’économie d’énergie avec des primes et des avantages fiscaux. Les primes ont surtout pour but de lancer de nouvelles techniques ou systèmes, mais elles allègent sensiblement l’investissement du consommateur.

La prime est annulée une fois que la mesure subventionnée connait un succès satisfaisant. La preuve en est la prime pour le placement de vitres à haut rendement. La conséquence de l’annulation de la prime a été une chute du prix de ce type de vitrage.Le jeu de l’offre et de la demande est également un catalyseur pour les prix.  

Une vision à long terme

Le coût de la construction ou de la transformation ne peut pas uniquement être évalué en fonction de l’investissement initial. Les frais d’utilisation et d’entretien, ainsi que les frais éventuels de traitement après la démolition, doivent également être pris en compte. Certains matériaux peuvent être moins chers à l’achat, mais plus coûteux en consommation ou en entretien, ce qui pousse le coût total à la hausse par rapport à un matériau ou à une technique dont l’investissement initial est plus élevé.

Le monde de la construction d’industries et de bureaux l’a déjà compris. Par conséquent, on voit apparaître des formules de construction où l’architecte, le bureau d’étude et l’entrepreneur collaborent dès le début du projet pour maîtriser les frais. Généralement, ces parties assurent également l’entretien du bâtiment après la réalisation, c’est pourquoi elles veillent aussi aux frais d’utilisation et d’entretien. En sachant que le secteur de la construction de logements particuliers a appliqué plus d’une fois les enseignements de ces secteurs du marché, nous pouvons tirer des leçons de ces nouvelles manières d’envisager la construction.

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  • Batibouw, édition 2008

Robert Derumes

            









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